Le chef du Parti conservateur, Erin O'Toole. (Photo: La Presse Canadienne)
Le Parti conservateur (PCC) a accusé les libéraux d’avoir violé la loi électorale et déposé dimanche une plainte officielle à Élections Canada concernant une vidéo du chef Erin O’Toole, éditée et publiée sur le compte Twitter de la vice-première ministre Chrystia Freeland.
«Honteusement, le Parti libéral a volontairement altéré et édité le contenu de la vidéo originale utilisée pour créer cette vidéo, de manière à ce que la vidéo du Parti libéral dénature maintenant la position du PCC», peut-on lire dans la lettre envoyée par l’avocat du parti, Arthur Hamilton, au commissaire aux élections, Yves Côté.
Dans l’enregistrement original, qui date de juillet 2020, M. O’Toole se positionne en faveur d’une plus grande implication du secteur privé dans le système de santé publique. «Si nous voulons voir de l’innovation, nous devons trouver une synergie entre le public et le privé et nous assurer que l’accès universel demeure primordial», dit-il, ajoutant que pour avoir «plus de choix et de meilleures performances, nous ne pouvons pas avoir seulement un vieux modèle qui devient de plus en plus inefficace».
Dans la version partagée par la ministre Freeland, où plusieurs morceaux de phrases ont été coupés puis collés ensemble, l’engagement du chef conservateur de protéger l’accès universel a été enlevé, tout comme son appel à l’«innovation». Le résultat laisse croire que M. O’Toole souhaite remplacer le système public, plutôt que de le soutenir avec une implication du privé.
Interrogé lundi par plusieurs journalistes au sujet de sa vraie position, M. O’Toole a répété «soutenir à 100% le système public» et a fait valoir que sa plateforme électorale prévoit «augmenter les transferts en santé» de 60 milliards $ sur dix ans. Malgré des questions répétées, il n’a pas expliqué quel genre de privatisation il favoriserait, répétant qu’il prévoit «respecter les décisions des provinces».
Twitter a étiqueté la publication comme étant un «média manipulé», afin de prévenir les internautes que le contenu est possiblement trompeur. «Cette conclusion de Twitter souligne le besoin pour une action corrective rapide de la part du bureau du commissaire», a fait valoir l’avocat conservateur dans une seconde lettre envoyée lundi.
Le premier ministre Justin Trudeau, qui a aussi partagé la vidéo sur son propre compte, s’est défendu lundi lors d’une conférence de presse à Halifax, disant que «M. O’Toole a clairement dit qu’il appuyait un système à deux vitesses». «On a publié l’entrevue au complet et j’encourage tous les Canadiens à regarder exactement ce que M. O’Toole pense de notre système de santé», a-t-il ajouté. Cette entrevue non éditée peut être trouvée sur la chaîne YouTube «Galerie de presse PLC».
«Ce que le Parti libéral a fait, effectivement, c’est de partager de l’information fausse», a déclaré le chef néo-démocrate Jagmeet Singh. Il a profité de l’occasion pour plaider en faveur d’une plus grande régulation des réseaux sociaux.
«Les racines de la haine, c’est sur les médias sociaux. On voit beaucoup de messages haineux, des messages faux qui sont partagés pour radicaliser les gens. (…) C’est important d’avoir des mécanismes, des projets de loi qui sont forts pour interdire cette sorte de désinformation», a-t-il dit.