Les oppositions en veulent plus pour les petites entreprises
Dominique Talbot|Publié le 20 mars 2023(Photo: La Presse Canadienne)
BUDGET DU QUÉBEC. À l’aube du dépôt du budget, les partis d’opposition à Québec espèrent que le ministre des Finances, Éric Girard, annoncera un train de mesures pour les PME ainsi que les très petites entreprises.
«On voudrait l’attention complète du ministre des Finances. Pas seulement pour les grosses entreprises, mais aussi pour les petites entreprises. [Pour ces dernières] On voudrait voir la déduction qui fait en sorte que leur facture d’impôt passerait de 11,5% à 3,5%. C’est quelque chose qui serait juste, à notre avis. C’est une question d’équité dans le milieu des affaires», dit Frédéric Beauchemin, député du Parti libéral du Québec pour la circonscription de Marguerite Bourgeoys.
Le critique du parti en matière de finances et d’économie souhaite également que le gouvernement investisse davantage dans la capacité d’accueil de la province pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, en plus d’un congé de cotisation au RRQ pour les 62 ans et plus.
De son côté, Québec solidaire voudrait que soit annoncée la création d’une sorte de guichet unique pour les PME afin de leur donner un meilleur accès aux différentes subventions et programmes d’aide.
Cela pourrait se décliner comme «une automatisation des services préliminaires qui pourraient permettre aux PME de rattraper le retard par rapport à une concurrence déloyale. Les petites entreprises ont rarement les mêmes moyens que les grosses pour aller chercher les subventions auxquelles elles ont droit», fait valoir le député de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi. «Des programmes, il y en a beaucoup, mais c’est compliqué pour une PME de tous les connaître», poursuit-il
Québec solidaire souhaite également une hausse de l’impôt pour les grandes entreprises ainsi que le retour de la taxe sur le capital.
«Pour les entreprises, le Parti québécois souhaite que le gouvernement s’attaque sérieusement au problème de pénurie de main-d’œuvre, notamment en facilitant le retour des travailleurs expérimentés sur le marché du travail», fait quant à lui valoir Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine.
De manière plus concrète, le PQ souhaite qu’un «rabais d’impôt de 15% sur les derniers 35 000$ de revenus» soit accordé aux travailleurs de 60 ans et plus, jusqu’à un maximum de 80 000$. Le parti demande également l’arrêt des cotisations au RRQ pour les personnes de 65 ans et plus, un «désincitatif au travail».
Fonds des générations
Les baisses d’impôts anticipées, qui pourraient être financées à même le Fonds des générations, ne font pas l’affaire des oppositions. Selon le PLQ, le gouvernement ferait fausse route si d’aventure, il emprunterait cette voie.
«Il y a 50G$ de plus qu’il faut trouver quelque part pour maintenir les services comme on les connaît maintenant dans l’avenir. Le Fonds des générations trouve toute sa logique dans l’observation de ce phénomène. Nous venons de déposer un projet de loi pour que la contribution au fonds soit pleine et maintenue jusqu’à ce que sa capitalisation atteigne 100G$ d’ici 2036. À 100G$, le Fonds ne sera plus une source de dépenses, mais plutôt une source de revenus», insiste Frédéric Beauchemin.
«L’argent doit être utilisé pour régler les dettes intergénérationnelles, qui est la dette climatique avant toute chose. C’est irresponsable d’utiliser cet argent pour des baisses d’impôt auxquelles les jeunes auront moins accès que les plus vieux. Je ne vois pas sous quel aspect comptable on pourrait croire que c’est une bonne utilisation de cet argent», se désole Haroun Bouazzi.
«Baisser les impôts à même le Fonds des générations, comme promet la CAQ, n’est pas responsable, dit Joël Arseneau. Au Parti Québécois, nous proposons de créer un “Fonds de transition juste” en rendant disponible 1G$ par année des versements du Fonds des générations. Cet argent servirait à s’attaquer à la crise climatique, pas à donner des baisses d’impôts aux plus riches comme le promet la CAQ.