Le Québec doit déjà se préparer à la prochaine pandémie
Zoom sur le Québec|Publié le 22 janvier 2021Du personnel hospitalier prenant soin d'un patient atteint de la COVID-19. (Photo: Getty Images)
ANALYSE ÉCONOMIQUE — Alors que nous combattons toujours la pandémie de COVID-19, nous devons déjà nous préparer au prochain virus mortel qui se propagera dans le monde. Et cela passe par une hausse importante du nombre de lits d’hôpitaux et de la mise en place de capacités de production de vaccins à grande échelle au Québec.
Dans son essai « Pandémie : traquer les épidémies, du choléra aux coronavirus» (publié en 2016, mais récemment traduit en français), la journaliste Sonia Shah explique qu’on a recensé l’éclosion de plus de 300 maladies infectieuses dans le monde entre 1940 et 2004, dont le VIH, l’Ebola, le virus du Nil occidental, le H1N1 et le SRAS.
Non seulement le déclenchement de la présente pandémie de COVID-19 était somme toute prévisible, mais il y en aura probablement d’autres dans les prochaines années ou décennies.
Pourquoi? Parce que l’humanité détruit des forêts et des écosystèmes aux quatre coins de la Terre, ce qui met en contact des espèces animales — porteuses d’agents infectieux — avec des communautés humaines.
Aussi, à moins d’un retournement de cette tendance, il faut s’attendre à subir un jour une autre pandémie, même si les systèmes de surveillance planétaires seront plus efficaces.
Le Québec doit donc être plus résilient afin de passer à travers ces crises à venir.
Cela passe par la hausse du nombre de lits d’hôpitaux par millier d’habitants dans la province (et, du reste, au Canada), même si les dépenses en santé et services sociaux représentent déjà 40% du budget du gouvernement québécois en 2020-2021.
En 2017, le Québec comptait 2,7 lits par 1 000 habitants, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Pour sa part, selon les plus récentes statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (2019), le Canada en comptait seulement 2,5 lits (la barre rouge dans le tableau), soit un niveau beaucoup plus bas que des sociétés vieillissantes comme la Corée du Sud (12,4 lits) et le Japon (13 lits) — les deux barres à l’extrême droite du tableau.
Nombre de lits d’hôpitaux par 1 000 habitants dans les pays industrialisés. (Source: OCDE)
Or, la capacité à soigner les gens malades durant une pandémie (incluant les personnes hospitalisées pour d’autres motifs) est le nerf de la guerre pour limiter l’impact d’une telle crise sur la société et l’économie.
Vaccins : retrouver notre capacité de production
Le Québec et le Canada doivent aussi retrouver rapidement leur capacité de produire à grande échelle des vaccins, comme aux tournants des années 1970, entre autres contre la tuberculose.
Aujourd’hui, nous sommes malheureusement dépendants de pharmaceutiques qui produisent leur vaccins contre la COVID-19 à l’étranger, ce qui met à risque la chaîne d’approvisionnement de la santé publique.
Pfizer produit son vaccin aux États-Unis et en Belgique. Moderna, qui travaille avec Lonza Group AC, produira son vaccin aux États-Unis et en Suisse, tandis qu’AstraZeneca fabriquera le sien dans plus d’une vingtaine de pays, selon La Presse canadienne.
En fait, le Canada produit encore des vaccins, mais pas ceux de «prochaine génération» contre la COVID-19, selon BioteCanada, une association de l’industrie des biotechnologies.
La bonne nouvelle, c’est que la Canada est en train de corriger le tir.
Par exemple, la pharmaceutique Medicago, installée à Québec et qui travaille avec GSK pour développer un vaccin contre la COVID-19, espère pouvoir produire de 500 millions à 1 milliard de doses par année en 2023, rapporte CBC News.
En Saskatchewan, VIDO (Vaccine and Infectious Disease Organization) prévoit également se doter de nouvelles capacités. À compter de l’automne prochain, la société prévoit pouvoir fabriquer 40 millions de doses par année de vaccins contre la COVID-19.
Vaincre la présente pandémie représente encore tout un défi. Et il y aura bientôt une sortie à cette crise, en 2021 ou 2022.
Par contre, il faut être prêt à affronter une nouvelle crise sanitaire à l’avenir.
Car nous sommes entrés dans un cycle de pandémies, nous rappelle Sonia Shah.