Les premières émissions de cryptomonnaie n’auront pas été en vain
Alain McKenna|Publié le 05 mars 2020La particularité de l'Impak Coin est qu'il avait le feu vert de l'Autorité des marchés financiers (AMF) québécois. (Photo: courtoisie)
En 2017, Impak Finance a fait parler d’elle en procédant à une première émission de cryptomonnaie, une pratique qui a connu une popularité éphémère sur les talons de la bulle entourant le bitcoin. La particularité de l’Impak Coin est qu’il avait le feu vert de l’Autorité des marchés financiers (AMF) québécois, qui se préparait à une toute nouvelle formule de financement qui allait révolutionner la mobilité financière.
Disons qu’on en aura été quitte pour une période faste en projets parfois ambitieux, parfois carrément dingues, mais rarement menés à terme. Au moins deux de ces qualificatifs s’appliquent à Impak Finance, qui complète ces jours-ci le développement du projet lié à son projet de monnaie numérique: une application informant les utilisateurs sur les entreprises d’impact, des «entreprises à mission» qui contribuent volontairement plus de 50% de leur chiffre d’affaires à la résolution d’enjeux sociaux et environnementaux.
«C’est une technologie qui va rester, surtout avec les pays comme la Suède qui comptent lancer leur propre monnaie numérique. Mais nous, depuis le temps, on a fait un bon bout de chemin», raconte Paul Allard, PDG et cofondateur d’Impak Finance, en entrevue à notre balado Une Tasse de Tech.
Un bilan d’impact… financier
«Un bilan d’impact, je le crois, ce sera bientôt obligatoire auprès des entreprises comme le sont actuellement les rapports financiers trimestriels», avance Paul Allard. Ces derniers mois, celui-ci a surtout travaillé en Europe, où la réception pour son projet, celui de créer un processus d’évaluation des investissements à impact positif, tant au niveau social, qu’environnemental ou autre. À la fin février, Impak est d’ailleurs devenu le premier évaluateur pour ainsi dire reconnu pour établir un bilan d’impact du CAC 40, le principal indice de la Bourse de Paris.
Les entreprises composant cet indice sont donc scrutées par Impak, qui leur attribue une note sur 1000. «On a commencé à générer des revenus avec cette pratique, et c’est pour ça qu’on a travaillé sur cette portion de nos affaires. Nous sommes en quelque sorte le Moody’s ou le Fitch de l’investissement d’impact», explique M. Allard.
«En Europe, les gestionnaires de fonds et les investisseurs ont l’obligation de montrer l’Impact social et environnemental de leur portefeuille. Nous, ce qu’on apporte, c’est cette possibilité de fournir un bilan d’impact. On offre aux professionnels un vrai portrait de l’impact de ces sociétés, mais aussi une idée de leur trajectoire par rapport à cet impact.»
Ce mouvement d’investissement d’impact prend de l’ampleur partout sur la planète. Ça peut être abstrait et un peu flou, surtout que dans certains cas, ça manque d’encadrement. Pensons seulement aux fameux investissements à responsabilité «ESG» (environnement, social, gouvernance), qui peuvent parfois tomber dans l’écoblanchiment. «Il y en a, comme L’Oréal, qui ont un bilan pire que ce qu’elles projettent. D’autres, comme Renault, ont un bilan meilleur que ce qu’on peut croire», illustre l’homme d’affaires montréalais.
Pour faire la part des choses, Impak mise sur des standards qui éviteront de tomber dans ce panneau, dans sa propre évaluation d’impact. Ça tombe à pic, car les plus gros fonds d’investissement de la planète commencent à s’intéresser à ce mouvement, ne serait-ce que pour décarboniser leur portefeuille.
«Les firmes comme BlackRock et JPMorgan veulent identifier les entreprises qui vont dans la bonne direction, afin de les inclure dans leurs nouveaux produits, et dans leur nouveau modèle d’affaires.» La logique est simple: les bilans d’impact auront bientôt un… impact financier. «Demain, les entreprises qui présentent un bon bilan d’impact généreront de meilleurs rendements», promet Paul Allard.
Fidéliser l’achat responsable
Si vous pensez que tout ceci ne concerne que les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille, détrompez-vous. Impak proposera sous peu un outil pour le grand public, afin de l’aider à faire des choix plus responsables dans sa consommation au quotidien auprès d’entreprises d’impact. L’application en question est le fruit de cet appel à la monnaie numérique lancé en 2017, et a pris du temps à voir le jour, mais sera vraisemblablement mise en ligne avant la fin 2020.
«La société évolue souvent par réaction au mouvement citoyen. Notre appli offrira au consommateur un outil pour consommer et investir de façon responsable.» Impak intégrera également à son application un programme de fidélisation pour inciter les utilisateurs à dépenser leurs sous à la bonne place. Ça risque d’être compliqué à mettre en place, mais une telle mesure s’inscrit dans l’air du temps, d’autres startups ailleurs sur le continent ayant eu l’idée pour inciter le public à troquer la voiture pour l’autobus, à acheter local plutôt que des grandes chaînes, ainsi de suite.
«En 2020, on vit un changement systémique. On sous-évalue l’impact qu’on a sur notre environnement. C’est crucial qu’on réalise l’importance de cet impact», conclut M. Allard.
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