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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Le français: avantage concurrentiel en affaires!

Nicolas Duvernois|Mis à jour le 18 juin 2024

Le français: avantage concurrentiel en affaires!

«Aujourd’hui, plus de 490 ans après son arrivée sur notre territoire, le statut et la vitalité de la langue française sont encore fragiles.» (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Le gouvernement Legault dévoilait il y a quelques jours son plan d’action sur le français. En investissant plus de 600 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, il veut freiner le déclin du français dans la Belle Province.

Depuis son adoption au 16e siècle au Québec, la langue française a évolué, s’inspirant même des langues autochtones. Des mots comme achigan, caribou et même Québec et Canada en sont d’excellents exemples.

À la suite de la victoire de l’armée anglaise sur l’armée française, la signature du Traité de Paris a forcé la France à céder le Canada aux Britanniques, marquant la fin de la Nouvelle-France.

Quelques mois plus tard, la Proclamation royale de 1763, promulguée par le roi Georges III, vise l’assimilation de la population et fait de l’anglais la langue du pouvoir et de la justice.

Le siècle suivant fut l’un des plus riches en rebondissements pour la langue française: Acte de Québec (1774), Acte constitutionnel (1791), débats, pétitions, rébellion des Patriotes (1837 – 1838), rapport Durham (1839), Acte d’Union (1840). Il fallut finalement attendre l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique, en 1867, pour que l’on donne à la langue française le statut de langue officielle, au même titre que la langue anglaise, aux parlements d’Ottawa et de Québec, ainsi que devant les tribunaux fédéraux et québécois.

Mais en 1965, les résultats du rapport de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme brossent un portrait accablant à propos des francophones au Canada, les situant parmi les plus bas salariés au pays, entre autres.

En 1969, la Loi sur les langues officielles reconnaît le français et l’anglais comme langues officielles de toutes les institutions fédérales au Canada, et en 1974, la loi 22 fait du français la langue officielle du Québec.

Aujourd’hui, plus de 490 ans après son arrivée sur notre territoire, le statut et la vitalité de la langue française sont encore fragiles.

Pour ma part, en tant qu’entrepreneur, je considère le français comme un avantage concurrentiel en affaires. Dans une industrie dominée par des géants internationaux, où l’anglais est la langue par défaut, je suis convaincu que notre unicité nous permet de nous différencier.

Car une langue, c’est beaucoup plus qu’une série de mots qui aident à communiquer. Une langue c’est aussi une culture, une identité, une manière de penser, d’imaginer, de créer et d’innover.

Au Québec, la langue française s’est forgée au fil des siècles et des péripéties une histoire qui influence directement notre manière d’être, notre manière de faire.

Pour moi, il ne fait aucun doute que la résilience et la persévérance de notre langue, et donc de ceux qui la parlent, permettent aux entrepreneurs québécois de se différencier.

Ce n’est pas un hasard si le Québec est devenu une plaque tournante de la créativité, en donnant naissance à des entreprises aujourd’hui reconnues mondialement comme le Cirque du Soleil, Moment Factory, ou si nous attirons les plus grands studios de création du monde du divertissement.

Mais promouvoir le français dans le monde des affaires ne se fait pas à l’encontre d’autres langues. Bien au contraire! Je suis plus que réaliste concernant l’utilisation de l’anglais comme langue d’affaires «par défaut» à l’international, et je vois plutôt la langue française comme un complément à celle-ci.

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai accepté de m’associer au Mouvement national des Québécoises et Québécois ainsi qu’à l’Office québécois de la langue française: promouvoir le français en affaires et les nouvelles obligations en matière du français au travail et en affaires pour les entreprises de moins de 50 employés.

Ailleurs dans le monde, étant la troisième langue la plus utilisée après l’anglais et le mandarin, et représentant plus de 20% des échanges commerciaux et 16% du PIB mondial, le français est loin d’être marginal, et est au cœur du monde des affaires!

La langue française est présente sur les cinq continents et parlée par plus de 320 millions de personnes. Ce nombre grimpera à plus de 750 millions d’ici 2050 grâce notamment à la forte croissance démographique sur le continent africain.

Outre la créativité qu’elle inspire, sa large diffusion géographique, son importante présence en diplomatie et dans les organisations internationales, la langue française est aussi l’une des langues officielles de l’Organisation des Nations Unies et une des deux langues officielles (avec l’anglais) des Jeux olympiques.

J’espère vous avoir présenté un autre visage de la langue française et surtout démontré l’avantage concurrentiel qu’elle représente pour les entrepreneurs du Québec… Mais aussi d’ailleurs!

 

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