Force est maintenant de constater que même si le commerce en ligne devrait continuer à gagner des parts de marché au cours des prochaines années, les consommateurs ont en grande majorité décidé de renouer avec leurs habitudes d’achat prépandémiques. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. La nouvelle a pris tout le monde par surprise: les ventes en ligne au Canada ont enregistré une forte baisse de 26% entre mai 2021 et mai 2022. La réouverture de l’économie, et en particulier des commerces qui avaient dû fermer temporairement leurs portes à quelques reprises depuis mars 2020, aurait donc fait chuter les ventes en ligne alors qu’on constate une hausse constante de la fréquentation des magasins depuis la fin janvier.
Ce déclin est d’autant plus étonnant que les différents sondages menés ça et là démontraient tous que les consommateurs appréciaient grandement la possibilité de faire des achats en ligne, certains même pour la première fois. Ils affirmaient aussi vouloir garder ces nouvelles habitudes de consommation une fois la pandémie terminée.
Les Canadiens, rappelons-le, avaient dépensé un total de 84,4 milliards de dollars en ligne en 2020, comparativement à 57,4 G$ en 2018. On pensait alors que le commerce en ligne était devenu le nouvel eldorado des détaillants et leur ouvrait de nouvelles portes pendant que d’autres se fermaient. La pandémie avait ainsi fait exploser le commerce électronique, mais temporairement semble-t-il puisque sa tendance de croissance à long terme n’a pas changé. À preuve : après avoir fortement grimpé en l’espace de quelques mois seulement pour se hisser à un sommet de 11,2 % à l’été 2020, la proportion des ventes en ligne s’est ensuite mise à décliner pour atteindre aujourd’hui une part de marché (5%) semblable à ce qu’elle aurait été si la pandémie n’avait jamais eu lieu.
Un modèle hybride
Les experts n’ont pas été les seuls à s’être fait prendre au jeu. La forte diminution des ventes a amené des géants technologiques comme la plate-forme de commerce électronique Shopify à annoncer récemment la mise à pied de 10 % de son effectif. L’entreprise précise avoir pris de telles mesures après avoir mal évalué les objectifs de croissance du commerce en ligne. Le spécialiste du commerce électronique Amazon compte pour sa part 100 000 employés de moins qu’en début d’année.
Force est maintenant de constater que même si le commerce en ligne devrait continuer à gagner des parts de marché au cours des prochaines années, les consommateurs ont en grande majorité décidé de renouer avec leurs habitudes d’achat prépandémiques. Les détaillants ne doivent donc pas fermer leurs magasins, ni pour autant négliger leur présence en ligne même si les ventes y connaîtront une croissance modérée au cours des prochaines années.
Un nombre toujours croissant de consommateurs magasinent en ligne, pour s’informer et comparer, mais veulent aussi vivre une expérience en magasin afin de pouvoir toucher et essayer la marchandise, tout en ayant la possibilité d’obtenir des conseils auprès du personnel en place. Le commerce électronique a aussi l’avantage de permettre aux détaillants d’étendre leur portée géographique, voire de rivaliser avec des concurrents qui semblent intouchables.
D’où l’importance de continuer à investir pour soutenir et développer leurs capacités numériques. Les détaillants doivent désormais offrir des expériences d’achat omnicanales car l’avenir du commerce de détail repose sur le développement d’un modèle hybride qui leur permettra d’avoir des perspectives de croissance supérieures à ceux qui ne souhaitent pas avoir de présence en ligne.