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Le triangle de Philippe Le Blanc

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑Décembre 2022

Le triangle de Philippe Le Blanc

Comme au tennis, Philippe Le Blanc estime dans son ouvragequ’il faut parfois miser sur l’attaque et d’autres fois sur des coups plus défensifs.

DES LEADERS ET DES MOTS. «Même les champions de tennis perdent régulièrement dans une saison, mais c’est sur le long terme qu’on reconnaît leur talent.»

C’est de cette manière que le président du conseil d’administration et chef des placements de COTE 100, Philippe Le Blanc, expose une de ses leçons sur l’investissement boursier qu’il transmet dans son livre Avantage Bourse. Féru de tennis, il agrémente son oeuvre de références à ce sport afin que l’investisseur débutant ou aguerri puisse sortir gagnant et s’enrichir.

Le succès passe selon lui par la maîtrise des trois arêtes de ce qui forme un triangle. La première représente la stratégie d’investissement. La deuxième est l’analyse fondamentale, tandis que la dernière touche la psychologie.

 

Ne pas rester sur les lignes de côté

En matière de philosophie d’investissement, celui qui écrit régulièrement pour Les Affaires estime qu’«il n’y a pas qu’un chemin qui mène à Rome». Il reconnaît que différentes stratégies fonctionnent. «L’important n’est pas tant la façon d’investir, que la constance et la rigueur de la méthode, écrit-il. Il n’y a pas pire investisseur que celui qui change constamment de méthode selon la saveur du jour.»

Il adopte néanmoins certaines règles, comme celle de ne pas emprunter ni de se servir de sommes dont on aura besoin à court ou moyen terme, afin de ne jamais être forcé de vendre lors d’une forte correction des marchés. Il prône également de rester pleinement investi en tout temps, donc de ne pas garder d’encaisse.

«Je ne préconise pas d’effectuer énormément de transactions, mentionne-t-il en entrevue téléphonique. On peut diminuer une position pour acheter un nouveau titre, mais on ne vire pas le portefeuille tous les six mois.»Adepte de la méthode de Warren Buffett, le gestionnaire de portefeuille mise sur l’achat de titre de sociétés ayant une bonne feuille de route, une direction solide et un modèle d’affaires robuste, tout en évoluant dans une industrie en croissance.

Évidemment, le prix d’acquisition doit être raisonnable.

«Je vise des machines à intérêts composés, soutient Philippe Le Blanc. Des entreprises qui seront en croissance pendant 30 ans, comme cela a été par exemple le cas avec Couche-Tard. La recette est simple, mais difficile à appliquer. Cela demande beaucoup de discipline. Faut bien gérer ses émotions.»

Il souligne que sa méthode mélange l’analyse quantitative et l’intuition. «On n’essaye pas d’évaluer les profits futurs, mais on se base sur les profits actuels ou à court terme, note-t-il. On peut comparer un titre en examinant son ratio cours/bénéfice par rapport au marché ou aux concurrents du secteur d’activité.»

Malgré une préparation minutieuse, aucun investisseur n’est à l’abri d’erreurs, comme les achats qu’on regrette et les occasions manquées. Le gestionnaire donne l’exemple d’Amazon, qu’il trouvait trop cher il y a une dizaine d’années. Il s’en mord les doigts aujourd’hui.

 

Jouer défensif

Comme au tennis, Philippe Le Blanc estime qu’il faut parfois miser sur l’attaque et d’autres fois sur des coups plus défensifs. Cette dernière stratégie a été adoptée en analysant le cycle boursier. Il estime qu’il est essentiel de bien comprendre dans quelle phase se trouve le marché. «L’investisseur doit garder cette réalité en tête lorsqu’il évalue le titre d’une entreprise», écrit-il.

Il y a environ un an, il voyait que les entreprises de croissance, comme les technos, avaient le vent dans les voiles, mais il croyait qu’elles seraient les premières touchées en cas de ralentissement économique. Il s’est donc tourné vers des titres plus sûrs. Un an plus tard, avec la correction des marchés, il adopte une position plus offensive en regardant de nouveau du côté des titres de croissance qui ont fortement chuté.

Le volet psychologique prend une grande place dans l’analyse de Philippe Le Blanc. «Il y a autant de biais qu’il y a d’investisseurs», écrit-il avant d’en identifier plusieurs, comme le biais de confirmation ou celui de l’ancrage. «Le succès en Bourse est bien plus une question d’intelligence émotionnelle que cognitive.»

Afin de se prémunir, le gestionnaire de portefeuille recommande notamment de se concentrer sur l’examen factuel des titres et d’éviter de se laisser «distraire par la macroéconomie». Il estime qu’il est important de rester fidèle à son processus décisionnel et il ajoute que se tromper est normal. Surtout, «n’oubliez pas que nous percevons deux fois plus de douleur pour une “perte” que nous ressentons de plaisir pour un “gain” équivalent». Pour chasser le stress, vaut mieux s’en tenir à des montants avec lesquels l’investisseur se trouve à l’aise, tout en misant sur la patience et le long terme.

 

Avantage Bourse est publié par COTE 100.