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Les sciences de la vie ont le vent dans les voiles

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑novembre 2021

Les sciences de la vie ont le vent dans les voiles

(Photo: courtoisie)

PARCS INDUSTRIELS. Méconnu du grand public, le Technoparc Montréal est au coeur du regain de l’industrie des sciences de la vie au Québec. Environ 40 % des entreprises qui y sont installées se spécialisent en sciences de la vie et en pharmaceutique, ce qui en fait un lieu clé pour la recherche scientifique dans la province.

«La concentration d’entreprises dans le même domaine, c’est de la valeur ajoutée, précise Alain Bakayoko, directeur en commercialisation et en innovation pour les sciences de la vie et les technologies de la santé à PME MTL. C’est un argument pour attirer les gros joueurs comme les multinationales.»

C’est d’ailleurs ce qui a poussé la pharmaceutique danoise Lundbeck à déménager en 2016 son siège social canadien du centre-ville de Montréal vers le Technoparc, situé dans l’arrondissement de Saint-Laurent. C’était «une occasion de se positionner près des autres compagnies pharmaceutiques, et particulièrement plus près de notre partenaire commercial [la pharmaceutique japonaise] Otsuka», explique par courriel cette multinationale spécialisée dans les maladies du cerveau.

 

Les bénéfices du REM

Alain Bakayoko souligne que le Technoparc n’est pas vraiment en concurrence avec les autres pôles en sciences de la santé de la région, «qui ont chacun leurs particularités et qui se complètent. Le centre-ville a l’avantage de se trouver près des grands hôpitaux et des universités, alors que l’Ouest-de-l’Île accueille des sièges sociaux et des usines de fabrication», énumère-t-il.

«Technoparc Montréal ne peut pas s’alimenter seul, ajoute-t-il. Il a besoin des universités et des incubateurs, qui sont davantage au centre-ville.» À ce sujet, l’ouverture sur le site de la station Marie-Curie du Réseau express métropolitain (REM), prévue en 2024, constituera, à son avis, «un changement majeur en matière d’attractivité».

Cet avantage s’ajoutera aux facteurs géographiques pris en compte par les futurs occupants des lieux, comme ce fut le cas pour la PME suisse you-can.biz, qui offre des services de distribution de technologie médicale et de médicaments. «La proximité de l’aéroport est importante, note son directeur, Thomas Meier, qui a choisi le Technoparc en 2018.

Avec le REM, on sera plus proche du centre-ville, où se trouvent des clients.» Le tout en profitant d’un avantage non négligeable pour son personnel: la présence de grands espaces verts. «Cela a été pensé dès la création du Technoparc dans les années 1980, souligne sa directrice du développement des affaires et des relations publiques, Ludivine Félix. C’est un plus pour les entreprises, car leurs employés peuvent en profiter durant leurs pauses.»

 

Liste d’attente

Le coeur des activités en sciences de la vie au Technoparc est sans contredit adMare Bioinnovations, un organisme sans but lucratif financé par le public et le privé qui a pour objectif de promouvoir les biotechnologies.

Il a inauguré de nouveaux locaux de 50 000 pieds carrés en décembre 2020, ce qui porte la superficie totale de ses installations à 150 000 pieds carrés. Il y accueille des start-ups en leur fournissant une expertise scientifique et administrative, ainsi que du financement.

«Notre taux d’occupation est de 95 %, déclare Mounia Azzi, vice-présidente au développement des programmes et des partenariats à adMare. Les laboratoires sont complets et il y a une liste d’attente. Des compagnies viennent nous voir, mais malheureusement, on ne peut pas les accommoder.»

L’organisme accueille une vingtaine d’entreprises, qui peuvent profiter de services communs, comme une animalerie pour certaines expériences scientifiques et de l’analyse chimique pour les PME qui développent des molécules thérapeutiques. adMare organise aussi des formations en tout genre.

