L’IA peut servir à automatiser, surveiller et, ainsi, prévoir les besoins énergétiques des usines, ce qui permet d’améliorer largement la consommation de processus gourmands en énergie. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Selon la Banque Royale du Canada, le Canada devra débourser près de 2 billions (2 000 milliards) de dollars d’ici 2050 pour atteindre son objectif de neutralité carbone. Cette somme exorbitante, au coût de 60 milliards par année, sera divisée entre tous les acteurs économiques du pays afin d’activement réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Cependant, ce sont majoritairement les entreprises et les consommateurs qui écoperont le plus de cette dette environnementale et qui en payeront la note.
Il n’y a maintenant plus aucun débat sur la gravité de l’urgence climatique actuelle qui est intimement liée aux émissions de GES. Depuis quelques années, les discours entourant l’environnement et le réchauffement de la planète influencent grandement nos décisions, mais ça n’a certainement pas toujours été le cas!
Souvenez-vous qu’il n’y a pas si longtemps, l’idée d’une économie verte et durable était loin d’être une priorité gouvernementale ou même sociétale. Pour la plupart des entreprises, une transition énergétique représentait un changement coûteux et complexe, et seuls les plus «écolos» de ce monde adoptaient des mesures concrètes de protection de l’environnement.
Aujourd’hui cependant, la réalité est tout autre. Non seulement la diminution des GES est le sujet de l’heure, mais elle est également en voie de devenir une obligation pour un bon nombre d’entreprises.
Déjà, des mesures plus drastiques ont été imposées pour faire face à la crise et mettre le feu aux poudres. Le Québec, comme bien d’autres endroits dans le monde, a d’ailleurs adopté une «taxe carbone», soit une facture envoyée aux principaux pollueurs en fonction de leurs émissions de CO2.
Et ce n’est que le début. Bientôt, les entreprises et les organisations qui désirent maintenir leurs activités et assurer leur succès n’auront plus le choix de complètement repenser leur modèle d’affaires pour le rendre moins polluant au long terme, faute de quoi elles devront payer une facture très salée ou tout simplement fermer boutique.
C’est ici que les nouvelles technologies entrent en jeu. Parmi celles-ci, l’intelligence artificielle représente une des solutions les plus prometteuses pour assurer le futur de nombreuses industries québécoises et canadiennes, surtout quand vient le temps de réduire leur empreinte écologique.
Sa capacité à fournir des informations approfondies sur de multiples facettes opérationnelles d’une entreprise en fait le parfait outil pour prédire, contrôler et gérer des processus polluants ou énergivores. D’ailleurs, une étude menée par Microsoft et PwC a démontré qu’à l’échelle internationale, l’intelligence artificielle pourrait aider à réduire de 1,5% à 4% des émissions de GES d’ici 2030! De plus, les avancées qui ont été faites dans ce domaine au cours des dernières années ont rendu l’IA beaucoup plus accessible et abordable pour toutes les entreprises.
Les cas d’application sont si nombreux qu’en général, nous manquons de recul par rapport à tout l’impact positif que ces projets peuvent avoir sur l’environnement. Par exemple, il est facile d’automatiser, surveiller et, ainsi, prévoir les besoins énergétiques des usines, ce qui permet d’améliorer largement la consommation de processus gourmands en énergie. L’optimisation de la chaîne d’approvisionnement est un autre des grands moteurs de changement. On peut ainsi réduire les inventaires des usines, offrir des produits mieux adaptés aux besoins des clients et optimiser les routes d’approvisionnement et de transport.
Dans le secteur agroalimentaire, des algorithmes de prédiction des récoltes, des ventes et des systèmes de logistique permettent de produire le bon produit au bon moment, en évitant le gaspillage alimentaire. Rappelons qu’au Canada, nous gaspillons pas moins de 58% de toute la nourriture produite, ce qui représente approximativement 35 tonnes annuellement!
Bien évidemment, les avantages monétaires d’une transition énergétique sont eux aussi un motivateur majeur dans l’équation. Des processus optimisés et moins polluants sont très souvent moins coûteux, en plus de considérablement minimiser la consommation d’énergie des procédés industriels. Même les grands de ce monde, comme la multinationale eBay, ont opté pour des processus zéro carbone et en récoltent aujourd’hui les bénéfices.
Au fil des nouvelles technologies, le monde des affaires se transforme à une vitesse déroutante. De plus en plus, les consommateurs recherchent des produits et des services écoresponsables et durables, à l’image de leurs valeurs et de leurs convictions. Qu’on le veuille ou non, nous n’aurons plus le choix de transformer nos industries et nos usines si l’on veut atteindre les objectifs de carboneutralités du gouvernement. Pour rester compétitives, les entreprises du Québec devront être innovantes, faire preuve d’ouverture face aux nouvelles technologies et se débarrasser de leur réticence face au changement.
Nous sommes à la croisée des chemins, c’est donc le moment idéal pour investir dans les technologies afin d’éviter de se retrouver au pied du mur. Au-delà du désir de devenir toujours plus performants et profitables, on peut aussi voir l’IA comme une des clés qui assurera un avenir durable à nous et à nos enfants.