Le PDG d'Element AI, Jean-François Gagné. (Photo: Jocelyn Michel)
BLOGUE INVITÉ. Jean-François Gagné, président-directeur général d’Element AI: «Nous passons beaucoup de temps ensemble. Nous pourrions simplement communiquer par écrit, mais nous encourageons les gens à se rencontrer et à échanger en personne.»
Montréal s’est taillé une place de choix dans le domaine de l’intelligence artificielle, parmi des villes comme New York, San Francisco, Londres et Tel-Aviv. Au cours de la dernière année, Facebook, Microsoft et Alphabet y ont inauguré des laboratoires de recherche en intelligence artificielle. À l’origine de la transformation de Montréal en technopôle régional, on trouve notamment la société québécoise Element AI, qui met au point des solutions d’intelligence artificielle pour les petites et grandes entreprises.
Natif de Montréal, le président-directeur général, Jean François Gagné, était prédestiné à une carrière entrepreneuriale.
«Mes parents possèdent une entreprise de construction. À 13 ans, j’ai commencé à travailler pour eux la fin de semaine et l’été. Du sang d’entrepreneur coule dans mes veines.»
En 2016, Jean-François Gagné a lancé Element AI avec Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal, expert pionnier de l’intelligence artificielle au Canada. Le bassin de talents de qualité supérieure que l’on retrouve à Montréal a encouragé les deux cofondateurs à établir leurs bureaux dans la deuxième plus grande ville du Canada.
«Dans un secteur comme celui de l’intelligence artificielle, il faut absolument pouvoir compter sur des employés exceptionnels, qui font toute la différence dans la dynamique de l’entreprise. Nous sommes une entreprise d’envergure mondiale et sommes très fiers de la qualité des talents que nous retrouvons ici. C’est notamment à cause de l’environnement très propice à la collaboration que les gens veulent rester à Montréal.»
Jean François Gagné a dévié du parcours traditionnel d’un président directeur général en décidant de ne pas poursuivre ses études au-delà du cégep, passage obligé avant l’université au Québec. Si le cégep n’a pas comblé ses attentes, il lui a néanmoins permis de découvrir différents domaines.
«J’ai essayé environ huit programmes différents au cégep. J’ai beaucoup exploré, et j’ai fini par aboutir dans un programme de robotique et d’automatisation industrielle. C’est en étudiant le fonctionnement de l’automatisation et des robots que j’ai eu envie de me tourner vers l’IA pour résoudre de gros problèmes.»
Element AI n’est pas la première entreprise de Jean François Gagné. À 20 ans, il a démarré sa première entreprise, qu’il a vendue sept ans plus tard pour en créer une autre. Toutefois, l’appât du gain n’a jamais été une source de motivation pour ses nouveaux projets.
«Vous ne faites pas tout ça pour empiler des millions de dollars dans votre compte de banque. Très vite, vous constatez que l’argent n’améliore pas tellement votre qualité de vie et qu’il ne vous rend certainement pas plus heureux. Vous faites tous ces efforts parce que vous voulez apporter quelque chose de nouveau.»
Pour construire Element AI à partir de zéro, Jean François Gagné a dû réfléchir à ce que signifiait le leadership pour lui.
«Le leadership, c’est être capable de communiquer clairement, de regrouper tous les acteurs autour d’un objectif commun et de permettre à ces personnes d’exploiter pleinement leur potentiel en leur donnant les moyens d’atteindre leurs buts. Il faut savoir exposer clairement sa vision et amener un groupe de personnes à y adhérer.»
Prendre le temps de se parler en personne
L’entreprise est axée sur la technologie, mais Jean François Gagné croit que les interactions en personne sont essentielles au maintien d’une culture forte.
«Nous passons beaucoup de temps tous ensemble au même endroit. Bien sûr, nous utilisons le logiciel de messagerie Slack entre nous et nous pourrions nous contenter de communiquer par écrit, mais nous prenons le temps de nous rencontrer pour échanger en personne.»
«Diriger une entreprise telle qu’Element AI est une tâche extrêmement exigeante, tant du point de vue professionnel que personnel», précise Jean François Gagné. Pour maintenir un équilibre entre le travail et la vie personnelle, et éviter l’épuisement, il a essayé d’établir des limites rapidement. Aujourd’hui, il parvient à cet équilibre un peu plus facilement.
«Nos débuts ont été plutôt intenses: nous ne nous attendions pas à un tel intérêt de la part des clients. J’avais du mal à trouver du temps pour les activités personnelles et les sorties entre amis. Très rapidement, toutes les conversations se sont mises à tourner autour des projets que j’avais en tête. Presque deux ans plus tard, l’équilibre est bien meilleur, mais je pourrais faire encore mieux.»
Lien vers le podcast (en anglais seulement)
Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD. L’article a été rédigé en anglais en collaboration avec Johan Rahimaly, étudiant au baccalauréat en commerce à l’Université McGill, et traduit vers le français par Elaine Doiron, traductrice. L’entrevue intégrale est disponible en baladodiffusion Apple.