En 2017, la station du Mont Tremblant est devenue la première montagne de ski de la province à se doter d’une charte écoresponsable visant à mieux gérer ses matières premières et résiduelles en plus de réduire ses gaz à effet de serre. (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DU SKI. Depuis près de dix ans, une poignée de stations de ski au Québec font beaucoup plus que recycler. Elles cherchent le moyen de concilier développement économique et respect de l’environnement. Certaines s’imposent déjà comme des exemples à suivre.
« Ce n’est pas logique pour une industrie qui vit de la montagne et qui subit directement les effets des changements climatiques de ne pas être proactive », soutient la directrice des connaissances stratégiques et du développement durable de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ), Gabrielle Larose.
Au printemps dernier, l’ASSQ a justement invité une dizaine de stations (Mont-Sutton, Ski Mont-Rigaud, Station touristique Massif du Sud…) à se joindre au programme écoleaders, qu’elle dirige en collaboration avec l’agence montréalaise Ellio. « Notre intention est d’aider nos membres à mettre en place une démarche écoresponsable en fonction de leurs capacités et à devenir de meilleurs partenaires sociaux au sein de leur communauté », mentionne la gestionnaire.
Une charte qui change la donne
En attendant, la station Mont-Tremblant fait déjà figure de pionnière en matière de démarche en développement durable sur les pentes au Québec. En 2017, la destination est devenue la première montagne de ski de la province à se doter d’une charte écoresponsable visant à mieux gérer ses matières premières et résiduelles en plus de réduire ses gaz à effet de serre.
« La création de notre propre écocentre, qui sert à gérer l’ensemble des matières résiduelles de nos partenaires membres de l’Association de villégiature Tremblant, permet déjà de dévier plus de 35 % des matières qui se dirigeaient vers le site d’enfouissement », signale Nathalie Dandoy, directrice de l’entretien du site et des bâtiments et du développement durable de la station laurentienne.
Cette charte a également incité Mont-Tremblant à mettre en place un service d’accompagnement guidant les promoteurs d’événements afin qu’ils présentent des activités écoresponsables sur le site, poursuit la gestionnaire Dandoy. À titre d’exemple, la présentation de la Coupe du monde de slalom et de slalom géant féminin du 1er au 3 décembre (une première depuis plus de 31 ans au Québec), sera attestée selon la norme québécoise des événements responsables. À lui seul, l’événement nécessitera l’installation de 90 canons, dont 70 font partie de la nouvelle génération moins énergivore permettant la production de neige à des températures de -2°C et -3°C, précise la gestionnaire.
Déjà nantie du niveau 3 du programme Écoresponsable depuis mars 2021, la station travaille pour atteindre sa certification niveau 4. Ce qui constituerait une première dans l’industrie du ski.
Ski Mont-Orford, un autre leader
La Corporation Ski & Golf Mont-Orford, qui a entrepris sa démarche en développement durable en 2021, a, elle aussi, vu ses actions récompensées. En juin dernier, elle est devenue, la toute première station de ski au Québec à recevoir la certification « ICI on recycle + » de Recyc-Québe.
Et ce n’est pas fini. D’ici l’été 2025, la destination estrienne souhaite, entre autres, réduire de 95 % l’utilisation des plastiques no6 (notamment les ustensiles à usage unique, couvercles de verres à café jetables) en plus de remplacer les emballages destinés à l’enfouissement par des solutions recyclables ou compostables.
Mentionnons que l’équipe du Mont-Orford a fait appel à des étudiants de la maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke afin de dresser un bilan de ses émissions de gaz à effet de serre. Résultat : près de 85 % des GES proviennent des déplacements de la clientèle pour se rendre à la station de ski, souligne Valérie Collette, directrice du marketing et des communications de la corporation. La station, dit-elle, compte implanter, dès cette saison, des espaces pour le covoiturage (trois personnes et plus par véhicule) dans chacun de ses stationnements. Un projet de navette, reliant la ville de Sherbrooke et la station, figure également dans les plans.
Engagement social
« Le développement durable, c’est aussi l’engagement social de la station envers sa communauté », renchérit pour sa part Isabelle Vallée, cheffe des communications et des relations publiques du Massif de Charlevoix. Cette saison, le plus haut dénivelé de l’est du pays multiplie, une fois de plus, les initiatives pour resserrer les liens avec les Charlevoisiens, ses meilleurs ambassadeurs.
Parmi ses actions, la station propose notamment du ski au rabais un dimanche par année aux résidents de Petite-Rivière-Saint-François (un deuxième billet à 50 % à l’achat d’un billet régulier). La station concocte également des programmes particuliers avec les écoles de la région.
Mais l’une des formules les plus appréciées, soutient la porte-parole de la station, ce sont les jours de réciprocité d’abonnements avec la station Mont-Grand-Fonds, à La Malbaie. Pendant le mois de janvier, les détenteurs d’abonnement de l’une ou l’autre des deux stations charlevoisiennes peuvent changer de montagne sans frais.
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Du fumier énergisant
De l’autre côté de la frontière, dans les stations du Vermont, le développement durable passe, entre autres, par la diversification des sources d’énergie, notamment l’éolien et le solaire. Celle qui repousse les limites est sans contredit Killington. Depuis 2012, la station aux six sommets fait appel au « Cow Power ». Elle utilise du fumier de vaches laitières, gorgé de méthane, pour alimenter à 100 % la gondole K-1 Express et son Peak Lodge. Mentionnons que cette initiative est menée par le plus important distributeur d’électricité de l’État, Green Mountain Power, une filiale d’Énergir.