Erin O'Toole a lui-même été réélu facilement dans sa circonscription ontarienne de Durham. (Photo: La Presse Canadienne)
Oshawa — Le chef conservateur Erin O’Toole avertit Justin Trudeau qu’il récupère son poste de premier ministre avec un Canada plus divisé que jamais, par sa propre faute. Et il affûte déjà ses armes: pour finalement se débarrasser des libéraux, il faut accueillir encore plus de gens de tous horizons dans le grand parti bleu.
Il a perdu son pari de remplacer le chef libéral à la tête du pays, même s’il a repositionné son parti vers le centre et refait son image avec un emballage plus progressiste et inclusif.
Erin O’Toole sera tout de même le chef de l’opposition officielle à Ottawa.
Même s’il n’a pas atteint son objectif cette fois-ci, il a clairement indiqué qu’il restait en poste: «ma famille et moi-même sommes déterminés à continuer cette aventure pour le Canada».
Et si Justin Trudeau déclenche une autre élection dans 18 mois pour obtenir sa majorité, «je serai prêt à mener les conservateurs du Canada vers la victoire».
Pour éviter un autre gouvernement libéral, il faut que le Parti conservateur gonfle ses rangs. Il a invité les Canadiens de toutes races, de toutes orientations sexuelles, les Autochtones et les immigrants récents ou plus anciens à aller rejoindre «la grande tente bleue». Ils y sont les bienvenus, dit-il.
Ce faisant, il semble signaler qu’il entend garder le cap sur la direction qu’il a donnée au «nouveau mouvement conservateur».
«Le Parti conservateur va battre les libéraux seulement s’il continue de grandir», a-t-il dit.
«Le Canada est le meilleur pays au monde et ses meilleurs jours pointent à l’horizon», a ajouté le chef de 48 ans dans son discours plutôt positif d’une dizaine de minutes, livré vers 0h30 dans un aréna de hockey de la ville d’Oshawa, en Ontario.
Celui-ci était presque vide. Si l’annonce de la réélection du chef sur écran géant plus tôt en soirée a suscité quelques applaudissements, ils étaient à peine perceptibles de la glace où se trouvaient les journalistes. Pour le discours du chef, les chaises devant la scène ont été remplies, mais beaucoup d’employés de la campagne électorale conservatrice les occupaient.
Les partisans qui s’étaient déplacés n’avaient pas le cœur à la fête.
«On voulait du changement, mais rien ne va changer», a lancé une femme de Durham, la circonscription du chef où la soirée avait lieu.
Un autre a lancé, dépité: «cela veut dire que la dette va encore augmenter».
Sur la scène où il est arrivé accompagné de sa femme et de ses deux enfants, M. O’Toole a résumé la situation: les Canadiens n’ont pas donné au chef libéral Justin Trudeau la majorité qu’il convoitait ; ils le renvoient à Ottawa avec un autre gouvernement minoritaire, une facture de 600 millions $ pour l’élection et des citoyens encore plus divisés.
Il dit avoir félicité Justin Trudeau pour sa victoire et l’avoir «mis au défi» de mettre l’unité et le bien-être des Canadiens en premier.
Car selon lui, la pandémie a aggravé la division chez les Canadiens et l’élection «coûteuse et inutile» a empiré les choses.
Erin O’Toole a lui-même été réélu facilement dans sa circonscription ontarienne de Durham.
Au Québec, les 10 circonscriptions détenues par le parti au moment de la dissolution du Parlement sont restées de couleur bleue conservateur.
Des visages bien connus de la formation politique retourneront donc à Ottawa, dont le lieutenant politique du chef au Québec, Richard Martel, dans Chicoutimi-Le Fjord, Gérard Deltell dans la circonscription de Louis-St-Laurent, Bernard Généreux dans de Montmagny_L’Islet_Kamouraska_Rivière-du-Loup et Alain Rayes dans Richmond-Arthabaska.
En Beauce, le candidat conservateur sortant, Richard Lehoux, a battu le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, qui a représenté la circonscription durant de nombreuses années. D’autres candidats menaient encore des luttes serrées en début de nuit.
Peu avant le début du dévoilement des résultats, le directeur de la campagne conservatrice au Québec, Marc-Olivier Fortin, prévoyait que son parti allait réaliser des gains au Québec, mais modestes: il se disait satisfait avec deux ou trois sièges de plus. Le Parti conservateur n’a jamais récolté plus de 12 sièges en sol québécois depuis sa fondation en 2003.
Les conservateurs ont aussi réalisé des gains au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et un siège tout frais à Terre-Neuve.
Ils conservent la Saskatchewan au complet, la quasi-totalité de l’Alberta et de nombreuses circonscriptions du sud de l’Ontario. Lorsque l’élection a été déclenchée, il y avait 119 députés conservateurs à Ottawa.