Franz Fayot, ministre de l'économie au Luxembourg (Photo: Harry Murphy/Collision via Sportsfile)
BLOGUE INVITÉ. Le mois passé, le ministre luxembourgeois de l’Économie, Franz Fayot, s’est rendu à Toronto et à Montréal dans le cadre d’une mission économique organisée par la Chambre de commerce du Luxembourg en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie. J’ai eu l’occasion de rencontrer le ministre à l’InterContinental Toronto Centre, et d’obtenir ainsi quelques informations sur la transition économique du Grand-Duché vers la durabilité.
Une économie en transition
Avec jusqu’à un tiers de son PIB lié au secteur financier, l’économie du Luxembourg est largement dominée par ce dernier. Cependant, les 20 dernières années ont été marquées par une diversification de l’économie, ainsi que par une transparence et une réglementation accrues à la suite de la crise financière, souligne Franz Fayot.
«Ce que nous essayons de faire, c’est de diversifier [l’économie] encore plus dans de nouveaux secteurs pour nous rendre moins dépendants du secteur financier et nous adapter à de nouvelles circonstances, dit-il. Nous développons également de plus en plus un secteur de la finance verte et durable, qui se porte très bien.»
Une écoresponsabilité de l’État
Le ministre Fayot, dont les principes directeurs sont un État-providence fort et la durabilité, croit fermement que le gouvernement doit assumer son rôle central dans la transition de l’économie vers la durabilité, «à la fois en matière de durabilité environnementale, mais aussi de durabilité sociale», ajoute-t-il.
En juin 2020, une consultation internationale a été lancée pour recueillir des idées de projets d’aménagement stratégique du territoire tenant compte des défis liés au climat et des enjeux sociaux, et soutenir la transition écologique du pays vers un territoire zéro carbone d’ici 2050.
«Il faut comprendre que nous devons aider les entreprises à innover et à investir dans l’avenir», indique le ministre.
Un écosystème de start-ups en plein essor
Le Luxembourg a connu une croissance constante du nombre de start-ups au cours de la dernière décennie.
Plus tôt cette année, le ministère de l’Économie a lancé une initiative stratégique visant à fournir une compréhension approfondie de l’écosystème des start-ups basée sur l’analyse des données et des entretiens avec les principaux partis prenants.
Luxinnovation, l’agence nationale de l’innovation, a identifié plus de 500 start-ups actives offrant des solutions numériques innovantes et axées sur les données dans son dernier recensement.
Ces évaluations fourniront également des comparaisons pertinentes avec les marchés internationaux, et viseront à identifier les prochaines étapes nécessaires aux opportunités de développement dans les années à venir.
«Notre agence de l’innovation est là pour guider les start-ups, mais aussi d’autres entreprises plus établies, pour avoir accès à des subventions, explique Franz Fayot. Nous avons un cadre en matière d’aides d’État en Europe auquel nous devons nous conformer, mais le message principal est qu’il y a un besoin évident de cofinancer l’innovation, en particulier à une époque où nous sommes dans cette transition vers une économie plus verte.»
Dépasser les limites du territoire
Entouré par la Belgique, la France et l’Allemagne, le Luxembourg est l’un des plus petits pays du monde — légèrement plus petit que l’État du Rhode Island. Pourtant, malgré sa dépendance à l’égard de l’approvisionnement énergétique de ses voisins, il déploie des efforts constants pour augmenter sa part d’énergie renouvelable en investissant également dans des projets au-delà de ses frontières, selon le ministre.
«Nous n’avons pas beaucoup de soleil au Luxembourg et nous n’avons pas un espace illimité pour construire de l’énergie éolienne, dit-il. C’est un peu un facteur limitant, mais cela ne doit pas excuser quoi que ce soit.»
«Nous investissons beaucoup dans l’efficacité énergétique, ajoute-t-il. Nous essayons d’amener les gens à l’e-mobilité et encourageons le chauffage et l’énergie géothermiques dans les nouvelles constructions.»
Un secteur spatial en pleine croissance
Le Luxembourg n’est peut-être pas le premier à venir à l’esprit quand on pense à l’espace, mais le pays possède l’un des premiers opérateurs de satellites au monde et augmente ses investissements dans les ressources spatiales.
«SpaceResources.lu est une initiative que nous avons lancée il y a environ six ans et elle est très axée sur le segment des ressources spatiales de l’industrie spatiale, dit-il. Nous ne lançons rien dans l’espace depuis le Luxembourg, mais nous nous concentrons sur des services comme la gestion du trafic spatial.»
Dans le cadre de la mission économique, un groupe d’entreprises spatiales a participé à un programme distinctif mis en place par l’Agence spatiale luxembourgeoise en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne. Ce programme comprend des visites d’entreprises sur place, des ateliers et des possibilités d’échanges interentreprises qui ont conduit à la signature d’un protocole d’accord entre les deux agences spatiales nationales.
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur agrégé dans la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est diplômée en journalisme et sociologie de l’Université Concordia.