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Les principales attentes des milieux d’affaires pour le budget

Dominique Talbot|Publié le 20 mars 2023

Les principales attentes des milieux d’affaires pour le budget

(Photo: La Presse Canadienne)

BUDGET DU QUÉBEC. Les entreprises crient à l’aide, avec un taux de chômage autour de 4%, la pénurie de main-d’oeuvre est la principale préoccupation, et à quelques heures du dépôt du budget, les attentes des principales organisations économiques de la province sont élevées pour contrer les effets d’une démographie qui leur est défavorable. 

La pénurie de main-d’œuvre, fait valoir Karl Blackburn, président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), «fragilise les entreprises et alimente en même temps l’inflation. Toute initiative en matière de formation, de requalification et d’immigration donnerait de l’air aux employeurs».

Dans son mémoire présenté en janvier dernier dans le cadre des consultations prébudgétaires, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), par la voix de son président, Charles Milliard, fait remarquer que «le dernier budget n’incluait que très peu de mesures en main-d’œuvre pour l’ensemble des secteurs économiques du Québec.»

Ainsi, le patron de la FCCQ invite le gouvernement à adopter, entre autres, les «mesures nécessaires pour aider à la rétention des travailleurs expérimentés», en bonifiant le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière, en rendant «les cotisations à la RRQ facultatives pour les travailleurs de 65 ans et plus» tout en y rehaussant «à 62 ans l’âge minimal d’accès.»

La FCCQ presse aussi Québec «d’accélérer la réforme de l’immigration.» Même si cela ne représente pas la solution à tous les problèmes, l’Institut du Québec rappelle que dans la province, 78% des 15 à 64 ans sont en emplois, soit un taux plus élevé qu’avant la pandémie et qu’ailleurs au Canada. Autrement dit, la marge de manœuvre est mince dans la population en âge de travailler.

 

Fiscalité des entreprises

Aussi bousculées par l’inflation, la hausse des taux et l’incertitude économique grandissante, les entreprises souhaitent éviter «toute hausse de charge fiscale ou financière», fait quant à elle valoir la Chambre de commerce du Montréal métropolitain dans son mémoire prébudgétaire. «Celles-ci ont besoin d’être rassurées», soutient son président, Michel Leblanc.

Dans ses dernières statistiques budgétaires présentées en décembre dernier, Québec semblait d’ailleurs tabler sur une stagnation de ses revenus provenant de l’impôt des sociétés. Ceux-ci étaient de 12,6 G$ pour l’exercice 2022-2023. Par contre, même si des

baisses d’impôt sont à prévoir pour les particuliers, les sommes provenant de ce secteur des revenus autonomes du gouvernement devraient passer de 43,2 G$ en 2022-2023 à 45 G$ en 2023-2024.

«Il ne faut pas se mettre la tête dans la neige, le Québec est de loin l’endroit où la fiscalité pour les petites entreprises est la moins favorable du pays. Les PME ont des taxes sur la masse salariale 32% plus élevées ici qu’en Ontario et 8 autres provinces ont un taux d’impôt réduit plus bas qu’ici. Pourtant, baisser leur fiscalité leur permettrait d’investir dans leurs employés, en innovation et en productivité. Il est temps d’ouvrir un chantier pour améliorer l’environnement fiscal et aider la petite entreprise à devenir moyenne et ensuite grande», dit sans détour François Vincent, vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

 

L’innovation, génératrice de solutions

Soulignant les «objectifs ambitieux» du gouvernement en matière d’économie et d’environnement, la présidente et directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec, Véronique Proulx, espère voir dans le budget Girard une bonification des crédits d’impôt pour la recherche et le développement.

Mme Proulx demande également au ministre des Finances le prolongement de quatre ans du Programme d’aide financière à l’investissement pour les consommateurs au tarif L, de «revoir la déduction incitative pour la commercialisation des innovations» ainsi que le déploiement «de missions de veille technologique pour les PME manufacturières».

«Il y a lieu de fournir aux manufacturiers tous les leviers nécessaires afin qu’ils puissent augmenter leur compétitivité et bien soutenir notre économie. Cela passe par des mesures concrètes visant à stimuler la recherche et développement, à augmenter leur productivité ainsi qu’à leur donner accès à un plus grand bassin de travailleurs», exprime-t-elle.

Alors que les principales organisations économiques s’entendent pour demander de nouvelles mesures d’aides et d’accompagnement «efficaces» dans le cadre de la transition écologique, «placer l’innovation au centre du budget 2023-2024 serait un excellent signal que le gouvernement donnerait aux entreprises de la Capitale-Nationale, mais aussi de l’ensemble du Québec», dit quant à lui Steeve Lavoie, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec.

 

En chiffres

144,8 G$ Revenus consolidés du gouvernement en 2022-2023

147,7 G$ Prévisions de revenus consolidés pour 2023-2024

Source : Statistiques budgétaires du Québec — décembre 2022

 

Service de la dette : (pourcentage des revenus consolidés)

7,3% en 2022-2023

6,4% en 2023-2024

Source : Statistiques budgétaires du Québec — décembre 2022