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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

L’élection en 6 actes

Nicolas Duvernois|Publié le 04 octobre 2022

L’élection en 6 actes

Avec un taux de participation oscillant autour de seulement 66%, ce score nous place dans le trio de tête des pires taux de participation depuis 1927… (Photo: La Presse Canadienne)

BLOGUE INVITÉ. À peine quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, il est déjà le temps de tirer des leçons de la dernière campagne électorale. Au cours des dernières semaines, nous avons entendu en long et en large les programmes des différents partis ainsi que les chefs nous proposer leurs visions et idéaux pour le Québec. Hier, les Québécois se sont prononcés. 

Une campagne qui ne rentrera pas dans l’histoire, moins de 10 minutes ont suffi aux sondeurs afin d’annoncer la réélection d’un gouvernement majoritaire de la CAQ. 

Entre l’éternel débat concernant le troisième lien, la gourmandise des taxes orange, les maladresses financières d’Éric Duhaime, les malencontreuses paroles de certains candidats et les problématiques de recrutement de début de campagne pour les libéraux, les électeurs devaient faire un choix entre la continuation et le renouveau. 

Pour un mordu de politique comme moi, j’avais hâte de voir les résultats de ce cycle électoral où tous les partis jouaient gros… très gros! Les résultats d’hier soir étant encore chauds, il est intéressant de voir comment le portrait politique du Québec est en pleine mutation.   

 

Premier acte 

Hors de tout doute, la plus grande surprise est à quel point, malgré une campagne en demi-teinte parsemée de maladresses de toutes sortes, la CAQ a réussi son pari de remporter plus de 14 sièges supplémentaires à l’Assemblée nationale. Bien que leur réélection n’est une surprise pour personne, la vague qu’ils ont su créée démontre à quel point le parti est solidement ancré dans l’univers politique québécois. 

 

Deuxième acte 

Se permettant de rêver d’être la nouvelle opposition officielle à Québec, le réveil est brutal pour Québec Solidaire. Certes publiquement les discours de «victoire» de «résistance» et les sourires sont de mises, en coulisses, malgré tout le talent d’orateur de Gabriel Nadeau-Dubois, les taxes orange, la chasse aux «méchants riches» et leur programme irréaliste à plusieurs égards, ont stoppé net l’erre d’aller qu’ils avaient en début de campagne. QS devra au cours des prochaines années démontrer qu’ils sont plus qu’un parti «gauche caviar» du Plateau Mont-Royal et des environs. 

 

Troisième acte 

Il faut l’admettre. Dominique Anglade remporte la palme de la persévérance et de la résilience. Prise avec des problèmes de toutes sortes aux premiers jours de campagne, elle a parcouru chaque recoin de la province avec son bâton de pèlerin afin de limiter la casse. Les Libéraux devaient, selon une bonne majorité d’experts, disparaître de la carte. Avec 21 sièges conservés et surtout en restant l’opposition officielle, le patient est encore hospitalisé, mais est sorti des soins intensifs. L’immense défi des prochaines années sera de démontrer aux Québécois francophones qu’ils ne sont pas qu’un parti Anglo-Montréalais. 

 

Quatrième acte 

Les fleurs étaient déjà envoyées au salon funéraire pour l’avenir du Parti Québécois. La coupe de champagne est loin des lèvres, mais une possible lueur d’espoir est apparue au fond, très, très loin du tunnel. Quasi unanimement, le chef Paul St-Pierre Plamondon a remporté la bataille de l’opinion publique en étant celui qui s’est le plus positivement démarqué au courant de cette dernière campagne. Avec trois députés à Québec, leur principal argument des prochaines années sera la prestance et la pertinence des «tres amigos» et les environ 15% d’électeurs qui leur ont donné leur vote de confiance (plus que l’opposition officielle elle-même!). 

 

Cinquième acte 

Jamais un parti inexistant il y a à peine 24 mois n’avait réussi un tel coup de force. Malgré leur absence de l’Assemblée nationale, leur voix, surtout celle de leurs électeurs représentant près de 13% du nombre total de votes exercés ne pourra être ignorée. Le Parti Conservateur et son chef Éric Duhaime ont maintenant quatre ans afin de devenir un «vrai» parti politique et non pas un amalgame de plusieurs groupes partageant des idéologies assez diverses autour du thème de la liberté. Malgré tout, ayant reçu presque autant de votes que le Parti Québécois et le Parti Libéral, les Conservateurs sont à prendre au sérieux. 

 

Sixième acte 

Tristement, tout comme lors du scrutin de 2018, le véritable perdant de l’élection est la démocratie québécoise. Lundi, plus de 2 millions de québécois inscrits et donc ayant le droit de vote ont choisi délibérément de ne pas se présenter aux urnes afin d’exercer le seul pouvoir qui nous démarque d’un régime dictatorial, soit le droit de voter en toute confidentialité et liberté pour le candidat de notre choix. Avec un taux de participation oscillant autour de seulement 66%, ce score nous place dans le trio de tête des pires taux de participation depuis 1927… 

 

Sur ce, je lève mon chapeau aux 880 candidats qui ont parcouru leurs circonscriptions afin de convaincre les électeurs qu’ils méritaient leur vote de confiance et toutes mes félicitations aux 125 députés qui ont remporté leur pari!