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Le fait français et la gouvernance

Le courrier des lecteurs|Publié le 25 avril 2022

Le fait français et la gouvernance

Anik Pelletier (Photo: courtoisie)

Un texte d’Anik Pelletier, experte en francisation et en traduction. Elle est candidate à la maîtrise en administration, avec spécialisation en responsabilité sociale des organisations.


COURRIER DES LECTEURS. Les récents événements liés au manque de sensibilité de grandes sociétés par rapport au fait français au Québec nous rappellent que la gouvernance des organisations n’est pas qu’une affaire de rendement financier. Les entreprises et leurs conseils d’administration ne sont pas uniquement redevables à leurs actionnaires, mais également à leurs autres parties prenantes, notamment le personnel et la clientèle. La norme ISO 26000 : 2010, Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale, est très claire à ce sujet. La reconnaissance des intérêts des parties prenantes et le respect du principe de légalité font partie des sept principes de la responsabilité sociétale énoncés dans cette norme internationale.

 

Devoir légal et moral 

Au Québec, la Charte de la langue française fait du français la langue commune, notamment du travail et du commerce. Les entreprises qui font des affaires dans la province ont l’obligation de tenir compte du français dans leurs décisions de gouvernance. Ce qui répond au principe de légalité de la norme. Mais au-delà de la loi, il y a le soutien pour la promotion et la préservation de la langue, qui répond au principe de reconnaissance des intérêts des parties prenantes. Les entreprises ont donc le devoir légal et moral de se préoccuper du français dans leurs décisions de gouvernance locale. 

Le français doit faire partie intégrante de l’organisation, à tous les niveaux. La francisation, ce n’est pas seulement un certificat qu’on fait renouveler par l’OQLF tous les trois ans et qu’on oublie le reste du temps. Permettre à son personnel d’évoluer en français et vouloir servir sa clientèle dans sa langue demandent une volonté et des efforts constants. Pour avoir été longtemps responsable de la francisation d’entreprises pancanadiennes, je sais pertinemment que défendre la langue est combat constant. Mais pour peu que la direction se soucie des intérêts locaux, c’est un combat qui peut rapporter des dividendes, tangibles et intangibles : image de marque rehaussée, bonnes relations gouvernementales, meilleur engagement du personnel et bien d’autres.

 

Diversité et inclusion… linguistiques 

Les concepts de diversité et d’inclusion ont beaucoup gagné en popularité ces dernières années. On se soucie des minorités, on valorise la différence. Mais qu’en est-il de la diversité et de l’inclusion linguistiques dans les hautes sphères des organisations? Quel message ces entreprises envoient-elles lorsqu’elles exercent leurs activités dans un milieu francophone, mais ne comptent que bien peu de personnes maîtrisant le français au sein de leur haute direction ou de leur conseil d’administration? Est-ce si difficile de trouver des administrateurs et administratrices francophones qui possèdent les compétences recherchées au Québec?

 

Inclusion linguistique et succès en affaires 

Les entreprises qui font des affaires au Québec et dont la direction et le conseil d’administration ne comptent pas de francophones bien au fait de la réalité québécoise ont un sérieux angle mort. Comme celles qui ne font pas de place aux femmes dans des postes de direction et au CA Les chiffres le démontrent : les entreprises dont les conseils d’administration sont diversifiés obtiennent des rendements supérieurs, car les différents points de vue viennent enrichir et alimenter la réflexion et les décisions. Alors qu’est-ce qu’on attend pour mettre en place des équipes de direction et des CA inclusifs sur le plan linguistique?