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Annie Boilard

Travailler agilement en équipe

Annie Boilard

Expert(e) invité(e)

Les bonnes (et moins bonnes) raisons de démissionner

Annie Boilard|Mis à jour le 18 juin 2024

Les bonnes (et moins bonnes) raisons de démissionner

La publicité autour de la pénurie de main-d’œuvre fait croire qu’il sera facile pour quiconque de trouver un nouveau boulot. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. Lors de la réunion d’équipe, Paul vous a encore coupé la parole. Rien ne vous énerve plus que ça! Vous avez déjà sensibilisé votre patron à cette fâcheuse habitude et de son impact sur vous. Bien qu’il fût à la rencontre, votre patron n’a (encore) rien fait.

Tanné vous dites! Vous êtes à vous dire que vous n’éprouvez plus de plaisir à travailler dans cette équipe et que dans le contexte économique actuel, si profitable aux employés, vous arriverez aisément à trouver mieux. Vous considérez démissionner.

 

Mythe et réalités sur la pénurie de main-d’œuvre

La publicité autour de la pénurie de main-d’œuvre fait croire, à tort, qu’il sera facile pour quiconque de trouver un nouveau boulot. Il n’en est rien! Certes, les employés rois: les employés sans diplôme, les diplômés de formation professionnelle et collégiales et les diplômés universitaires de certains domaines tels que l’informatique, la comptabilité, la psychologie et l’enseignement auront de la facilité à se faire engager. Il n’en sera toutefois pas ainsi pour tout le monde.

Aux États-Unis, la pénurie de main-d’œuvre touche 40% à 45% de la main-d’œuvre seulement.  Ces employés sont indispensables dans les processus d’affaires; sans eux, les pizzas ne sont pas livrées, les assiettes ne sont pas servies aux tables, les colis ne se rendent pas aux portes. Le phénomène jouit donc d’une grande visibilité médiatique. Il n’en demeure pas moins qu’il touche moins de 50% des employés.

Rappelons que selon le Bilan de l’emploi 2022 de l’institut du Québec, il y a présentement 27% plus de diplômés universitaires disponibles à l’emploi que poste vacant requérant une telle diplomation. Il ne faut pas croire que tout le monde pourra se trouver un nouveau boulot en claquant des doigts.

 

Les mauvaises raisons de quitter un emploi

Une mésentente avec un collègue, un processus ou un changement qui nous tombent sur les nerfs, des conditions de travail irritantes comme le retour au présentiel, sont des motifs qui se discutent, se négocient. Il en est de même pour des peurs nourries par des rumeurs d’acquisition ou de restructuration.

Avant de démissionner pour de tels motifs, il est recommandé d’en parler avec les bonnes personnes (son patron, les RH). Il est ici question d’aborder clairement l’enjeu (et non pas de laisser savoir, laisser comprendre ou dire du bout des lèvres). Il est aussi question de laisser aux parties le temps de s’ajuster, faire soi-même preuve de flexibilité et d’évaluer objectivement si des améliorations (et non pas de solutions) se manifestent. Il faut aussi garder en tête qu’il y a aussi de mauvaises raisons de demeurer en emploi.

 

Les bonnes raisons de quitter son emploi

Les raisons reconnues de quitter un emploi sont habituellement reliées à la fatalité de la situation (ça ne changera pas) — exemple: incompatibilité de vision avec mon patron ou ce sont des raisons reliées à l’employé même. Voici quelques exemples de bonnes raisons de démissionner inspirées d’un article publié dans Harvard Business Review.

1. Je ne suis pas bien dans cet environnement de travail; le climat de travail est toxique pour moi

2. Je n’apprends plus rien

3. J’ai fini de faire ce que j’étais venue pour faire

4. Je réalise que je cherche continuellement des raisons de ne pas faire mon boulot

5. Ma motivation est dans le tapis et je suis incapable de la rallumer

6. J’ai commencé à développer de mauvaises habitudes (exemple : j’arrive en retard ou mal préparé à des réunions)

 

Avant de démissionner parce qu’un collègue m’énerve (comme quelqu’un qui me coupe continuellement la parole), vous voudrez vérifier si j’ai vraiment tout fait pour remédier à la situation et si vraiment la situation est intolérable. Tous les milieux de travail offrent de l’adversité. Ces situations irritantes peuvent être d’excellentes opportunités pour se pratiquer et parfaire ses habilités. Ce faisant, nous évitons de déplacer le problème dans un autre environnement.

Ne pas se méprendre ; «je l’ai dit une fois et personne n’a rien fait» n’est pas une démarche de résolution de problème. Je l’ai dit à qui, dans quels mots? Ma stratégie d’influence est-elle au point? Il est normal que j’aille à répéter, prouver mon point et formuler ma demande en faisant émaner des gains communs (le What Is In There For Me). Il est aussi anticipé qu’il faille du temps aux parties pour s’adapter.

Gardons en tête que 80% des Américains qui ont quitté leur emploi pendant la grande démission de 2021 regrettaient leur décision un an plus tard; il s’est avéré que l’herbe n’était pas plus verte chez le voisin.

Il reste de bonnes raisons de démissionner, passer à une nouvelle étape. Généralement, ces faits parlent plus de l’employé, son évolution et ses ambitions que de l’environnement de travail. Bonne réflexion!

 

 

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