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Le secret est dans le respect pour la maison A. Setlakwe

Claudine Hébert|Édition de la mi‑octobre 2020

Le secret est dans le respect pour la maison A. Setlakwe

La famille Setlakwe sur trois générations (Photo: courtoisie)

SPÉCIAL 300 – Rang 8. Alors que des chaînes américaines de magasins à rayons telles Neiman Marcus, JC Penney et Macy’s se questionnent sur leur futur, la maison A. Setlakwe continue de tirer son épingle du jeu dans le Centre-du-Québec, et ce, malgré la pandémie.

«En fait, la COVID-19 nous a permis de réajuster nos positions pour le mieux», indique d’emblée Margo Setlakwe Blouin, qui dirige depuis deux ans la destinée de l’entreprise familiale spécialisée dans la distribution et la vente de vêtements.

Pour la première fois depuis plusieurs années, la maison A. Setlakwe a même atteint la profitabilité dès le mois de juin, affirme celle qui est devenue en 2018 la cinquième génération à prendre les rênes de la PME fondée en 1904 par son arrière-arrière-grand-père, Aziz Setlakwe, un immigrant arménien. «Moins de personnel, moins de marketing, moins de promotion en raison des stocks peu élevés… cette rentabilité a été plus rapide que par les années passées. Généralement, elle ne se produit pas avant le mois d’octobre», précise-t-elle.

 

La recette Setlakwe

L’entreprise qui a célébré ses 116 ans en mars dernier regroupe aujourd’hui trois magasins à rayons situés à Disraeli (1904), Sainte-Marie-de-Beauce (1965) et Thetford Mines (1906). C’est d’ailleurs à Thetford Mines que se dresse aujourd’hui la succursale phare, de 25 000 pieds carrés sur trois étages, dont une section entière est consacrée aux sports de glisse. «Le ski alpin a toujours été la passion de mon grand-oncle Richard. Même à 86 ans, il vient encore donner un coup de main tous les jours», fait remarquer Margo Setlakwe Blouin.

La PME, qui emploie 175 personnes, possède également huit boutiques de lingerie féminine baptisées Silhouette, un concept introduit par la troisième génération, en 1980. Elles sont situées dans des centres commerciaux à Sherbrooke, Victoriaville, Saint-Georges, Saguenay et Québec. Des boutiques dont les baux ont pu être renégociés pendant la COVID-19. «Dans certains centres commerciaux, notamment à Saint-Georges, nous avons même pu relocaliser nos boutiques dans des espaces plus grands», souligne la commerçante.

La crise actuelle l’a aussi incitée à accélérer le virage numérique de la maison. «Nous avons revu la plateforme en ligne des magasins Setlakwe. C’était un projet qu’on devait entamer cet été, mais on l’a devancé au printemps», dit-elle.

Cette millénariale demeure néanmoins sceptique quant aux réels avantages de la vente en ligne. «Certes, le numérique permet d’élargir notre clientèle dans les marchés de Montréal, voire d’Ottawa, mais cette clientèle demeure marginale. Plus de 95 % de nos revenus s’effectuent encore en boutique. Notre clientèle locale nous a toujours été très fidèle», insiste-t-elle.

Un sentiment d’appartenance auquel a longtemps contribué son grand-père, Raymond Setlakwe, en étant impliqué dans de nombreuses collectes de fonds dans les collectivités où sont établis les commerces de la famille. L’homme d’affaires, qui a soufflé ses 92 bougies en 2020, continue d’ailleurs de fréquenter le magasin de Thetford Mines tous les jours de la semaine.

«Chez Setlakwe, nous avons toujours mis de l’avant trois règles importantes : respecter les employés, respecter les fournisseurs et surtout respecter les clients. Des partenaires dont il faut s’occuper avec volonté et conviction», soutient Raymond Setlakwe. Et Margo, ajoute-t-il fièrement, «a toutes les qualités pour perpétuer cette tradition».