Bien que l’écosystème de start-up au Québec ne soit pas parfait, il est bon de rappeler qu’il est très développé, notamment pour la phase de démarrage. (Photo: Paul Skorupskas pour Unsplash)
EXPERT INVITÉ. Alors que les intentions de se lancer en affaires au Québec s’effondrent dans un contexte économique compliqué, il est bon de rappeler quelque chose d’assez contre-intuitif: les crises sont le meilleur moment pour se lancer en affaires!
Que vous souhaitiez racheter une entreprise ou en démarrer une, c’est peut-être plus le moment de faire le saut que vous le pensez!
Une conjoncture défavorable est une bonne école
Il y a plusieurs raisons inhérentes à ce phénomène.
Premièrement, les jeunes pousses sont efficaces en termes de coûts. Sachant que vous n’avez pas encore de coûts fixes importants avec des employés, des bureaux et d’autres dépenses, vous êtes moins sensibles à une économie morose, car la pression financière reste évidemment moindre.
Deuxièmement, un marché qui est contracté vous force à mettre en place des prévisions de vente plutôt conservatrices. Moins de profits potentiels et des cibles plus réalistes.
Troisièmement, les crises économiques permettent de faire le tri entre les biens et services utiles et ceux qui ne le sont pas. Les consommateurs ont tendance à changer ou adapter leur comportement.
Vous pouvez donc en tirer profit en identifiant les produits ou services qui pourraient être utiles, vous permettant ainsi d’ouvrir un nouveau segment de marché.
Enfin, en tant qu’humain derrière l’entreprise, des moments difficiles aident à travailler différents aspects tels que la résilience, la flexibilité et la patience. Des qualités qui vous seront utiles tout au long de votre carrière.
L’écosystème de démarrage est mature au Québec
Bien que l’écosystème de start-up au Québec ne soit pas parfait, il est bon de rappeler qu’il est très développé, notamment pour la phase de démarrage. Cela jouera évidemment en votre faveur.
Que ce soit les incubateurs, l’accès au financement de démarrage et les subventions gouvernementales, les solutions existent. Elles sont surtout très accessibles contrairement à la période de croissance où ces éléments tendent à se raréfier.
Investissement et innovation
L’innovation, en théorie, ne doit pas être ponctuelle, mais continue.
Or, on remarque lors de chaque crise ou ralentissement économique, un ralentissement des investissements en innovation.
La pression d’un taux directeur élevé, surtout, a logiquement cet effet dissuasif pour les finances des entreprises pour lesquelles l’espace pour s’endetter devient plus restreint.
Et c’est là votre chance.
Pendant que tout le monde se regarde en chiens de faïence, vous avancez!
Car c’est surtout une période qui permet de se préparer afin de ne rien rater de la reprise et des périodes économiques plus fortes.
Les éléments macros
Si l’histoire est riche d’enseignements, l’actualité ne doit pas vous échapper dans la création de votre plan d’affaires.
Je vise ici particulièrement trois éléments: la résilience pandémique, les risques géopolitiques et le taux directeur.
Si l’immense majorité des modèles d’affaires n’étaient pas prêts à faire face à la pandémie, il s’agit d’un élément que l’on ne peut ignorer aujourd’hui, car les chances que cela se reproduise sont réelles.
Aussi, l’attaque de l’Ukraine par la Russie a démontré que nous entrons possiblement dans un nouveau cycle de conflits militaires. Cela impacte directement le cours de diverses matières premières en plus de faire dérailler certaines chaînes d’approvisionnement. Le choc russo-ukrainien a pris près de 2 ans à se résorber en partie. Tout autre conflit aurait des effets semblables. Taiwan, le Moyen-Orient ou encore les mouvements radicaux en Amérique du Sud pourraient créer des remous dès 2024. Si votre entreprise ne peut éviter ces zones-là, il est temps de diversifier vos fournisseurs et clients!
Enfin, l’augmentation historique des taux directeurs pour contrer l’inflation semble tirer à sa fin et la baisse sera graduelle. C’est assurément un facteur qui joue sur la prévisibilité de l’investissement et aidera à mieux planifier votre expansion.
Ces éléments n’étaient que marginalement présents dans les plans d’affaires et les planifications stratégiques de nos entreprises. Ils ne le sont peut-être pas encore dans la majorité.
Faire le saut et se lancer en affaires, c’est-à-dire se lancer dans le vide sans parachute, est complexe et épeurant, c’est vrai. J’espère toutefois vous avoir donné quelques motifs d’espoir supplémentaires et je vous souhaite le meilleur des succès!