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LEED, Well et cie en valent (parfois) la chandelle

Claudine Hébert|Édition de janvier 2024

LEED, Well et cie en valent (parfois) la chandelle

Sonkham Khamlong, associé de la firme d’architecture DKA, à Sainte-Thérèse (Photo: courtoisie)

ESPACES DE TRAVAIL. Obtenir une certification environnementale pour un immeuble constitue un travail de longue haleine et peut aisément faire gonfler la facture des coûts de construction et d’aménagement de 10 % à 15 %. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle dans le contexte immobilier actuel ? Certains disent que oui. D’autres se montrent plus ambivalents.

Pour l’un des plus importants propriétaires et promoteurs immobiliers du pays, le Groupe Mach, la réponse à la question est oui. Sans hésitation. « Nous le voyons dans les négociations de location. De plus en plus d’entreprises, y compris leurs employés, demandent ces certifications qui indiquent clairement les critères de bâtiment durable auxquels répond l’immeuble où ils emménagent », souligne son président, Vincent Chiara.

 

Une tendance lourde

Selon la division canadienne du Green Building Council, en 2023, le Québec recensait un peu plus de 225 immeubles de bureaux certifiés LEED et un peu plus d’une centaine en voie de l’être. Bien que la certification soit présente partout dans la province, sa plus grande concentration de disciples se trouve au cœur de Montréal. Dans un rapport qu’a publié l’agence immobilière Avison Young en juin dernier, plus de 70 % du marché locatif de bureaux de catégorie A au centre-ville est justement certifié LEED.

« Non seulement le pourcentage de certification a considérablement augmenté depuis les premiers immeubles certifiés en 2009, mais les niveaux sont de plus en plus élevés », note le directeur général de l’agence, Patrick Laurin. Le niveau LEED Or supplante désormais les niveaux LEED et LEED Argent avec plus des trois quarts des superficies certifiées, observe-t-il. Il fait aussi remarquer que les immeubles non certifiés affichent des taux de disponibilité de près de 2,5 % supérieurs à la moyenne de l’ensemble du marché locatif actuel.

 

Des efforts qui prennent du temps…

La quête aux certifications se veut néanmoins longue et fastidieuse. En attente d’une certification Well pour son immeuble Fabrik8 depuis près d’un an, le propriétaire, Pierre-Antoine Fernet, avoue être beaucoup moins enthousiaste qu’au départ. « J’ai l’impression d’être à la recherche du laissez-passer A-38 dans “Les 12 travaux d’Astérix”. En toute honnêteté, si c’était à refaire, je me serais contenté de m’inspirer des grands principes de cette certification qui valorise la santé, le bien-être et l’activité physique sans chercher à l’obtenir », soutient le gestionnaire.

D’ailleurs, la quasi-totalité de la cinquantaine de PME qui louent les espaces de cet immeuble du Mile-Ex a d’abord choisi l’endroit pour ses lieux collaboratifs, sa terrasse et ses installations sportives, dont la patinoire qui se trouve sur son toit. « Le seul client qui a exigé la certification Well est d’origine américaine… et a finalement choisi de s’établir au centre-ville de Montréal », dit-il.

 

… et de l’argent

Sonkham Khamlong, associé de la firme d’architecture DKA, à Sainte-Thérèse, fait lui aussi preuve d’ambivalence quant à la pertinence des certifications environnementales. « Pour le moment, très peu de clientèle issue du milieu privé en fait la demande. Ce sont davantage les gestionnaires de projets de nature institutionnelle qui vont l’exiger… et qui ont l’argent pour le faire », indique-t-il. Les seuls projets visant une certification LEED avec lesquels sa firme collabore ces jours-ci sont les constructions de deux écoles secondaires, tient-il à préciser. « En revanche, certification ou pas, les critères pour réaliser des bâtiments et des environnements de travail durables s’invitent désormais dans tous nos contrats », signale le professionnel, mentionnant, au passage, que les nouveaux locaux de DKA s’inspirent largement des principes de biophilie.

Vincent Chiara concède que les coûts liés aux travaux menant à ces certifications sont élevés. Particulièrement au Québec, où la facture hydro-électrique demeure très abordable. À titre d’exemple, il cite le rendement de l’investissement pour l’installation de panneaux solaires pour l’un de ses locataires. « Certes, cet investissement permet d’accumuler plusieurs points LEED. Mais cela va prendre 20, voire 30 ans avant que ces panneaux soient rentables », avise-t-il.

Cet expert immobilier constate que les locataires ne sont plus les seuls à favoriser des immeubles certifiés. Les banques à chartes qui financent les constructions et les emprunts les préconisent. « Actuellement, tous nos prêts liés à nos immeubles certifiés LEED bénéficient d’une réduction de taux d’intérêt allant jusqu’à 0,5 %. Ce qui est loin d’être négligeable en ces temps-ci », révèle Vincent Chiara.