(Photo: La Presse Canadienne)
Le milieu canadien des affaires semble appuyer grandement la décision du gouvernement québécois d’imposer le premier passeport vaccinal au pays.
Selon la Chambre du commerce du Canada, les passeports vaccinaux contribueront à empêcher les prochaines vagues à trop perturber l’économie en permettant aux personnes à faible risque de vaquer à leurs occupations quotidiennes.
«Sans cela, on a des gens pris en otage», soulignait son président, Perrin Beatty avant même que le gouvernement Legault n’annonce sa décision.
Même si 80% des Canadiens de plus de 12 ans se sont déjà fait vacciner ou ont manifesté leur volonté de le faire, il dit que ce pourcentage est trop faible pour garantir une véritable immunité collective.
«Le secteur privé, comme les Canadiens dans leur ensemble, est diversifié, mais on s’accorde tous pour dire que nous ne pouvons plus nous permettre d’imposer des mesures plus générales de confinement», a dit M. Beatty.
Le premier ministre François Legault a annoncé jeudi qu’un passeport vaccinal sera instauré dans la province pour accéder à des services non essentiels. Il a affirmé que le Québec était au début d’une quatrième vague, mais qu’il ne prévoyait pas revenir aux mesures de confinement.
Au moins deux premiers ministres provinciaux ont indiqué leur intention de ne pas imiter le Québec: l’Ontarien Doug Ford et l’Albertain Jason Kenney.
Responsabilité morale
M. Beatty convient que l’idéal serait une augmentation du taux de vaccination dans tout le pays. Il insiste toutefois pour dire que les passeports pourraient aider à protéger la santé de la population sans infliger des dommages sociaux et économiques majeurs au pays.
«Je suis complètement vacciné, mais si j’assistais à un concert, je me sentirais beaucoup plus à l’aise de savoir que les gens qui m’entourent ont eux-mêmes été vaccinés.»
Le mois dernier, le Toronto Region Board of Trade avait exhorté le gouvernement ontarien à mettre en place un système de passeport vaccinal pour les activités commerciales non essentielles.
Sa PDG Jan De Silva a convenu que se faire vacciner était une décision personnelle, mais pouvoir participer à des événements majeurs ou aller manger des repas au restaurant exige une responsabilité morale. Les petites entreprises ne peuvent pas se permettre un autre confinement, a-t-elle soutenu.
Selon un récent sondage Léger, 58% des répondants canadiens appuient l’imposition d’un passeport vaccinal pour toutes les activités essentielles et non essentielles.
Cet appui grimpe à 78% parmi les entreprises membres de la Chambre de commerce de Montréal, estime son président du conseil d’administration Michel Leblanc.
«C’est un signal clair du secteur privé qui voit le passeport vaccinal comme un outil qui devrait être utilisé. Et bien sûr, à son avis, c’est parce qu’on ne peut plus fermer l’économie», a-t-il souligné.
Et les enfants?
Le premier ministre fédéral Justin Trudeau dit soutenir la décision de Québec, mais ajoute qu’il laissera chaque province décider pour elle-même. Le gouvernement fédéral serait en train de mettre en place une certification de vaccination sécurisée pour les voyageurs internationaux.
Si les grandes entreprises canadiennes poussent à l’adoption du passeport vaccinal, de nombreux secteurs n’en sont qu’à une première étape de réflexion ou n’expriment pas d’emblée leur appui.
Selon le Conseil canadien du commerce de détail, les passeports vaccinaux ne seraient pas utiles dans les commerces de détail qui attirent des parents accompagnés de leurs enfants de moins de 12 ans qui ne peuvent pas actuellement être vaccinés.
L’organisme se préoccupe de la question comme il s’interrogeait sur le port obligatoire du couvre-visage.
«Il serait très difficile pour les entreprises d’être la police des vaccins, tout comme il était à l’époque très difficile pour elles d’être la police des masques», dit une porte-parole, Michelle Wasylyshen.