Marie-Ève Chamberland, fondatrice d'Un Cadeau du ciel (Photo: Stevens LeBlanc)
La pandémie de COVID-19 a bouleversé la vie de bien des gens et elle a aussi forcé l’entreprise en démarrage Un Cadeau du ciel à changer de cible.
Ayant remporté le prix coup de coeur du public au Défi Start-up Les Affaires 2020, cette jeune pousse, qui offre un service de messages d’outre-tombe aux proches de défunts, s’est réorientée durant la crise. À l’origine, elle misait sur les entreprises (B2B), comme les salons funéraires, les notaires et les assureurs, au lieu d’aller directement vers les consommateurs (B2C).
«Le modèle d’affaires B2B a glissé vers le B2C en raison de la pandémie, a expliqué la fondatrice, Marie-Ève Chamberland, en entrevue téléphonique. Le domaine funéraire, les notaires et les assureurs ont vu leur charge de travail augmenter. Ils sont débordés. Pour la majorité de ces partenaires, ce n’était pas intéressant d’ajouter un nouveau service durant la crise. Ils n’avaient pas la tête à ça.»
Évidemment, l’entreprise mise toujours sur le B2B pour croître.
La mort à l’avant-plan
Parallèlement, la pandémie a mis de l’avant toute la question de la mort, qui est au cœur de la mission d’Un Cadeau du ciel. Cette entreprise veut humaniser ce processus en donnant la chance aux gens de planifier des messages écrits, audio, vidéo et même en réalité virtuelle qui seront envoyés à leurs proches après leur décès.
«La COVID-19 a fait prendre conscience que la fin de vie peut arriver en tout temps. Maintenant, quand on parle de fin de vie et de l’importance de prévoir nos derniers messages, les gens comprennent», a souligné Marie-Ève Chamberland.
Les histoires de patients mourant seuls à l’hôpital de la COVID-19 sans pouvoir dire au revoir à leur famille ont certainement donné un coup de pouce à son entreprise.
«Au-delà de l’impact positif sur notre croissance, c’est l’impact positif que cela a eu dans l’esprit des gens. La crise a enlevé le concept tabou de la mort. L’importance d’être proactif pour la fin de vie a progressé», a précisé la dirigeante.
En somme, les effets ravageurs du coronavirus ont favorisé Un Cadeau du ciel. «Les gens sont maintenant plus conscients de l’importance d’un service comme le nôtre», a dit la chef de l’entreprise qui offre donc directement ses services au public grâce à son site web.
Ses succès au Défi Start-up Les Affaires, ainsi qu’à l’émission Dans l’œil du Dragon, à Radio-Canada, ont eu l’effet d’un vent de dos pour l’entreprise. «Cela nous a mis rapidement sur la carte», a déclaré Mme Chamberland.
Un bon partenaire
Depuis un an, Un Cadeau du ciel a renforcé son partenariat entamé en 2019 avec le distributeur de services funéraires Victoriaville & Co.
«On a remanié plusieurs choses en interne. De nombreuses tâches que je faisais ont été intégrées avec les services de marketing ou de comptabilité de Victoriaville & Co. Ce sont des ressources partagées, même si mon entreprise reste indépendante», a expliqué la femme d’affaires.
«Avant, c’était une gestion plus artisanale. Maintenant, on est plus prêts pour la croissance. Les investisseurs que j’avais à mes côtés sont plus présents. On a maximisé les forces et les talents de chacun», a-t-elle ajouté.
La crise sanitaire a retardé ses ambitions de s’étendre hors du Québec avec le réseau de distribution international de Victoriaville & Co et par des ententes avec d’autres entreprises du monde funéraire et des industries connexes comme l’assurance.
«Avant la COVID, on visait 2021-2022, mais avec la situation actuelle, c’est plus difficile à prédire. Je dirais d’ici cinq ans», a mentionné Marie-Ève Chamberland.
«Il faut présentement travailler notre optimisation et notre efficacité, mais on le fait dans un mode pour être prêt pour l’exportation. Le reste du Canada, c’est notre prochaine étape, mais on a encore un super grand terrain de jeu au Québec.»