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Dominique Beauchamp

La Sentinelle de la Bourse

Dominique Beauchamp

Analyse de la rédaction

Le moment est venu de vendre les actions US, selon ce stratège

Dominique Beauchamp|Publié le 16 mai 2019

Le moment est venu de vendre les actions US, selon ce stratège

Ces deux indicateurs augmentent le risque de récession en 2020. (Source: Canaccord Genuity)

Pour la première fois en dix ans, il est temps de réduire la part des actions américaines en portefeuille, affirme Martin Roberge, de Canaccord Genuity.

Le stratège quantitatif, qui était déjà sur un pied d’alerte, passe à l’action parce que le risque de récession s’accroît.

Il s’agit d’une décision tactique dont la durée dépendra du mouvement de repli que connaîtra la Bourse, contextualise le financier de Montréal.

L’indicateur avancé de l’OCDE est tombé sous le seuil critique de 99 au mois de mars. «Depuis 50 ans, à chaque fois que cela s’est produit, les États-Unis ont connu une récession», dit-il.

En soi, ce signal est statistiquement peu probant, mais il s’ajoute à une série d’autres indicateurs qui gonflent à plus de 50% le risque de récession en 2020.

M. Roberge cite les récents sondages d’activité PMI, le glissement des taux américains de 10 ans (2,37%) sous le taux directeur de la Fed (2,50%) pour la première fois dans ce cycle économique, le récent signal donné par son propre indicateur précurseur de marché baissier, ainsi que la probabilité de 27% d’une récession en 2020 selon l’indicateur de la Fed de New York.

Le modèle de la Fed de New York accorde une probabilité de 27% à une récession en 2020 (Source: Charles Schwab)

«Nous continuons de croire que les leviers de relance (le niveau du billet vert, des taux et le cours du pétrole) sont insuffisants pour éviter un ralentissement marqué de l’économie et des profits», soutient-il.

Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, s’il persiste, accentuera les pressions sur l’économie et les bénéfices.

Un secteur à éviter, un autre à privilégier

Le stratège profite de cet avertissement pour réitérer deux recommandations sectorielles adaptées à la conjoncture actuelle.

Il enjoint ses clients institutionnels de continuer à éviter les fabricants américains de puces au moment où la demande s’affaisse.

«La récente remontée des fabricants de puces a été l’un des épisodes les plus irrationnels qu’il nous été donné de voir en carrière. Depuis, les orientations fournies par Texas Instruments, Intel et Qualcomm, entre autres, ont ramené les investisseurs sur terre», évoque-t-il.

Les exportations de puces de la Corée du Sud chutent de 20% tandis que les expéditions américaines de puces dégringolent de 25%.

Il faudra sans doute que les producteurs réduisent davantage leur production pour écouler les stocks élevés de puces.

Pourtant, les producteurs augmentent encore leurs dépenses en capital à un rythme annuel de 18%, précise-t-il.

L’évaluation des fabricants – de 14,3 fois les bénéfices prévus dans un an – semble raisonnable, mais ce ratio tombe jusqu’à 10 fois lors du creux des cycles de cette industrie.

 

L’immobilier profite encore des taux

En revanche, les fonds de placement immobilier à capital fermé (FPI ou REIT) tant canadiens qu’américains devraient continuer à avancer, comme ils le font depuis le début de l’année.

«Ces fonds s’apprécieront de concert avec les obligations (et la baisse des taux) jusqu’à ce que le ralentissement économique endommage le taux d’occupation et les loyers de leurs immeubles et par ricochet leur rentabilité», explique M. Roberge.

Parmi les secteurs boursiers, les fonds immobiliers performent le mieux après que les taux à court terme passent au-dessus des taux à long terme.

En 2006, les FPI ont continué sur leur lancée après la pointe du secteur résidentiel de 2006, jusqu’à la récession.

Pour le moment, les loyers augmentent pour les appartements, les bâtiments industriels, les centres d’achat et les immeubles de bureaux.

En même temps, le nouveau recul des taux diminue le coût d’emprunt de ces fonds et donne plus de valeur à leurs dividendes, renchérit M. Roberge.

«Il faudra devenir plus prudent une fois que les indicateurs américains d’activité manufacturière glisseront sous le seuil de 50. À partir de ce moment, les FPI cessent d’évoluer en fonction des obligations et réagissent à la détérioration de la conjoncture», élabore le stratège.

En avril, l’indicateur manufacturier PMI américain était de 52,8, ce qui laisse du chemin à parcourir pour les FPI.

Le secteur immobilier de la Bourse de Toronto s’est apprécié de 13,3% depuis le début de l’année.