(Photo: 123RF)
L’ÉDITO. «Tu viens d’où ?» Depuis dix ans, c’est la question que l’on me pose le plus souvent. Celle qui ouvre la majorité de mes discussions lors d’une nouvelle rencontre. C’est toujours dit avec bienveillance, c’est plutôt une façon de briser la glace et d’avoir un premier sujet de conversation, mon accent ne laissant pas vraiment place à interprétation. Même après toutes ces années, c’est un passage obligé. Je m’y suis résignée. La première génération d’immigrants se résout souvent à être pour le reste de sa vie immigrante aux yeux des autres, peu importe le temps passé dans le pays d’adoption.
Cette situation peut sembler anecdotique, mais elle est un rappel qu’il n’est pas toujours facile de venir d’ailleurs. Néanmoins, j’ai réalisé avec les années que, loin d’être un inconvénient, c’est en réalité un immense atout. Apprendre à vivre dans un nouveau pays réveille une curiosité et un sens de l’émerveillement que l’on perd parfois avec l’âge adulte. C’est une occasion de remettre en question ses acquis, de réaliser que ce que l’on prenait pour des vérités universelles est finalement culturel. Être riche d’une double culture permet de s’inspirer de pratiques différentes et de garder le meilleur des deux mondes. Cela développe l’ouverture, l’humilité, la persévérance, l’adaptabilité et la résilience, sans parler d’un certain sens de l’aventure.
Ces mêmes qualités, on les trouve en grand nombre chez les entrepreneurs, car elles sont nécessaires pour réussir en affaires. Il n’est donc pas étonnant que tant d’immigrants se soient lancés à leur compte.
Dans ce numéro, nous avons voulu rendre hommage à ces entrepreneurs qui viennent de partout dans le monde. Que ce soit du Japon, du Togo ou du Portugal, qu’ils aient choisi ce pays pour y faire des affaires ou par amour, ils ont en commun d’avoir mis à profit les acquis de leur pays en les appliquant ici.
Nous avons également voulu vous faire découvrir des Québécois qui ont immigré et qui sont partis à la conquête de leur nouveau pays. Une fois installés, ils ont su être ouverts aux occasions qui se présentaient et font désormais rayonner leur savoir-faire à l’étranger.
Puissent ces portraits vous inspirer. Ils sont un rappel qu’il n’y a pas d’obstacle trop grand à surmonter, et que chaque défi peut être transformé en une occasion.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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