 

«Une base arrière de Boston»

Paraza Pharma est l’une des start-ups qui s’est développée au sein d’adMare. Cette PME centrée sur les analyses chimiques emploie plus de 200 personnes au Technoparc Montréal, mais aussi à Boston. 
«Nous voulons construire de nouvelles installations pour croître au Technoparc, annonce Arshad Siddiqui, président et fondateur de Paraza. Nous aimerions que l’édifice soit prêt en 2023.» 
Celui qui a vu l’industrie pharmaceutique s’effondrer au Québec il y a une dizaine d’années à cause de la fermeture des laboratoires de multinationales — dont celui d’AstraZeneca en 2012 — est très optimiste. «Il y a un boom des biotechnologies à Montréal, constate-t-il. Les investissements sont nombreux. Quand j’ai commencé en 2011, personne ne voulait venir au Technoparc, c’était désert. Maintenant, c’est l’endroit où être, car ça bouge beaucoup.» 
Aujourd’hui à la tête de la start-up Nimium Therapeutics, Philippe Walker était lui aussi présent durant cette époque creuse. C’est l’un des instigateurs de l’Institut Néomed, qui est devenu adMare en se fusionnant avec le Centre pour la recherche et développement des médicaments en 2019. 
«On a été en mesure de retenir l’expertise à Montréal avec une formule innovante, affirme-t-il. Le Technoparc est devenu un centre de recherche très significatif. On est une base arrière de Boston, avec des salaires beaucoup plus concurrentiels et des coûts d’exploitation plus faible.» Philippe Walker souligne la montée d’entreprises, comme Bellus Santé ou Repare Therapeutics, qui ont, selon lui, contribué à redynamiser cette industrie. 
Pour sa part, Alain Bakayoko estime que le Grand Montréal est bien placé pour atteindre l’objectif du gouvernement du Québec de se classer parmi les cinq plus grands pôles en sciences de la vie en Amérique du Nord d’ici 2027. «La tarte est assez grande pour la partager avec tous, renchérit Arshad Siddiqui. Lorsque des entreprises réussissent, les autres sentent qu’elles sont aussi capables.» 

Paraza Pharma est l’une des start-ups qui s’est développée au sein d’adMare. Cette PME centrée sur les analyses chimiques emploie plus de 200 personnes au Technoparc Montréal, mais aussi à Boston. 

«Nous voulons construire de nouvelles installations pour croître au Technoparc, annonce Arshad Siddiqui, président et fondateur de Paraza. Nous aimerions que l’édifice soit prêt en 2023.» 

Celui qui a vu l’industrie pharmaceutique s’effondrer au Québec il y a une dizaine d’années à cause de la fermeture des laboratoires de multinationales — dont celui d’AstraZeneca en 2012 — est très optimiste. «Il y a un boom des biotechnologies à Montréal, constate-t-il. Les investissements sont nombreux. Quand j’ai commencé en 2011, personne ne voulait venir au Technoparc, c’était désert. Maintenant, c’est l’endroit où être, car ça bouge beaucoup.» 

Aujourd’hui à la tête de la start-up Nimium Therapeutics, Philippe Walker était lui aussi présent durant cette époque creuse. C’est l’un des instigateurs de l’Institut Néomed, qui est devenu adMare en se fusionnant avec le Centre pour la recherche et développement des médicaments en 2019. 

«On a été en mesure de retenir l’expertise à Montréal avec une formule innovante, affirme-t-il. Le Technoparc est devenu un centre de recherche très significatif. On est une base arrière de Boston, avec des salaires beaucoup plus concurrentiels et des coûts d’exploitation plus faible.» Philippe Walker souligne la montée d’entreprises, comme Bellus Santé ou Repare Therapeutics, qui ont, selon lui, contribué à redynamiser cette industrie. 

Pour sa part, Alain Bakayoko estime que le Grand Montréal est bien placé pour atteindre l’objectif du gouvernement du Québec de se classer parmi les cinq plus grands pôles en sciences de la vie en Amérique du Nord d’ici 2027. «La tarte est assez grande pour la partager avec tous, renchérit Arshad Siddiqui. Lorsque des entreprises réussissent, les autres sentent qu’elles sont aussi capables.»