Avec des départs massifs à la retraite d’entrepreneurs, une accélération des fusions et acquisitions, une baisse des intentions de se lancer en affaires, le vieillissement, l’IA et j'en passe, le nombre d’entreprises au Québec est proportionnellement voué à s’amenuiser. (Photo: Joshua Rodriguez pour Unsplash.com)
EXPERT INVITÉ. Avec un tissu économique toujours plus influencé par les changements technologiques et le contexte international, il est important de voir s’il est sujet à des changements structurels.
Il y a quelques semaines, l’Institut de la statistique du Québec sortait dix ans de données sur nos PME dans deux travaux nommés de manière lapidaire: Croissance des nouvelles entreprises et Naissance, survie et décès des entreprises.
À défaut d’avoir donné des noms qui déchaînent les passions, on comprend au moins à quoi on a affaire.
Des chiffriers Excel, en veux-tu en voilà!
Une mine d’informations pour comparer les années 2011 à 2021 à travers les plus grandes provinces canadiennes.
La bonne nouvelle, c’est que je vous offre un condensé en deux minutes de lecture.
Des évolutions sectorielles peu marquées au Québec
Avec six secteurs qui sortent du lot en termes de part dans le tissu économique, en excluant l’administration publique, on voit apparaître un léger glissement sur dix ans.
Entre 2011 et 2021, les secteurs qui ont connu une part croissante parmi les entreprises actives sont la construction (14,17%; +2,17 points), les services professionnels scientifiques et techniques (11,07%; +1,08 point) et, sans surprise, la santé (10,74%; +2,31 points).
Parmi les secteurs représentant une part importante de notre économie, mais en recul, nous avons le commerce de détail (10,48%; – 0,78 point), les “autres services” (10,80%; -1,0 point) et l’hébergement et restauration (7,91%; -0,35 point).
Plus que jamais une économie de PME
Premièrement, le Québec comptait en 2021 au total 248 540 entreprises actives contre 225 350 en 2011.
Cela représente une croissance de 10,29% des compagnies privées sur cette période.
Fait intéressant, la population du Québec a crû de 7,903 millions à 8, 695 millions sur la même période, soit une croissance de 10,02%.
La part d’entreprise par habitant n’a donc que marginalement augmenté. Il n’y a donc pas eu d’explosion des vocations.
Aussi, la taille moyenne des entreprises est restée sensiblement la même. Avec 61,45% d’entreprises de quatre employés ou moins, 17,98% qui ont cinq à neuf travailleurs et enfin 20,56% qui emploient plus de dix personnes, on voit un changement marginal en dix ans.
À titre de comparatif, l’Ontario, avec qui nous nous comparons trop souvent, comptait respectivement 67,3%, 16,1% et 16,6% pour cette même segmentation.
Si la part des très petites entreprises reste écrasante, un fait intéressant provient de la proportion d’entreprises dites «en forte croissance» (c’est-à-dire qui ont plus de 10 employés et plus de 20% de croissance annualisée sur 3 ans de leurs revenus ou effectifs, sans fusion ou acquisition).
Elles sont passées de 3190 en 2011 à 4020 en 2021 soit une augmentation de 26%.
Avec des industries comme la construction ou encore les manufacturiers qui comptent pour une grande partie de celles-ci. Nos voisins ontariens ont connu seulement 19% de croissance à ce titre. Un motif d’espoir!
La mauvaise nouvelle vient toutefois des gazelles, c’est-à-dire des “entreprises en forte croissance âgées d’au plus de cinq ans”. Leur part a chuté de 21,94 à 12,43% sur une décennie.
Une glissade marquée qui démontre encore les enjeux liés à la vallée de la mort (période entre la deuxième et la cinquième année de vie des entreprises) et notre capacité au Québec à amener les jeunes pousses prometteuses à devenir pérennes.
Où devrions-nous être en 2031?
Avec des départs massifs à la retraite d’entrepreneurs, une accélération des fusions et acquisitions, une baisse des intentions de se lancer en affaires, le vieillissement, l’IA et j’en passe, le nombre d’entreprises au Québec est proportionnellement voué à s’amenuiser.
Plus spécifiquement, ce mouvement de consolidation devrait opérer un recul de la part des très petites entreprises (moins de quatre employés) dans notre économie.
Les secteurs précités qui ont connu une croissance sur les dix dernières années devraient continuer à gagner du terrain au détriment des autres qui connaissent déjà un ralentissement.
Ce qui fera la différence restera notre capacité à augmenter notre productivité par tête et à réindustrialiser notre économie puisque c’est un des domaines où les gains à réaliser sont les plus grands.
Cela passera toutefois par plus que la seule filière batterie.
Espérons que le Québec soit à cet horizon un créateur de tendances plutôt qu’un suiveur.