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Les nombreux avantages de l’écoconception

Claude Maheux-Picard|Publié le 28 janvier 2021

Les nombreux avantages de l’écoconception

La présence de l’emballage est pleinement justifiée. Mais pourquoi suremballer? (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. 24 décembre 2020 — C’est l’heure des courses de dernière minute pour notre réveillon de confinement. Sur ma liste : trouver LE bon craquelin pour accompagner mon pâté. Rond, carré, rectangle, mince, épais, blé entier, 50% moins de sel, ce n’est pas le choix qui manque. Pressée par la file de clients qui s’impatiente derrière moi, je tends la main vers une boîte un peu au hasard.

Le moment venu, qu’elle ne fût pas ma surprise en ouvrant ladite boîte de découvrir que j’avais par inadvertance sélectionné le craquelin en version « emballage individuel ». Les enfants de la maman écolo ont bien rigolé. N’empêche que c’est ce qui m’a inspiré le sujet du blogue de ce mois-ci.

Ne vous méprenez pas : je ne suis pas contre les emballages.

Ils jouent un rôle essentiel à plusieurs niveaux. Pour les aliments notamment: ils permettent d’en préserver les propriétés nutritionnelles, de maintenir une barrière sanitaire et de repousser les dates de péremption.

Ils protègent nos achats pendant la manutention et le transport afin qu’ils arrivent en bon état sur les tablettes et à notre domicile.

Finalement, ils nous informent sur la nature du contenu, son mode d’emploi, ses certifications, etc.

Jusqu’ici, pas de problème, la présence de l’emballage est pleinement justifiée. Mais pourquoi le suremballer? Pains emballés deux par deux, légumes protégés par des kilomètres de cellophane, produits individuels combinés en paquets monstres dans les magasins à grande surface…

La liste pourrait être longue.

Et que dire de la taille de ces emballages?

On reste parfois pantois devant le volume réel occupé par le produit en question. Cette pratique est particulièrement frappante au niveau des produits pharmaceutiques où presque la moitié de l’espace est occupé par… du vide.

 

L’impact du marchandisage

Dans le domaine de la vente, le marchandisage (merchandising, en anglais) est une technique de présentation des produits visant à maximiser les achats. Dans la conception d’un magasin, tout est planifié.

Coefficient d’occupation des sols, nombre de mètres linéaires par surface de vente, densité des rayons… Rien n’est laissé au hasard.

Ainsi, le nombre de centimètres occupés par un produit donné sur les rayonnages, communément appelé facing en anglais, est une manière pour un détenteur de marque de s’assurer d’une certaine visibilité aux yeux des consommateurs.

Autrement dit, plus l’emballage est gros, plus l’espace occupé est grand, plus les consommateurs ont des chances de le remarquer. C’est bien sûr un cercle vicieux, car des fabricants de marques concurrentes ont donc intérêt à présenter des emballages de formats similaires.

À l’heure où la gestion des plastiques et des emballages à usage unique est scrutée à la loupe, il conviendrait de revoir cette façon de faire. Un emballage de taille appropriée contribuerait à réduire la quantité de matériau utilisé pour le fabriquer. Le coût en serait réduit.

Bref, tout le monde y trouverait son compte non?

Pas si vite! On ne fait pas ce qu’on veut au royaume du marketing. Qui osera, par exemple, proposer un flacon plus petit que ses concurrents, malgré un nombre égal de comprimés? C’est que le consommateur est sensible aux perceptions.

Au Québec, un premier pas vers une prise de conscience de l’impact des emballages a été fait en 2007. Il s’agissait de l’avènement d’une tarification pour obliger les entreprises mettant en marché des contenants, emballages et imprimés à prendre en charge leur coût de gestion en fin de vie.

Mais est-ce que l’instauration de cette redevance a permis de réduire la quantité d’emballages sur le marché?

J’en doute.

 

Penser le cycle de vie dès sa conception

Stratégie phare de l’économie circulaire, l’écoconception a pour objectif — dans le cas qui nous intéresse — d’identifier le meilleur matériau pour accomplir la mission de protection du contenu.

Elle permet non seulement d’optimiser le volume (donc les coûts) d’un emballage, mais également de tenir compte des possibilités de valorisation pour privilégier l’option qui minimisera son impact environnemental.

Que deviendra l’emballage en fin de vie? Pourra-t-il être réutilisé? Recyclé? Comment sera-t-il géré une fois acheminé au centre de tri?

J’en conviens, tout cela peut représenter un véritable casse-tête pour une entreprise souhaitant mettre en marché un emballage écoresponsable. Fort heureusement, des ressources existent pour guider les entreprises à travers les méandres de l’écoconception d’emballages.

 

Éco Entreprises Québec lançait la nouvelle version de sa plateforme dédiée à l’écoconception. (Photo: Éco Entreprises Québec)

Il y a un mois à peine, Éco Entreprises Québec (un OBNL privé qui a la responsabilité d’établir et de collecter la redevance citée plus haut) lançait la nouvelle version de sa plateforme dédiée à l’écoconception.

Truffée de conseils et d’exemples, elle guide les entreprises et autres créateurs d’emballages vers des choix éclairés prenant en compte d’autres facteurs que le simple coût de production.

«Depuis quelques années, on remarque l’intérêt croissant d’entreprises de toutes tailles pour nos services d’accompagnement et de formation en écoconception. Les demandes reçues depuis le début de l’année 2021 confirment qu’il s’agit d’une tendance qui s’enracine tranquillement dans les pratiques d’affaires. » commente Geneviève Dionne, Directrice, écoconception et économie circulaire chez Éco Entreprises Québec et co-auteure du livre Avons-nous besoin d’un nouvel emballage ?

 

Pour aller plus loin

L’emballage de vos rêves n’existe pas sur le marché?

Qu’à cela ne tienne; un centre de recherche appliquée est là pour vous aider à le mettre au monde. C’est en effet le rôle de l’Institut de technologies des emballages et du génie alimentaire que de trouver des solutions rapides et efficaces aux diverses problématiques d’emballage.

Ce centre collégial de transfert technologique du réseau Synchronex a de plus accès à des subventions pour vous aider à financer le tout. Pourquoi s’en priver?

L’Institut de développement de produits est aussi à l’origine de beaux succès dans le domaine. Un exemple? En remplaçant par du carton le plastique de ses emballages de pastilles à lave-vaisselle, Bio-Vert a réalisé des économies annuelles de 35 000$ en plus de voir ses coûts de transport baisser de 30%.

Et la fameuse redevance dont je parlais plus haut? Réduite de 71%.

Pour vous, ce sera quoi?