«Moi qui adorais les séances de brainstorm improvisées [...] je me suis retrouvé seul dans mon bureau improvisé au sous-sol de ma maison, habillé en mou à fixer à longueur de journée une webcam.» (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Selon la définition du Larousse, le deuil est une douleur éprouvée à la suite du décès de quelqu’un. Au quotidien, nous empruntons également ce terme pour traduire le sentiment de résignation à la perte de quelque chose d’important ou de la douleur que nous ressentons à la suite de certaines épreuves de la vie.
Depuis mars 2020, nous avons malheureusement trop souvent eu à vivre cet état affectif douloureux à la suite de la perte d’un proche ou en raison des changements drastiques que la pandémie nous a obligés à rapidement adopter, sans période d’adaptation ni préavis.
Tristesse, souffrance, état dépressif, bien que la durée et l’intensité du deuil varient d’une personne à l’autre, il est important pour tous de réaliser l’importance de vivre le deuil afin d’avoir une chance de le surmonter.
Certains experts décortiquent le deuil pour mieux le comprendre et l’expliquer. Le choc, le déni, la colère, la douleur, la résignation, l’acceptation et la reconstruction sont reconnus par plusieurs comme étant les sept étapes du deuil. Les quatre premières étant descendantes, tandis que les trois dernières marquent l’acceptation et le retour à la normale.
Pour ma part, j’ai réalisé dernièrement que je vivais un deuil. C’est grâce à une discussion avec Frédérique, l’une de mes collègues de l’équipe marketing, que j’ai réalisé que le sentiment que je ressentais depuis plusieurs mois était en fait dû à une étape du deuil que je traversais.
Après le choc de l’imposition du télétravail obligatoire, le déni de son éternelle prolongation, la colère de ne pas avancer comme avant, la douleur de ne pas pouvoir voir les membres de mon équipe aussi souvent qu’auparavant ainsi que ma résignation face à cette «nouvelle réalité» du marché du travail, je me réveille aujourd’hui à accepter le tout et même à être motivé face à cette phase de reconstruction, avec comme ultime défi de réorganiser et d’adapter mon entreprise et moi-même à un présent et un futur bien différents d’il y a 36 mois.
En bouleversant ma routine du quotidien, j’ai perdu mes repères. Du jour au lendemain, ce qui était normal ne l’était plus, ce qui était acquis ne l’était plus, ce qui me faisait le plus plaisir, soit d’être entouré tous les jours par mes collègues au bureau, n’existait plus.
Cette perte a créé un vide abyssal dans ma vie. Moi qui adorais les séances de brainstorm improvisées dans mon bureau, les dégustations de nouveaux produits autour de l’îlot, les fous rires de l’heure du lunch, les 5@7 après une folle journée, je me suis retrouvé seul dans mon bureau improvisé au sous-sol de ma maison, habillé en mou à fixer à longueur de journée une webcam.
J’ai longtemps voulu croire que tout redeviendrait rapidement comme avant. J’ai tout essayé pour m’outiller et m’adapter à cette nouvelle vie, j’ai même consulté les meilleurs experts afin de diriger l’écriture du livre Réussir son télétravail!. Pourtant, malgré tous ces efforts, je continuais à ressentir un profond malaise, un vide dont j’avais beaucoup de difficulté à me départir.
Je remercie Frédérique pour cette précieuse discussion autour du feu. Cocktail à la main et entouré de mon équipe, elle m’a permis de réaliser que ce sentiment de vide était finalement un deuil que je vivais.
Fort heureusement, la dernière année a permis un retour graduel de ces moments d’équipe si importants à mes yeux. Bien conscient que nous ne reviendrons très certainement jamais à nos anciennes habitudes, j’entrevois le futur différemment, avec beaucoup d’espoir et de positivisme.