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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Le hip-hop… enfin au 7e ciel!

Nicolas Duvernois|Publié le 01 septembre 2023

Le hip-hop… enfin au 7e ciel!

L’économie du hip-hop est tentaculaire et sa musique a inspiré des centaines, voire des milliers d’entrepreneurs de s’en inspirer. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Né à Kingston le 16 avril 1955, Clive Campbell — plus connu sous son nom de scène DJ Kool Herc — a immigré avec sa famille aux États-Unis à l’âge de 12 ans. Considéré comme le père du hip-hop, il est fortement inspiré dans sa jeunesse par la musique de James Brown et par la tradition jamaïcaine des bals en plein air. 

À l’été 1973, il fut l’un des premiers à organiser des block parties dans le quartier Morris Heights du Bronx. C’est lors de l’une de ses soirées, le 11 août, qu’il créa un style bien particulier qui consistait à isoler l’instrumentale des disques afin d’y exploiter le son sans les paroles. 

C’est devant l’entrée d’un immeuble d’habitation à loyer modique situé au 1520 Sedgwick Avenue que le hip-hop est officiellement né. Près de 50 ans plus tard, le hip-hop est incontestablement le style musical le plus populaire de la planète devançant le pop, le rock et le country notamment. 

En effet, selon le prestigieux Billboard magazine, les données Nielsen de l’industrie ont démontré que c’est en 2018 que le hip-hop a dépassé le rock… Ce n’est pas peu dire! 

Il serait injuste de donner la paternité de ce style musical qu’à une seule personne. Bien que DJ Kool Herc ait été un précurseur, le hip hop n’aurait jamais vu le jour sans une multitude d’influences musicales, culturelles et économiques l’ayant précédé. 

Du jazz au soul en passant par le funk et la poésie, le hip-hop a vu le jour dans un New York en pleine crise économique, ravagé par la violence, l’injustice et l’exode massif de ses habitants vers ses différentes banlieues. Sans cette détresse, sans ce besoin de s’exprimer des jeunes principalement des communautés afro-américaines, jamais le hip-hop ne serait devenu ce qu’il est aujourd’hui. 

Car avant d’être un style musical, c’est un style de vie, un univers. Le hip-hop c’est aussi et surtout une manière de se définir, de parler, de s’habiller. 

Je me rappelle d’avoir acheté (plutôt mes parents!) en 1992 ma première cassette (cela trahit mon âge) de hip-hop au coin de Canal Street et Broadway à New York. Dr. Dre venait de sortir son premier album, The Chronic. Il faut dire que c’est ma grande sœur Magali qui m’avait inspiré. Elle était alors une grande admiratrice du légendaire groupe Public Enemy et elle m’avait transmis sa passion. 

Puis, au fil des années, j’ai grandi en même temps que le mouvement. Snoop Dogg, Nas, Tupac, Salt-N-Pepa, Missy Elliot, Notorious BIG, Wu Tang Clan, Jay-Z ne sont que quelques-uns des artistes que j’écoutais quotidiennement. 

J’étais tout aussi intrigué de ce qu’il se passait de l’autre côté de l’océan. Mc Solaar, IAM, NTM étaient également à leur début. Aux États-Unis, en France et aux quatre coins du monde, le hip-hop faisait tout doucement sa place. 

Au Québec, c’est dans les années 1980 que le genre a «vu» le jour grâce à quelques pionniers. Cependant, c’est une dizaine d’années plus tard qu’il a connu son véritable essor. Des groupes comme M.R.F (Mouvement rap francophone), LMDS, La Constellation, Dubmatique, Muzion et KCLMNOP ont ouvert le chemin dans la décennie 1990. 

Pendant longtemps, le hip-hop a été discriminé. Sous-culture selon certains, musique de «gang de rue» selon d’autres les rappeurs faisaient peur. Leur style vestimentaire, leurs paroles acerbes, leurs vidéos déplaisaient, pourtant, ils ne faisaient que partager leur quotidien, un quotidien que l’on ne voulait pas voir. 

Il faut comprendre que le hip-hop a été libérateur pour plusieurs jeunes laissés-pour-compte vivants bien souvent dans des quartiers défavorisés. Ce style de musique leur a donné une voie, leur a permis de s’exprimer, de dénoncer, de raconter, de rêver. 

 

L’entrepreneuriat hip-hop

Étonnamment, on parle rarement de l’essor fulgurant de «l’entrepreneuriat hip-hop» durant cette même période. Qui aurait cru, il y a à peine une quinzaine d’années, que certains rappeurs tels Jay-Z ou Diddy deviendraient milliardaires, qu’un des «Dragon», Daymond John, de la populaire émission Shark Tank aux États-Unis ait fait fortune grâce à FUBU, une marque de vêtement hip-hop créé en 1992, où que c’est Dr. Dre (oui, le même que mon premier album) qui a fondé en 2006 avec le producteur Jimmy Iovine, les populaires écouteurs BEATS, rachetés quelques années plus tard par Apple pour 3 milliards de dollars! 

L’économie du hip-hop est tentaculaire et sa musique a inspiré des centaines, voire des milliers d’entrepreneurs de s’en inspirer. 

Au Québec, Steve Jolin en est le meilleur exemple. Après avoir foulé la scène comme rappeur sous l’alias Anodajay, il a décidé de se lancer en affaires en 2003, afin de fonder la maison de disque 7e Ciel qui célèbre cette année ses 20 ans. 

Aujourd’hui, le style est solidement ancré dans le paysage québécois à un point tel que les rappeurs d’ici sont les têtes d’affiches des plus grands festivals de la province et remplissent même le Centre Bell! 

Que ce soit le style et la plume de Manu Militari à rendre jaloux les plus grands auteurs, la rage de réussir — sans oublier d’où l’on vient — qui transperce les paroles de Souldia, la transparence du combat de la vie qu’incarne Koriass ou l’univers débordant d’hédonisme qu’inspire Fouki, force est de constater que le hip-hop québécois est au sommet de son art. 

Pour conclure, je souhaitais depuis longtemps vous partager mon amour pour le hip-hop. Au fil des années, je n’arrivais jamais à trouver l’angle d’attaque pour écrire cette chronique. Puis, ce weekend, en m’installant devant mon ordinateur en écoutant le rappeur Bobby One, j’ai décidé de vous faire découvrir le monde des affaires hip-hop qui, en moins d’une génération, a réussi tout comme la musique à atteindre les plus hauts sommets !