(Photo: 123RF)
INDUSTRIE MINIÈRE. La volonté de Québec de devenir un leader mondial dans la mise en valeur des minéraux critiques et stratégiques (MCS) ne sera pas un long fleuve tranquille, car d’autres pays veulent la même chose, à commencer par l’Australie, une puissance minière.
Ce pays de 25 millions d’habitants a d’ailleurs une structure économique qui ressemble à celle du Canada et du Québec. Il abrite un secteur des services dominant, un secteur minier très développé, sans parler de la présence d’entreprises manufacturières.
Le sol australien regorge aussi de MCS.
L’Australie compte pour 33 % de la production mondiale de lithium, une filière que le Québec essaie de développer. Elle est aussi la deuxième productrice de cobalt (4,5 % de la production mondiale), mais loin derrière la République démocratique du Congo, à 58,5 %, selon l’agence d’investissements et du commerce Austrade.
Le gouvernement australien a publié sa politique sur les MCS en 2019, qu’elle appelle Australia’s Critical Minerals Strategy.
À l’instar du Québec, l’Australie ne veut pas seulement produire et exporter des minéraux, elle veut aussi les transformer et développer des industries locales, notamment pour profiter de la demande mondiale croissante de ces minéraux stratégiques pour la transition énergétique qui s’est amorcée dans le monde.
Attirer des investissements
Dans sa stratégie, le gouvernement affirme que son objectif est de « permettre le développement du secteur australien des minéraux critiques, y compris en aval,
avec des possibilités de transformation et de fabrication, en attirant des investissements, en soutenant l’innovation et en développant des projets grâce à des infrastructures ».
Sa stratégie s’inscrit d’ailleurs dans la lignée d’une autre stratégie australienne publiée l’an dernier, soit le Future Battery Industry Strategy, qui vise, elle, à développer une industrie de batterie lithium-ion, exactement comme souhaite le faire le Québec à terme.
La vision de l’Australie sur les MCS s’appuie sur trois piliers : l’investissement, l’innovation et les infrastructures.
Au chapitre de l’investissement, Austrade (l’agence compte 83 bureaux dans le monde) met les bouchées doubles pour attirer des investisseurs internationaux.
Le géant américain du lithium Albemarle a d’ailleurs utilisé les services d’Austrade pour développer son projet d’usine de traitement à l’hydroxyde de lithium (LiOH) à Kemerton, en Australie occidentale.
La mise en service du site devrait débuter en 2021, selon l’entreprise. Ce site devrait avoir une capacité de production initiale de 60 000 à 75 000 tonnes métriques de LiOH, avec la possibilité d’atteindre à terme 100 000 tonnes.
Stimuler l’innovation
En ce qui a trait à l’innovation, l’Australie veut développer de nouvelles technologies et de nouveaux procédés afin d’isoler les minéraux critiques générés par la production d’autres minerais.
Une démarche qui permettrait de créer beaucoup plus de valeur avec les activités de fonderie et de raffinage déjà existantes en Australie, souligne le gouvernement.
Par exemple, la production australienne de 462 000 tonnes de zinc raffiné en 2017 avait le potentiel de générer en même temps environ 1 000 tonnes de cadmium, 271 tonnes d’antimoine et de plus petites quantités d’indium, de gallium et de germanium.
La fonderie de zinc de Risdon, en Tasmanie, une île située au sud-est de l’Australie, s’est inspirée de cette démarche. Elle a ajouté une production de germanium et d’indium à ses activités régulières, selon l’agence gouvernementale Geoscience Australia.
Améliorer les infrastructures
Enfin, l’Australie veut aussi développer davantage les infrastructures du pays, et ce, afin de permettre à l’industrie minière australienne de demeurer compétitive sur l’échiquier mondial, tout en lui donnant un meilleur accès aux marchés internationaux.
Par exemple, le gouvernement compte investir 43,6 millions de dollars australiens (39,4 M$ CA) pour améliorer les accès au port d’Hedland, dans le nord-ouest de du pays, pour les mines et les usines de traitement de lithium.
La stratégie australienne pour valoriser les MCS sur son territoire est ambitieuse. Selon les chiffres publiés dans sa stratégie, le gouvernement dépensera au moins 8,9 milliards de dollars australiens (8 G$ CA) à terme pour attirer des investissements, stimuler l’innovation et améliorer les infrastructures du pays. Et cela ne tient pas compte des investissements du secteur privé.
Les infrastructures auront la grosse part du lion, avec des investissements totalisant 8,5 G$ AU (7,7 G$ CA).