Le Québec est-il prêt au magasinage en ligne par commande vocale?
Alain McKenna|Publié le 02 juillet 2019Il y a quelque chose d’intrigant à voir Google et Amazon se chamailler pour dominer le marché des enceintes connectées. C’est à se demander s’il n’y a pas quelque chose qu’on a manqué dans l’émergence de cette nouvelle classe d’appareils électroniques grand public.
Jusqu’à tout récemment, au Québec du moins, ces enceintes n’offraient qu’une interaction sonore. Mais l’arrivée d’Alexa en français, et l’introduction coup sur coup de trois enceintes Echo avec écran change la donne, pour Amazon. Cette dernière n’ayant pas de présence physique dans le marché du sans-fil, contrairement à Apple et Google, c’est probablement un moyen d’élargir sa portée au-delà de ses tablettes Fire. Et dans la tradition d’Amazon, qui n’a pas peur de placer ses pions plusieurs années en amont d’une tendance émergente, peut-être est-ce que cet empressement cache une stratégie commerciale plus ambitieuse…
Comme par exemple, positionner son IA comme l’intermédiaire de référence dans la prochaine grande vague de magasinage en ligne. Ça commence par la commande vocale, mais qui sait jusqu’où ça peut aller. Et surtout, ça détache encore un peu plus les marques des produits qu’elles vendent. «Alexa, achète-moi du savon à vaisselle» sera toujours plus simple que de demander «achète-moi donc du Palmolive»…
Amazon permet de commander des produits via Alexa en français au Québec depuis la fin mai, mais aux États-Unis, ça existe depuis quelques années, déjà. Et la tendance est amorcée : durant les Fêtes à la fin 2018, les commandes passées à Amazon avec la voix ont triplé, par rapport à la même période un an plus tôt. Le site indépendant The Information ajoute que près d’un tiers des consommateurs américains et européens auraient déjà acheté un bien à l’aide d’un assistant vocal.
En d’autres mots, si vous n’êtes pas encore prêts à faire du commerce via ces plateformes vocales, peut-être qu’on vous accusera encore, dans trois à cinq ans, d’avoir manqué un virage de plus dans la numérisation d’à peu près tout ce qui touche à notre portefeuille…
Le soleil se lève sur l’Echo Show 5
À 99 dollars, le nouveau venu chez Amazon est un petit appareil à écran tactile de 5,5 pouces qui s’appelle Echo Show 5. Détail intéressant, son prix canadien est avantageux par rapport aux 89$US qu’il coûte chez nos voisins du sud, et est peut-être un signe de la volonté du géant de Seattle de rafler ce marché des interfaces vocales pour la maison, là où Google est l’autre gros joueur avec ses produits Home, rebaptisés Nest plus tôt ce printemps.
Apple a bien Siri, mais son catalogue n’est définitivement pas aussi bien garni que celui de ses deux rivaux en matière d’enceintes et de gadgets pour la maison.
Ça laisse donc la place à Amazon, qui propose ici ce qui a toutes les apparences d’un réveil-matin connecté, puisque son format compact et son attention aux conditions lumineuses pour ne jamais être trop éblouissant font très bien sur une table de chevet. En prime, Alexa a récemment hérité de la fonction «Sunrise», qui rehausse progressivement la luminosité de l’écran durant les 15 minutes précédant une alarme programmée entre 4h et 9h, le matin.
Mine de rien, on trouve une panoplie étonnante de réveils qui troquent l’alarme sonore pour l’alarme lumineuse. Ça réveille tout autant, cela dit, et les chances de réveiller sa douce moitié du même coup ne sont pas amoindries pour autant. Disons que ça fait juste changer le mal de place.
L’Echo Show 5 veut aussi s’immiscer dans la routine matinale de ses utilisateurs en offrant un compte-rendu de l’actualité, de la météo, de l’état de la circulation, et ainsi de suite, si on en fait la demande. Ceux qui veulent savoir à l’instant près si le Canadien a finalement gagné son pari de débaucher un joueur des Hurricanes de la Caroline sont servis…
Une question de vie privée…
Encore une fois, Amazon assure que ses serveurs ne stockent aucune information non pertinente tirée de ses appareils Echo. Les données récupérées ne servent qu’à améliorer Alexa, et pas à raffiner le ciblage publicitaire ailleurs sur ses autres plateformes. Pour en rajouter, la société de Jeff Bezos a donc introduit la possibilité d’effacer l’historique de ses commandes, en tout ou en partie, et promet que tout disparaît jusque sur ses serveurs.
L’Echo Show 5 possède aussi un bouton de mise en sourdine qui désactive aussi sa caméra, et ajoute à ça un cache-caméra qui se glisse pardessus l’objectif, pour garantir que rien ne filtre. Car évidemment, ce qui se passe dans la chambre à coucher, généralement, est appelé à rester dans la chambre à coucher. Mais Skype et d’autres applis d’appels vidéo ne demeure toujours qu’à une touche d’être activés.
Tout comme la possibilité de commander ces articles pour la maison qu’on a oublié d’acheter à l’épicerie plus tôt dans la journée…
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