(Photo: 123RF)
RÉSIDENCES POUR AÎNÉS. Les résidences privées pour aînés (RPA) ont la cote! Ce sont 145 000 personnes qui ont élu logement dans les 1627 résidences de ce type que compte le Québec. Le marché est florissant : plus de 145 RPA de plus de 100 logements ont été construites au Québec depuis 2008 seulement, principalement construites par les grands groupes comme Savoie, Cogir, Chartwell ou encore le Groupe Maurice.
Ce dernier compte 34 résidences dans la province. Moins orientées vers l’aspect des soins, elles misent davantage sur le bien-être et le style de vie des aînés. « La plupart des gens viennent ici pour socialiser avec des pairs et bénéficier d’une panoplie de services. Vieillir ne signifie pas être malade. Environ un québécois sur cinq fera un séjour un jour en CHSLD, les quatre autres n’y iront jamais », souligne Luc Maurice, président fondateur du groupe du même nom.
En effet, selon l’Institut national de santé publique du Québec, plus de 80 % des 65 ans et plus se sentent en bonne santé.
Des loyers en hausse
Le secteur est dynamique, mais il connaît aussi son lot de difficultés.
Près de deux RPA ferment leurs portes chaque semaine depuis le début de la pandémie. Ce phénomène n’est pas nouveau puisque depuis six ans, c’est plus de 600 RPA qui ont cessé leurs activités.
Depuis quelques années, les RPA sont sujettes à de nouvelles réglementations et donc à de nouvelles dépenses. « Ce sont des sommes compliquées à assumer pour de petites RPA qui n’ont qu’une cinquantaine de loyers ou moins pour couvrir les dépenses », explique Louis Demers, expert de l’École nationale d’administration publique (ENAP) sur le sujet des résidences privées pour aînés. Les très petites résidences, quant à elles, sont quasiment en voie de disparition. « Il y a 10 ans, on en comptait 900 à travers la province. Aujourd’hui, elles sont 500 », détaille celui qui a récemment publié une recherche sur le sujet.
Certains de ces éléments obligent donc parfois les résidences à augmenter le prix des loyers. Le prix moyen d’un logement de deux chambres en RPA au Québec en 2020 était de 1729 $ par mois, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Ce prix est le plus bas du pays ; il s’élève à près du double en Ontario.
Les plus grandes résidences ont pu éviter une augmentation trop radicale des loyers, même si celle-ci est inévitable pour leur survie à l’avenir, selon Luc Maurice. « Le salaire de la main-d’œuvre, qui constitue en moyenne 50 % des coûts d’opération, ne va pas baisser dans les prochaines années, tandis que le nombre de personnes en RPA va augmenter. Si la valeur de la bâtisse, qui est fonction des revenus et des dépenses, diminue légèrement chaque année, plus personne ne voudra investir près de 2 milliards de dollars de fonds privés par an pour construire de nouvelles RPA », détaille-t-il. Or, on estime qu’au rythme de la population vieillissante, une telle somme sera encore nécessaire pour les 30 prochaines années. « Sans cet investissement, les 37 000 nouveaux aînés québécois qui s’ajoutent à la population chaque année n’auront plus de place », conclut le président fondateur.
Revoir le crédit d’impôt
Certains aînés se voient donc dans l’obligation de quitter leur résidence actuelle si le loyer est trop élevé pour leur budget. Pour éviter cela, plusieurs associations et experts demandent au gouvernement d’augmenter le crédit pour le maintien à domicile, qui est calculé en fonction des dépenses admissibles payées par l’aîné. Malgré le plafond (19 500 $ pour une personne autonome), l’aîné payant le loyer le plus élevé reçoit un crédit d’une valeur plus élevée. « Pour des services similaires, les locataires des grosses résidences reçoivent plus d’argent que ceux qui vivent dans de petites résidences, alors que ces dernières logent des personnes généralement moins riches et disposent de moins de ressources », ajoute Louis Demers.
Actuellement, de 30 % à 35 % des bénéficiaires de ce crédit ont des revenus supérieurs à 50 000 $ par année. Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) propose d’abaisser ce plafond pour redistribuer cette aide à des aînés plus précaires. « Cette aide est bien, mais elle doit être revue et corrigée pour permettre aux plus pauvres d’en bénéficier », explique Yves Desjardins, ancien PDG du RQRA. La modification qui a eu lieu cette année fait baisser le taux de dépenses admissibles de 1 %. Le Regroupement estime que cela « n’est pas suffisant ».