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Le port de Gaspé a le vent en poupe

François Normand|Édition de janvier 2023

Le port de Gaspé a le vent en poupe

La Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie possède le port de Gaspé, ainsi que ceux de Gros-Cacouna, de Rimouski et de Matane (sur la photo). (Photo: 123RF)

SECTEUR MARITIME. Le port en eau profonde de Gaspé est en train de retrouver un dynamisme perdu grâce au projet structurant de LM Wind Power, une propriété de General Electric. L’entreprise exportera bientôt par bateau d’immenses pales d’éoliennes sur la côte est américaine.

« On assiste à une renaissance du port », affirme le maire de Gaspé, Daniel Côté, en ajoutant que la métropole gaspésienne vit aussi une effervescence économique en raison de la présence de l’usine de LM Wind Power.

Ainsi, au courant du printemps, l’entreprise devrait commencer à exporter par bateau ses nouvelles pâles d’éoliennes de 107 mètres fabriquées à son usine de Gaspé — les anciennes mesuraient 47 mètres.

« Il reste à asphalter la nouvelle route liant l’usine au port, puis à déplacer des lampadaires sur le quai. On pourra alors commencer à charger les pâles sur des navires », explique Anne Dupéré, PDG de la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie (SPBSG). Cette société d’État possède le port de Gaspé, ainsi que ceux de Gros-Cacouna, de Rimouski et de Matane.

Auparavant, l’entreprise acheminait en partie ses pâles de 47 mètres par camion (sur la route 132), pour les distribuer à des promoteurs de parcs éoliens au Québec, dans les autres provinces ou aux États-Unis. LM Wind Power expédiait aussi certaines éoliennes de 47 mètres par bateau, mais ces expéditions demeuraient relativement marginales.

En revanche, les pales de 107 mètres peuvent seulement être transportées par bateau, explique Anne Dupéré. Cela dit, le port n’était pas adapté pour entreposer et charger des pièces d’une telle envergure sur des navires.

C’est pourquoi Québec a investi plus de 7 millions de dollars pour moderniser et mettre l’infrastructure à niveau, explique la patronne de la SPBSG. Cela va de l’agrandissement de la surface de manutention sur le terrain du port à l’aménagement du quai afin de permettre à l’arrimeur QSL, une entreprise de Québec, de charger les immenses pales sur les navires.

L’avenir est prometteur pour le port de Gaspé, estiment Anne Dupéré et le maire Daniel Côté. Ce dernier ajoute que la modernisation des infrastructures pourrait inciter d’autres entreprises exportatrices de l’est du Québec à utiliser le port de Gaspé, d’autant plus que le service ferroviaire de marchandises, interrompu depuis 2011, devrait être rétabli vers 2030.

 

Un peu d’histoire…

Le port de Gaspé a atteint son apogée durant la Seconde Guerre mondiale. Il était alors un actif portuaire essentiel dans l’effort de guerre du Canada pour aider les alliés en Europe à vaincre l’Allemagne nazie. Après la guerre, les volumes du port ont grandement décliné. Un demi-siècle plus tard, la fin de l’exploitation minière et la fermeture de la fonderie à Murdochville ont aussi fait très mal au port — la mine de cuivre exportait et importait alors du minerai et des intrants par bateau.

Depuis 2022, les nouvelles activités de LM Wind Power sont donc en train de renverser ce long déclin, tout comme le fait qu’Ottawa ait cédé, en 2020, la propriété du port de Gaspé au gouvernement du Québec.

Jointe par Les Affaires, la direction de l’usine de LM Wind Power n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.