Pesca Environnement, entreprise pour laquelle Sylvain Castonguay est le directeur du développement organisationnel et des affaires, a récemment lancé le programme Pesca Redonne, qui consiste à remettre 250 $ par employé à un organisme gaspésien. (Photo: courtoisie)
PHILANTHROPIE. Hors des grands centres urbains, les organismes communautaires et les fondations philanthropiques ont à couvrir de plus grands territoires et à soutenir des causes parfois moins visibles dans l’espace public. Même si l’esprit communautaire y est généralement bien implanté, les régions bénéficieraient, elles aussi, d’un renouvellement de culture en philanthropie.
« On veut créer un mouvement, une étincelle qui va permettre l’émancipation de la culture philanthropique dans nos milieux », dit Ronald Arsenault, directeur général de la Fondation communautaire Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Les Îles. Son organisme, avec Centraide Gaspésie–Les Îles, a lancé au printemps un séminaire gratuit sur son vaste territoire. Le but de cette journée de formation était de faire connaître aux organismes, aux donateurs et à leurs professionnels de soutien les différents outils philanthropiques à leur portée.
« La situation postpandémique est particulièrement difficile pour les organismes, dit Ronald Arsenault. Nombre d’entre eux vivent une situation d’essoufflement avec l’inflation, la pénurie de main-d’œuvre et l’augmentation des besoins dans la population. Donc, c’est un moment tout indiqué pour éduquer les gens à la philanthropie. »
Sylvain Castonguay est directeur du développement organisationnel et des affaires à Pesca Environnement, une firme de service-conseil en environnement dont le siège social est à Carleton-sur-Mer, avec des bureaux à Rimouski et à Calgary. L’entreprise, fondée par sa mère il y a 33 ans, a récemment lancé le programme Pesca redonne, consistant en un don de 250 $ par employé qu’il dirige vers un organisme gaspésien par l’entremise de la plateforme de don Nooé (voir texte en p.35). « On sentait que c’était important de redonner à la région qui nous a accueillis il y a plus de 30 ans, dit-il. On voulait venir en aide à des organismes qui ne bénéficient peut-être pas d’une visibilité au niveau de toute la province. »
Encourager l’émergence d’une culture
Pour la création du bureau de l’entreprise dans l’Ouest canadien, Sylvain Castonguay a vécu six ans en Alberta, où il dit avoir été témoin d’une culture philanthropique plus ancrée dans le quotidien. « Là-bas, tout le monde s’implique beaucoup plus dans sa communauté. Du fait d’avoir été exposé à ça, j’avais envie de m’en inspirer pour nos régions au Québec. »
Ronald Arsenault espère lui aussi faire diminuer l’écart entre les dons québécois et canadiens. « Dans les régions plus éloignées, on dit souvent que nous avons un fort esprit communautaire et c’est vrai, dit-il. On est tissés serrés. Mais la philanthropie reste encore un domaine sous-exploité. Les statistiques le montrent : pour un même revenu annuel, un Canadien anglais va donner trois fois plus qu’un Canadien français. Donc, c’est à nous d’encourager les gens à s’intéresser à leur communauté. »
Relation plus directe
Premier Tech est une multinationale centenaire qui agit dans les domaines de l’agriculture, du développement industriel et de la gestion des eaux implantée dans 28 pays, dont le siège social est situé à Rivière-du-Loup, dans le Bas-Saint-Laurent. « Même ailleurs dans le monde, on se retrouve souvent dans de plus petites communautés, dans des secteurs industriels, dit Constance Deschênes St-Pierre, directrice de la stratégie et de la durabilité de l’entreprise. Donc, dans ces environnements, la relation entre bénéficiaires et donateurs est souvent plus directe. On s’inscrit plus rapidement dans le tissu social [que si on était basés en ville], parce qu’il y a souvent moins d’entreprises, moins de monde. »
L’entreprise, qui est également un partenaire important de la plateforme de dons en entreprise Nooé, a décidé d’articuler son action philanthropique autour de trois axes : la santé, le sport et l’éducation. L’entreprise a notamment financé, ces dernières années, un stade de soccer à Rivière-du-Loup. « Dans les régions, les enjeux que l’on retrouve dans les grandes villes sont présents aussi, mais les donateurs potentiels sont moins nombreux, ce qui a tendance à exercer une plus grande pression sur ceux qui s’impliquent, dit Constance Deschênes St-Pierre. Ça, je crois que c’est un défi. Donc, c’est important d’encourager le plus de gens possible à donner, parce que ça ne peut pas être toujours les mêmes qui redonnent. »
Pour Ronald Arsenault, il est important de célébrer le fort sentiment d’appartenance régional, tout en demeurant lucide sur les défis précis de la philanthropie en région. « La masse salariale et patrimoniale est moindre, c’est certain, dit-il. Mais en même temps, je crois profondément que l’esprit de communauté qu’on veut consolider et amener ailleurs grâce à la philanthropie va être plus visible. Les statistiques le montrent : la Gaspésie, c’est la région du Québec où il y a le plus fort sentiment d’appartenance. Ça, c’est un élément important qu’on veut valoriser. »