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Les enfants des milléniaux conduiront avec leur voix

Alain McKenna|Publié le 21 janvier 2019

Les enfants des milléniaux conduiront avec leur voix

(Image: YouTube)

Si on se prête au jeu des générations, on peut grossièrement résumer l’évolution technologique de la façon suivante : les premiers milléniaux ont vu le jour quelque part au début des années 1980 et n’ont pas vraiment connu le monde avant l’invention de l’ordinateur, puis d’Internet. La génération Z a suivi entre les années 1990 et les années 2000 et a atteint l’âge adulte après que le premier iPhone ait vu le jour. Quelle sera la norme pour la génération suivante, selon vous?

Si on se fie à ce qu’on a vu au CES il y a dix jours, puis aux salons automobiles de Detroit et de Montréal la semaine dernière, on peut vous le donner en mille: la commande vocale tous azimuts. En 2019, parler à ses électroménagers est beaucoup plus naturel que, disons, dans le temps de Rock et Belles Oreilles…


Les Alphas

Après la génération Z, on a les enfants des milléniaux, pour qui il existe déjà un surnom : la génération Alpha. À l’échelle de la planète, on dit d’eux qu’ils sont plus nombreux que les générations précédentes, et qu’ils seront aussi les plus éduqués, les plus riches, et ceux qui vivront le plus longtemps, bien au-delà du centenaire.

Le «vieux» blogueur qu’est votre humble serviteur veut bien croire tout ça, puisqu’il ne sera pas là pour vérifier la moitié de tout ça au tournant de l’année 2100…

Ce qu’on peut prédire sans effort, c’est qu’ils seront plus versés dans les technologies que leurs parents. Une vérité de La Palice prouvée par tous ces fours micro-ondes affichant l’heure qui ont cessé d’afficher un midi clignotant depuis longtemps…

Ce qu’on peut prédire avec autant de certitude, c’est qu’il s’agit de la première génération d’humains nés dans un monde où on peut converser (plus ou moins) naturellement avec les appareils électroniques (et même électroménagers) de son entourage immédiat, puisque ceux-ci sont dotés d’une interface vocale.

«Voiture, viens me chercher à la sortie du bureau»

Ça fait au moins dix ans que l’industrie automobile tâte de la commande vocale. À l’époque, Ford avait une publicité vantant la capacité de son utilitaire Escape de changer les réglages de la climatisation à la simple demande vocale de son conducteur. On a eu beau tester, essayer et formuler la demande, ce système n’a jamais réellement livré la marchandise.

En 2019, c’est autrement plus efficace. Au Salon de l’auto de Montréal, cette semaine, Mercedes-Benz fait la démonstration de sa propre interface vocale, qui s’active en disant simplement «Hé! Mercedes». On la trouve à bord du EQC, un petit VUS tout électrique que la marque allemande compte commercialiser très bientôt.

Le bond de géant fait par cette technologie entre le Ford Escape 2009 et le Mercedes-Benz EQC 2020 a été permis par l’évolution de ce qu’on appelle, faute de mots plus précis, l’intelligence artificielle. Des algorithmes savamment calibrés interprètent les mots qu’on prononce, les placent dans le contexte d’une conduite automobile, et peuvent en tirer une action concrète à exécuter.

«Hé! Voiture, viens me chercher à la porte puis reconduis-moi à la maison» pourrait ainsi devenir le refrain le plus fréquemment entendu tous les jours, en assumant que le système de navigation soit assez efficace pour déjouer les bouchons de circulation et les imprévus sur le chemin du retour.

Amazon, Apple ou… Nuance?

La raison de cet engouement automobile envers la commande vocale est simple : ce sont les équipementiers qui conçoivent les systèmes intégrés par les grandes marques qui ont finalement développé une technologie prête à être largement adoptée. Dans ce cas-ci plus particulièrement, c’est la société Nuance Communications, sont le siège social se trouve à Burlington (au Massachusetts, pas au Vermont!), qui est à féliciter.

Celle-ci a mis au point une interface vocale blanche («white label») reprise par des clients de tous les horizons, et dont le nom interne est Nina. Nina est le bébé des labos montréalais de Nuance, et est aussi habile à répondre au téléphone qu’à trouver la chanson qui vous pend au bout de la langue. Pour le secteur automobile, cette interface a tout simplement été rebaptisée Dragon Drive.

Dragon Drive est le logiciel qui prend en charge l’interaction vocale du système MBUX, le nom donné par Mercedes à la radio d’auto ultra branchée de son EQC (qu’on trouve aussi à bord d’autres modèles récents, dont la Classe A). Nuance compte d’autres clients connus dans l’automobile, dont BMW.

La concurrence s’annonce toutefois féroce. Plus tôt cet hiver, Amazon a dévoilé un adaptateur pour l’auto permettant au conducteur de parler à Alexa, sa propre assistante vocale. Apple joue à cache-cache sur ses projets dans la voiture, mais on imagine mal Siri être absente de ses ambitions sur quatre roues.

Récemment, seule Microsoft s’est désistée de ce créneau, positionnant Cortana comme l’adjointe à Alexa et aux autres.

Bref, ça va barder dans ce créneau. Et si on se fie au tout récent Consumer Electronics Show, qui mêle à la fois électronique grand public, technologies de pointe et automobiles de prochaine génération, la commande vocale n’a pas fini de se répandre partout dans notre quotidien: salon, cuisine, voiture, salle de bains… et quoi encore.

On ne peut pas anticiper la fin du volant, ni même du clavier ou de la souris, mais leur hégémonie en tant que point de contact avec des appareils de tous les jours semble toucher à sa fin. Ajoutez à ça la réalité augmentée, permise par des affichages tête haute de plus en plus imposants, et vous imaginez comment la voiture de demain va se distinguer des véhicules actuellement en marché.

Pour une génération qui n’aura pas connu la vie sans Siri, rien de plus naturel. Pour le reste d’entre nous, il faudra s’y faire…


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