Le variant Omicron freine la relance du tourisme mondial
La Presse Canadienne|Publié le 01 Décembre 2021L’Organisation mondiale de la Santé prévient toutefois que les interdictions de voyage ont une utilité modeste et seront «un lourd fardeau» pour des gens qui essaient de gagner leur vie. (Photo: La Presse Canadienne)
Des entreprises touristiques qui commençaient à peine à respirer après deux années catastrophiques de pandémie ont de nouveau le souffle coupé par les mesures adoptées pour endiguer la propagation du variant Omicron.
Des quartiers commerciaux du Japon aux guides touristiques de la Terre sainte, en passant par les stations de ski des Alpes et les transporteurs aériens du monde, les nouvelles restrictions suscitent une inquiétude trop familière.
De nombreux pays ont décidé de fermer leurs frontières aux voyageurs qui arrivent de huit pays africains. Au Canada, les voyageurs qui débarquent par avion devront subir un test de dépistage et se placer en isolement en attendant le résultat.
Si on ne sait pas exactement où le variant a vu le jour, des chercheurs sud-africains l’ont identifié la semaine dernière. Cela étant dit, on ne sait pour le moment que peu de choses au sujet du variant Omicron, notamment s’il est plus contagieux, s’il rend les patients plus malades et s’il est en mesure d’échapper aux vaccins.
Malgré tout, des gouvernements critiqués pour la lenteur de leur réponse à la première vague de COVID-19 ne veulent pas répéter les mêmes erreurs. L’Organisation mondiale de la Santé prévient toutefois que les interdictions de voyage ont une utilité modeste et seront «un lourd fardeau» pour des gens qui essaient de gagner leur vie.
De telles interdictions n’empêcheront pas les variants de circuler, disent d’autres experts, mais elles pourraient donner aux gouvernements plus de temps pour vacciner plus de gens.
Le transporteur aérien londonien EasyJet a dit mardi que les nouvelles restrictions semblent déjà avoir un impact sur ses réservations hivernales, même si le PDG Johan Lundgren concède que les dégâts ne sont pas aussi importants que lors des vagues précédentes.
Le patron du transporteur scandinave SAS a dit que la demande hivernale est en hausse, mais qu’on doit «maintenant comprendre l’impact qu’auront les nouveaux variants».
«Au cours de la dernière année, chaque nouveau variant a entraîné une baisse des réservations, puis une hausse une fois que la vague est passée, a dit l’analyste Helane Becker, de la firme Cowen. On s’attend à la même chose cette fois-ci.»
La décision d’Israël de fermer ses frontières aux visiteurs étrangers survient au moment où l’industrie touristique du pays se préparait pour les vacances de Noël et d’Hanukkah. Le pays avait rouvert ses portes aux touristes seulement en novembre, après avoir refusé les visiteurs étrangers depuis tôt l’an dernier.
Un peu plus de 30 000 touristes sont arrivés en Israël pendant la première moitié de novembre, comparativement à 421 000 en novembre 2019, selon les données gouvernementales.
À Bethléem, en Cisjordanie, une ville considérée comme le lieu de naissance de Jésus par les chrétiens, les entreprises attendaient avec impatience le tourisme de Noël. Un des plus gros hôtels de la ville, l’hôtel Bethléem, fonctionne à une fraction de sa capacité depuis 18 mois.
«Tous ceux qui avaient des réservations pour les deux prochaines semaines ont annulé, et d’autres attendent de voir ce qui va arriver, a dit le gérant de l’établissement, Michael Mufdi. Je ne sais pas pendant encore combien de temps nous pourrons survivre, mais nous faisons de notre mieux.»
Au Japon, la pandémie a vu le nombre de touristes passer de 32 millions de visiteurs en 2019 à quatre millions l’an dernier, une glissade qui s’est poursuivie cette année.
Le Japon a resserré mercredi l’interdiction imposée aux voyageurs étrangers, demandant aux transporteurs aériens de ne plus prendre de nouvelles réservations pour les vols qui doivent se poser sur son sol d’ici la fin de décembre. Le premier ministre Fumio Kishida veut éviter «le pire scénario possible» et a annulé le relâchement des restrictions de voyage annoncé il y a à peine trois semaines.
Les foules de touristes chinois qui déferlaient sur le populaire quartier de Ginza, à Tokyo, à la recherche de biens de luxe ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les bars et les restaurants ont été contraints de raccourcir leurs heures d’ouverture.
En Europe, les stations de ski se demandent comment elles pourront obéir à toutes les directives, comme s’assurer que les skieurs sont adéquatement vaccinés ou guéris et qu’ils ont testé négatif pour le virus.
Matthias Stauch, du syndicat allemand VDS, dit que plusieurs stations sont de petites entreprises familiales qui n’ont pas suffisamment de personnel pour effectuer toutes ces vérifications. L’association craint des dommages économiques «massifs» si un nouveau confinement est imposé.
Des responsables de l’industrie du voyage demandent aux gouvernements d’attendre d’en savoir un peu plus au sujet du variant Omicron avant de prendre des décisions, mais ils admettent que la situation est difficile.
«Si on attend, au moment où on a toutes les données, il est probablement trop tard pour empêcher la propagation communautaire parce que (le virus) est déjà arrivé, a dit le nouveau patron de Southwest Airlines, Robert Jordan. Mais si tu vas trop vite, les mesures pourraient avoir un impact plus important que les infections elles-mêmes.»