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EXPERT INVITÉ. La première étude vraiment sérieuse sur le rendement des actions a été écrite en 1924 par Edgar Lawrence Smith et avait pour titre Common Stocks as Long Term Investments. Dans cet article, l’auteur a analysé les rendements des actions américaines sur une période de 100 ans, de 1825 à 1925, et a conclu que les actions avaient généré des rendements substantiels à long terme, même si elles avaient été souvent soumises à des fluctuations importantes. Il a soutenu que les actions constituaient un investissement viable à long terme pour les investisseurs et que leur rendement avait surpassé celui des obligations et de plusieurs autres actifs durant la période à l’étude.
Cette analyse d’Edgar Lawrence Smith a contribué à populariser l’idée que les actions étaient un véhicule d’investissement approprié pour les investisseurs. Elle a également influencé la manière dont les investisseurs percevaient les actions et leur potentiel de rendement. Précurseur lointain de l’analyse quantitative, Smith a été l’un des premiers à présenter des données historiques sur les rendements des actions et à souligner leur importance dans un portefeuille d’investissement.
L’inclusion des actions dans les portefeuilles des fonds de pension américains est une évolution notable de la gestion des avoirs des retraités. Cette transition a été marquée par des développements historiques qui ont façonné le paysage de la retraite aux États-Unis. Cette transformation a eu lieu au fil du temps, avec des origines qui remontent au début du 20e siècle. Le Canada a évidemment suivi cette lourde tendance, mais avec souvent une décennie de retard. Ce retard a été plus que comblé depuis.
Au début des années 1900, les régimes de retraite américains étaient principalement investis en obligations d’État et en espèces, les actions étant considérées comme trop risquées pour les investissements de retraite. Cependant, certains pionniers, tels que le régime de retraite des enseignants de l’État de New York, en 1921, ont commencé à investir dans des actions, mais de manière très limitée.
La Grande Dépression des années 1930 a eu un effet important sur la gestion de portefeuille, provoquant des pertes considérables allant de pair avec la chute des actions. En réponse, les gouvernements ont encouragé la création de régimes de retraite d’entreprises et imposé des réglementations plus strictes pour protéger les retraités. Après la Seconde Guerre mondiale, la confiance dans le marché boursier s’est rétablie et les investisseurs ont commencé à investir davantage dans les actions. Les années 1950 ont vu la montée en puissance de la gestion active des portefeuilles, avec des professionnels chargés de sélectionner les actifs à y intégrer.
Un siècle plus tard, l’inclusion des cryptomonnaies dans les portefeuilles des investisseurs présente certaines similitudes avec cette épopée des actions qui a commencé dans les années 1920.
1. Le scepticisme initial : à leurs débuts, les actions et les cryptomonnaies ont été accueillies avec scepticisme par de nombreux investisseurs. Les actions étaient considérées comme risquées et volatiles, tandis que les cryptomonnaies sont perçues comme des actifs spéculatifs et expérimentaux.
2. La recherche de rendements supérieurs : les investisseurs ont commencé à s’intéresser aux actions et aux cryptomonnaies en quête de rendements potentiels plus élevés que ceux offerts par d’autres catégories d’actifs plus traditionnelles, comme les obligations.
3. L’adoption progressive : l’adoption des actions dans les portefeuilles des investisseurs s’est effectuée progressivement, alors que celle des cryptomonnaies est en plein essor. Des pionniers ont ouvert la voie, puis d’autres investisseurs ont suivi à mesure que la compréhension et la confiance dans ces actifs ont augmenté.
4. La diversification : comme ils l’ont fait pour les actions dans le passé, les investisseurs ont commencé à considérer les cryptomonnaies comme un moyen de diversification dans leur portefeuille. Ils ont cherché à réduire le risque en répartissant leur capital dans différentes catégories d’actifs.
5. L’innovation technologique : les actions et les cryptomonnaies ont bénéficié de l’innovation technologique. Il est plus facile d’acheter et de vendre des actions depuis la création des marchés boursiers électroniques, tandis que les cryptomonnaies sont nées grâce à la technologie de la chaîne de blocs et à la décentralisation.
6. La volatilité : les deux catégories d’actifs ont connu des périodes de forte volatilité. Les actions ont subi des baisses majeures à certains moments dans l’histoire, tout comme les cryptomonnaies, qui sont soumises à des fluctuations de prix encore plus importantes.
7. L’évolution de la réglementation : la réglementation a joué un rôle important dans le développement des marchés boursiers et nous sommes témoins actuellement de la même démarche pour les cryptomonnaies. Les autorités réglementaires ont cherché à encadrer ces marchés pour protéger les investisseurs et maintenir l’intégrité des systèmes financiers.
8. L’éducation et la sensibilisation : dans les deux cas, l’éducation et la sensibilisation des investisseurs ont été cruciales pour favoriser une adoption responsable et éclairée. Les investisseurs ont dû comprendre les caractéristiques, les risques et les avantages de ces nouvelles occasions d’investissement.
Le bitcoin a un rendement annualisé de plus de 70% au cours de la dernière décennie.
Il ne fait aucun doute, dans mon esprit, que les cryptomonnaies feront partie de tous les portefeuilles diversifiés d’ici quelques années, comme le sont aujourd’hui les actions et les obligations. Heureusement, l’information circule beaucoup plus rapidement aujourd’hui qu’il y a un siècle et l’accès aux marchés financiers s’est fortement démocratisé. Grâce à cela, l’investisseur individuel peut bénéficier d’une intéressante avance sur les défenseurs des démarches plus traditionnelles.