Selon O'Toole, la division du vote conservateur ne peut qu’aider le chef des libéraux à se faire réélire. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — Ça y est, les dés sont jetés: dans son ultime message aux électeurs avant le scrutin, le chef conservateur Erin O’Toole les a incités à aller déposer leur bulletin dans l’urne, en prenant garde de ne pas diviser le vote en appuyant le Parti populaire du Canada (PPC).
Selon lui, la division du vote conservateur ne peut qu’aider le chef des libéraux — avec lequel il est au coude-à-coude dans les intentions de vote — à se faire réélire.
«Justin Trudeau veut que vous restiez à la maison demain (lundi). Justin Trudeau veut que vous divisiez le vote en votant pour le PPC», a-t-il soutenu lors de son dernier événement de campagne électorale à Toronto, dimanche soir.
Mais il n’y a qu’une seule façon d’obtenir du changement et de «montrer la porte» au chef libéral, dit-il, et c’est de «voter conservateur.»
Alors qu’il refusait ces derniers jours de lancer un appel au vote stratégique et évitait soigneusement de prononcer les mots «Parti populaire du Canada» et le nom de son chef, Maxime Bernier, il l’a finalement fait dimanche soir.
Ce faisant, il a signalé quel parti, selon lui, risque le plus de lui gruger des votes.
Vendredi, le chef de 48 ans avait toutefois enjoint les Canadiens à ne pas voter pour les «petits partis», mais avait refusé toutefois de les nommer.
Ce rassemblement de partisans dans le stationnement asphalté d’une brasserie était le dernier de ses arrêts du jour dans le Grand Toronto où il a motivé ses troupes à «faire sortir le vote» pour «arrêter Justin Trudeau», le premier ministre sortant.
Selon M. O’Toole, la réélection d’un gouvernement libéral ne ferait «qu’empirer» les problèmes dont il est la cause: il donne en exemple les dépenses irresponsables, les déficits, et le coût de la vie qui augmente sans cesse sous sa gouverne.
Il ne faut surtout pas le «récompenser» en le reportant au pouvoir: on n’en a pas les moyens financiers, soutient le chef conservateur.
Dimanche, il a ignoré les journalistes qui suivaient sa caravane: il semblait vouloir contrôler les derniers moments de la campagne en évitant tout écart du message qu’il martèle, espérant que celui-ci reste bien dans la tête des électeurs au moment où ils traceront une croix sur leur bulletin de vote.
Contrairement aux autres chefs, il n’a prévu aucune disponibilité pour les médias en cette veille de scrutin. Il n’a daigné répondre qu’à une seule des questions lancées par les journalistes avant et après ses événements de campagne: «Va-t-il rester chef s’il ne gagne pas lundi»?
«On va gagner», a-t-il rétorqué en français, alors qu’il était de passage dans un quartier aisé de North York, au nord de Toronto. Sourire aux lèvres, il a ajouté: «on a un meilleur parti».
Plus tôt en matinée, le chef conservateur avait profité d’un arrêt à Oakville pour rappeler son argumentaire aux citoyens. «Nous avons besoin d’un gouvernement éthique, dont l’objectif est d’assurer le bien-être des Canadiens, et non pas d’un gouvernement qui cherche à s’accrocher au pouvoir avec une élection inutile de 600 millions $ en pleine pandémie». Il promet de mettre en place une stratégie nationale pour la santé mentale, la création d’un million d’emplois en un an et de mieux préparer le pays à la prochaine crise sanitaire, notamment en assurant la fabrication de vaccins au pays. Il est aussi question d’équilibrer le budget «pour [les] enfants et petits-enfants», afin de ne pas leur laisser une dette insurmontable.
Au Québec, il promet de respecter sa juridiction et les lois adoptées par l’Assemblée nationale, ainsi que de faire appliquer la Charte de la langue française aux entreprises fédérales.
Le chef a incité ses bénévoles à sillonner leur circonscription dimanche — pour parler à leurs voisins et à ceux qui attendent leur café au Tim Hortons — afin de les convaincre d’aller voter conservateur lundi «pour le futur».
Pour le chef, cette élection va au-delà des choix de politiques publiques et des plans: c’est une question de confiance. À qui faites-vous confiance pour diriger le pays? demande-t-il aux Canadiens dans ses discours.
À lui, un ancien militaire «qui a servi son pays en uniforme» et qui veut assurer le bien-être des gens, ou à Justin Trudeau, qui ne pense qu’à lui, à son égo et à garder son emploi en déclenchant une élection deux ans après la dernière pour tenter d’obtenir le gouvernement majoritaire qu’il convoite?
Comme à l’habitude, il a brandi dimanche son «plan de rétablissement» du pays devant des partisans de la région d’Oakville qui l’ont applaudi. «Merci Erin», lançaient des passants.
À un homme qui portait des lunettes de soleil arborant le logo du Parti conservateur, il a lancé: «vous faites bien de les porter, car avec le Parti conservateur, l’avenir sera radieux (“bright”, en anglais)».
Ses arrêts de campagne au cours de la dernière semaine étaient bien rodés, sans accroc ni grand éclat. Erin O’Toole y a répété qu’il mène une campagne électorale «positive», mais a passé les derniers jours à taper sur la tête du chef libéral dans ses discours.