(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. La mise à jour économique du 7 novembre a montré que la CAQ semble avoir les mêmes préoccupations que les Libéraux fédéraux: les familles.
On a donc annoncé une augmentation de l’Allocation famille, ce montant versé à tous les parents d’enfants de moins de 18 ans. Décidément, ils commencent à être payants nos enfants!
Le montant annuel maximal pour un deuxième et une troisième enfant passera ainsi de 1 765 $ à 2 515 $ à compter de janvier 2020. Le montant pour les enfants suivants passera de 1 884 $ à 2 515 $ à ce même moment. Rappelons que ces montants sont non imposables.
Au fédéral, de juillet 2019 à juin 2020, le montant maximal pour un enfant de moins de 6 ans est de 6 639 $ par année et il est de 5 602 $ par année pour les enfants de 6 à 17 ans.
En additionnant les montants du Québec à ceux du fédéral, le total maximal s’élèvera ainsi à 9 154 $ par année pour un enfant de moins de 6 ans et à 8 117 $ pour un enfant de 6 à 17 ans.
Je discutais cette semaine avec mon ami Olivier, et il me disait qu’il avait une personne dans son entourage qui avait trois jeunes enfants. L’un des conjoints restait à la maison et l’autre était sur le marché du travail et avait un revenu de 30 000 $ par année.
Allez voir, sur le site du Ministère des Finances du Québec pour calculer à combien s’élève le revenu disponible de ce couple. Si vous entrez les informations citées précédemment avec deux enfants sur trois de moins de 6 ans, vous verrez que le revenu disponible de cette famille sera de… 59 754 $ en 2020. En passant, le revenu avant impôt et cotisations est de 62 041 $ auquel on soustrait 268 $ d’impôt du Québec et 2 019 $ de cotisations aux régimes publics.
Doutez-vous que le Québec soit, encore et toujours, le paradis des familles? Avec trois enfants, c’est plus de 26 000 $ NET d’allocations pour les familles à faible revenu. À titre de comparaison, combien pensez-vous qu’un célibataire doit gagner pour qu’il lui reste 59 754 $ après impôt et cotisations?
Toujours d’après le site Internet du Ministère des Finances…
La jolie somme de 87 925 $!
Je ne porte pas de jugement, ici. C’est normal que l’État aide les familles. Les enfants, ça coûte cher! Je ne fais que vous indiquer la différence entre une personne seule et une famille de trois enfants. C’est juste que ça frappe un peu, non?
L’autre côté de la médaille
Mais il y a un autre côté, plus sombre, à cette mise à jour qui est moins mis en évidence par le gouvernement.
On se targue d’être le paradis des familles et on élimine la contribution additionnelle dans les garderies subventionnées. Finies les garderies à 21$ par jour. Si ça s’arrêtait là, on pourrait discuter de la pertinence de ce geste, mais ce n’est pas ça le côté sombre…
Un écart important vient de se creuser entre les familles qui utilisent les services d’une garderie subventionnée et celles profitant des services d’une garderie non subventionnée. Au Québec, le crédit pour frais de garde ne s’applique pas aux garderies subventionnées. Les parents font déjà une assez grosse économie en ne payant que 8,25 $ par jour au lieu des coûts réels. C’est suffisant.
Les Libéraux avaient réduit l’écart entre le coût net des garderies subventionnées et les autres en instaurant une contribution additionnelle. La disparition de celle-ci vient frapper d’une grande injustice les familles qui avaient choisi des garderies non subventionnées pour d’autres raisons que l’argent.
Voici, graphiquement, à combien s’élève le coût net quotidien, pour un enfant, selon un revenu familial gagné à 50% par chacun des conjoints.
Dorénavant, si le gouvernement ne module pas son crédit pour qu’il en coûte environ le même montant NET pour une garderie «moyenne», les personnes payant le gros prix auront de bonnes raisons d’être en beau «joual vert»!
Le Québec: paradis de pas toutes les familles.
Mais je ne suis qu’un trouble-fête. L’heure est à la réjouissance! Vive les familles!