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Le CELI de Patrick Gérard Quenum: doser les pays émergents

Jean Décary|Édition de la mi‑juin 2024

Le CELI de Patrick Gérard Quenum: doser les pays émergents

Le candidat à la profession d’ingénieur de 44 ans a vite appris que l’épargne était une condition «sine qua non» pour vivre décemment. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Au Bénin, son pays d’origine, ce candidat à la profession d’ingénieur de 44 ans a vite appris que l’épargne était une condition « sine qua non » pour vivre décemment, voire pour améliorer sa qualité de vie. « Là-bas, il n’y pas de filet social, tout est payant, tout le monde met de l’argent de côté au cas où des problèmes surviennent. On fait même de l’épargne collective. » Pour venir au Québec comme travailleur qualifié, il a dû de surcroît montrer dans son dossier qu’il pouvait compter sur un petit coussin financier. « J’ai conservé à ce jour ces réflexes d’épargne. » 

C’est dans la capitale nationale, à Québec, qu’il s’installe avec des membres de sa famille il y a plus d’une dizaine d’années. Il va y faire des études en génie civil à l’Université du Québec à Chicoutimi.  

En attente de devenir officiellement ingénieur, il travaille déjà dans le milieu, notamment dans le contrôle de qualité de la formulation du béton. « Je m’estime chanceux, le salaire est bon et il y a des occasions d’avancement. » 

Au détour de conversations avec son beau-frère, il se met à s’intéresser à l’investissement. « On ne savait pas comment s’y prendre pour investir à la Bourse. » Un cours en ligne va lui donner une base qu’il va compléter avec la lecture de livres, comme celui de Morgan Housel, La psychologie de l’argent ou Elle investit de Karman Kong. « En 2021, j’ai finalement ouvert un compte de courtage chez WealthSimple, où j’ai pu commencer à acheter mes premiers titres. » 

Bien campé sur ses positions, l’investisseur n’a rien vendu de ce qu’il a acheté depuis trois ans, pour l’essentiel des fonds négociés en Bourse qui ciblent plusieurs secteurs d’activités et diverses régions du monde, dont la Chine et l’Inde. « Tout ce que j’ai acheté se retrouve encore dans mon CELI. » Son seul mauvais coup comme investisseur, à ses yeux, est de ne pas avoir commencé plus tôt. « C’est comme ça, j’ai dû me concentrer sur mon processus d’immigration et mes études. En revanche, mon meilleur coup, c’est celui de m’être installé ici, au Québec. » Dernièrement, il a commencé à ajouter des titres individuels qui versent des dividendes. « J’aimerais que ces dividendes épisodiques m’aident à gonfler mes positions dans mes FNB. » 

Il dit que ses placements dans son CELI sont à long terme. Il est conscient qu’il a un peu de retard à rattraper, mais soutient que son but n’est pas de prendre une retraite hâtive. « Je ne suis pas de cette école de pensée. Je veux surtout accumuler des actifs pour acquérir une certaine indépendance financière, que ce soit à l’égard des banques ou du concessionnaire auto. » Aux investisseurs qui songent à se lancer de façon autodidacte, il leur recommande de bien se renseigner et de comprendre ce dans quoi ils s’aventurent. « Une fois lancé, il faut faire fi du bruit ambiant, de ce qu’on peut lire ou entendre dans les médias. Mieux vaut rester calme et laisser le temps faire son œuvre. » 

 

Dans l’œil du pro

Gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, chez IA gestion privée de patrimoine, Simon Houle observe qu’il est important, voire essentiel qu’un investisseur cherche à améliorer sa littératie financière avant de faire ses premiers pas en Bourse. « C’est ce qu’il a fait grâce à la lecture et cela ne peut que se refléter positivement sur sa santé financière future. » 

Comme l’investisseur avoue avoir un peu de retard à rattraper, le professionnel met son chapeau de planificateur financier pour lui recommander de s’assurer de bien établir son plan. « Une projection pourrait aussi lui donner l’heure juste et le rassurer s’il est inquiet. » 

Le gestionnaire considère la portion en actions plutôt élevée. « Ça se défend, mais cela dépend de son profil d’investisseur. » Il se demande pourquoi la portion de 10% en obligations a une échéance à court terme. Il est d’avis que des obligations à plus long terme pourraient offrir un meilleur rendement et une plus grande augmentation de la valeur au moment des baisses de taux à venir.  

Simon Houle reste dans l’ensemble dubitatif devant la répartition d’actifs du CELI. « Il y a comme un vice de construction, comme s’il manquait un plan dans la répartition d’actifs. » Selon lui, plusieurs FNB ont une exposition similaire dans le S&P 500 ou le Nasdaq. « C’est un peu bonnet blanc, blanc bonnet. S’il désire faire une gestion passive à l’aide de FNB, il est préférable de déterminer la répartition d’actifs en amont pour ensuite acheter les FNB qui vont la respecter. »  

Il trouve l’exposition du portefeuille aux pays émergents importante, avec près de 25%. « Est-ce que c’est fait à dessein? Pour un profil croissance maximale (100% actions), 10%, c’est déjà beaucoup. » Il est aussi d’avis que l’exposition aux titres individuels dont le poids additionné excède tout juste 1% est inutile. « C’est négligeable, ça pollue le portefeuille et ça complique le rééquilibrage. »