(Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Ceux qui me connaissent ou me lisent depuis un moment savent que je suis un grand curieux. C’est très certainement de mon père, journaliste de formation, que j’ai hérité cette curiosité sans fin. Ma sœur et moi avons eu le privilège de grandir dans une famille où la découverte, le sens de l’observation, et les questionnements étaient centraux.
Quand nous étions enfants, nos premiers jours de vacances débutaient toujours par une visite dans une épicerie et dans un cimetière. Pourquoi?
Car, selon mon père, observer ce que les gens mettent dans leurs paniers d’épicerie et inscrivent sur leurs pierres tombales permet — de façon unique et originale, on va se le dire — d’en apprendre beaucoup sur eux. Avec quelques décennies de recul, force est de constater que mon père avait raison!
La pomme n’étant pas tombée très loin de l’arbre, j’ai développé au fil des années mes propres habitudes afin de rapidement comprendre les gens que je rencontre ou l’environnement dans lequel je me trouve.
Pour ma part, le chauffeur de taxi est ma première victime, lorsque j’arrive à une nouvelle destination. Je lui pose mille et une questions. Puis, dès mon arrivée à l’hôtel, je syntonise la radio la plus populaire. Vous seriez surpris de tout ce que l’on peut apprendre en quelques heures à peine!
En affaires, tout comme dans la vie, nourrir sa curiosité est essentiel. C’est celui qui pose une question qui trouve la réponse, c’est celui qui regarde en arrière de l’arbre qui voit la forêt, c’est celui qui remet en question le statu quo qui se démarque, qui innove. Pour moi, un entrepreneur sans curiosité, c’est une voiture sans essence.
Mais au fil des années, j’ai réalisé que très bien connaître l’univers dans lequel gravite mon entreprise n’est tout simplement pas suffisant.
Je reçois quotidiennement des dizaines d’infolettres d’experts de l’industrie, j’écoute tout ce qui se produit en termes de balados, entrevues et vidéos et lis des dizaines d’articles de revues spécialisées.
Cela m’aide certes à rester informé, mais ne me permet pas d’avoir ce «je ne sais quoi», cet avantage concurrentiel qui me différencie de la compétition. Après tout, je ne suis pas le seul à consulter ces informations, la grande majorité de mes compétiteurs le font tout autant.
C’est ici que ce que j’appelle les savoirs inutiles prennent toute leur importance. Oui, vu avez bien lu.
Mes meilleures idées émergent souvent à la suite d’une connexion entre deux ou plusieurs sous-idées. Cette pensée arborescente est la seule manière de développer des concepts ou des idées uniques, originales et surprenantes.
Aujourd’hui, c’est en accumulant par plaisir les savoirs inutiles que je maximise mes chances qu’une connexion se fasse, à un moment donné. Non seulement je m’assure que personne ne puisse me copier — car on n’a pas tous le même degré de curiosité et / ou les mêmes sujets de désintérêts! —, et je réponds à ma soif de curiosité.
Savez-vous que j’ai eu l’idée de créer Pur Vodka en lisant un article sur l’importance de la qualité de l’eau dans la production de bière et que Karo a trouvé la recette de romeo’s gin en mangeant une soupe dans un restaurant?
Dans ces deux cas bien précis, la connexion s’est faite au moment où plusieurs sous-idées se sont connectées, afin de créer le début d’une grande aventure. Et deux excellents produits!
La prochaine fois que vous finirez de lire la même infolettre que la quasi-totalité de vos compétiteurs, ayez une petite pensée pour cette chronique et prenez une dizaine de minutes supplémentaires pour faire votre plein quotidien de savoirs inutiles.
Inscrivez-vous gratuitement aux infolettres de Les Affaires et suivez l’actualité économique et financière au Québec et à l’international, directement livrée dans votre boîte courriel.
Avec nos trois infolettres quotidiennes, envoyées le matin, le midi et le soir, restez au fait des soubresauts de la Bourse, des nouvelles du jour et retrouvez les billets d’opinion de nos experts invités qui soulèvent les enjeux qui préoccupent la communauté des affaires.