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Les Canadiens ont voté pour l’action climatique

La Presse Canadienne|Publié le 22 septembre 2021

Les Canadiens ont voté pour l’action climatique

L’élection de lundi est presque qu’identique à celle de 2019 en ce qui a trait au nombre de sièges, mais des leaders de l’environnement disent qu’il y a une différence importante. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Il y a deux ans, les groupes écologistes ont applaudi les résultats des élections fédérales alors que près de deux électeurs sur trois avaient choisi un parti clairement engagé dans la lutte contre le changement climatique.

L’élection de lundi est presque qu’identique à celle de 2019 en ce qui a trait au nombre de sièges, mais des leaders de l’environnement disent qu’il y a une différence importante.

«Maintenant, 95% des Canadiens ont voté pour l’action climatique», a déclaré Tim Gray, directeur général d’Environmental Defence.

Seul le Parti populaire du Canada n’avait aucune action pour le climat dans son plan, a-t-il déclaré.

Le plan climatique conservateur de 2019 avait été largement critiqué comme manquant à la fois de détails et d’ambition, et Erin O’Toole avait noté cette faiblesse. Présenter un plan climatique était donc pour lui une priorité après avoir pris la direction du parti en 2020.

Erin O’Toole a publié un plan climatique plusieurs mois avant les élections et celui-ci comprenait une forme de tarification du carbone, à l’encontre des politiques conservatrices de la dernière décennie.

Le plan d’O’Toole était encore moins ambitieux que les autres partis, mais c’était tout de même un engagement à l’action climatique, a déclaré Isabelle Turcotte, directrice des politiques fédérales au groupe de réflexion sur l’énergie propre Pembina Institute.

«Nous avons des partis qui ont proposé des platesformes climatiques plus fortes qu’en 2019», a-t-elle déclaré. «Et l’action climatique n’était pas utilisée comme un enjeu marginal pour faire un gain politique. Et c’est, pour moi, une victoire.»

Tim Gray et Isabelle Turcotte ont tous deux déclaré qu’il n’y avait plus de temps à perdre, plus de temps pour des batailles juridiques sur la compétence fédérale, plus de temps pour des consultations interminables qui finissent par faire reculer les ambitions.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré à l’Associated Press avant les réunions de l’Assemblée générale des Nations Unies de cette semaine à New York que le monde était «au bord du gouffre et nous ne pouvons pas nous permettre de faire un pas dans la mauvaise direction».

«Hmmm, ça a l’air assez urgent, non?» a indiqué Tim Gray. «Nous n’avons pas de temps.»

La prochaine réunion des Nations Unies sur le climat est prévue début novembre en Écosse, et la pression monte pour que les pays riches comme le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni intensifient à la fois l’action nationale et le financement mondial afin d’aider les pays les plus pauvres à suivre le rythme.

Le premier ministre Justin Trudeau devrait assister à cette réunion, qui a été retardée d’un an par la COVID-19.

Tim Gray a déclaré que le Canada est maintenant derrière bon nombre de ses pairs en matière d’action climatique. Par exemple les États-Unis, qui, sous la présidence de Joe Biden, ont désormais des objectifs de réduction des émissions plus élevés que le Canada et dépensent trois fois plus par habitant pour les initiatives climatiques.

En 2015, lorsque Justin Trudeau a participé aux pourparlers de l’accord de Paris sur le climat quelques semaines seulement après sa première victoire électorale, lui et les politiques climatiques de son nouveau gouvernement ont été perçus assez favorablement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Canada. Mais six ans plus tard, cette réputation est ternie, en raison notamment des émissions du Canada qui sont en fait plus élevées qu’elles ne l’étaient en 2015, et de la frustration suscitée par le manque d’action pour réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier.

Tim Gray a déclaré que la plate-forme climatique libérale promet enfin que cela changera. La plus grande promesse dans le plan de 2021 est de plafonner les émissions des industries pétrolières et gazières, puis de fixer des objectifs sur cinq ans pour continuer à abaisser ces plafonds, jusqu’à ce qu’ils atteignent zéro émission nette d’ici 2050.

Le zéro net signifie qu’aucune émission n’est ajoutée à l’atmosphère, tout ce qui est produit est capturé par la nature ou la technologie.

Mais cette promesse est vague, sans plafond ni objectif défini, et la façon d’établir les plafonds en consultation avec l’industrie est imprécise. Justin Trudeau profite du fait que la plupart des compagnies pétrolières au Canada ont déjà promis d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Tim Gray a déclaré qu’il ne pouvait pas y avoir de consultations interminables pour fixer ces objectifs.

Les libéraux promettent également des réglementations beaucoup plus strictes pour qu’il y ait plus véhicules électriques sur les routes du Canada, exigeant que d’ici 2030, la moitié de toutes les voitures de particuliers vendues soient électriques, et d’ici 2035, toutes doivent l’être.

Les transports et la production de combustibles fossiles ont été les deux principaux moteurs de la croissance des émissions au Canada entre 2015 et 2019, compensant les gains importants réalisés grâce à la fermeture de centrales électriques au charbon.

Les libéraux ont soumis des objectifs plus ambitieux à l’ONU en juillet, faisant passer les réductions d’émissions de 30% par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, à environ 40 à 45%.

Atteindre les nouvelles cibles du Canada signifie réduire entre 292 et 328,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre par année. C’est approximativement ce qui serait produit par environ 70 millions de véhicules de particuliers au cours d’une année. Le Canada, à titre informatif, ne compte actuellement que 23 millions de véhicules de particuliers en circulation.