Les temps sont durs. Oui, mais on fait quoi maintenant?
Le courrier des lecteurs|Publié le 25 janvier 2023«Chaque entreprise doit exercer une pression sur les maillons de la chaîne qui refusent de corriger leurs méthodes.» (Photo: 123RF)
Un texte de Stéphanie Bernadet, PDG de Naturmania
COURRIER DES LECTEURS. Depuis que j’ai repris l’entreprise familiale, on dirait qu’on est au bord de la fin du monde ; pandémie, faillites, problèmes d’approvisionnement, fermetures d’usines, coût exorbitant des transports, isolement, changement drastique des méthodes de travail, mauvaise gestion des inventaires et changements climatiques. Et avec ces bouleversements viennent ces questions:
Comment assurer la survie de nos entreprises en temps extraordinaires?
Combien de temps cette période hors du commun va-t-elle durer?
Va-t-on, un jour, revenir à l’équilibre?
Est-on déjà dans une autre réalité?
Que nous réserve l’avenir?
Je crois qu’il est maintenant approprié de penser que le retour à la vie d’avant est utopique. Et il faudrait établir ceci: la vie d’avant quoi? Avant la pandémie? Avant la pénurie de main-d’œuvre? Avant l’avènement des achats massifs en ligne? Avant quoi, exactement?
Les statistiques nous le prédisaient depuis longtemps. On savait que la proportion des travailleurs allait diminuer. On savait que les employés allaient se faire de plus en plus rares. Comment est-ce que les entreprises se sont préparées à faire face à cette nouvelle courbe démographique? Avaient-elles prévu le coup en aménageant les tâches différemment, en robotisant les chaînes de production, en changeant leurs opérations pour absorber les impacts de cette nouvelle réalité de l’emploi?
Le commerce en ligne n’est pas une nouveauté! Amazon n’est pas apparu avec la pandémie! Est-ce que les entreprises étaient prêtes à assumer le service à cette nouvelle clientèle du web? Est-ce que leurs plateformes de ventes en ligne ont été optimisées? Quels efforts ont été déployés par ces entreprises pour prendre leur place dans l’océan numérique?
La mondialisation n’est pas non plus apparue il y a trois ans! En délocalisant les usines vers l’étranger, les entreprises se sont rendues vulnérables aux incidents d’ordre mondial. Elles ont également accepté de perdre de l’autonomie et de la capacité. Elles ont expatrié leur expertise, en même temps que leurs productions. Ont-elles prévu un plan B? Ont-elles réfléchi aux situations extraordinaires?
Quant aux changements climatiques, ils sont là pour rester! Les choses changent et les climats subissent de grands bouleversements. Qu’ont prévu les entreprises pour la suite? Quelles actions ont-elles prises, comme citoyen corporatif, pour diminuer les atteintes à notre planète? Quelles mesures ont-elles mises en application dans leurs opérations courantes pour diminuer leur empreinte écologique? À quel point sont-elles capables de se transformer pour assurer leur pérennité?
Beaucoup de questions et pas assez de réponses. On savait ce qui s’en venait. On n’a pas voulu le voir. On s’est dit qu’on allait réagir si ça tournait mal. Voilà gang: y’est trop tard! On est déjà dans le Ça tourne mal. On y est depuis quelques années maintenant. Et comme dans un film au ralenti, on attend l’impact. Je vois les entreprises faire des micro-ajustements pour maintenir les opérations en attendant que ça redevienne comme avant! C’est fini, comme avant! On passe à côté de la traque…
J’essaie de faire ce qui me semble correct et juste, mais je ne peux m’ajuster comme je le devrais si l’industrie, dans son entièreté, ne pose pas des actions globales pour changer les choses. Moi toute seule, je n’y arriverai pas. On doit le faire collectivement. Chaque entreprise doit exercer une pression sur les maillons de la chaîne qui refusent de corriger leurs méthodes.
On doit éduquer les consommateurs sur les changements qu’ils doivent apporter à leurs habitudes de consommation. On doit s’assurer que les gouvernements changent leurs stratégies pour protéger la population de crises encore plus importantes. Nous sommes tous impliqués, à tous les niveaux. Et nous devons faire ces choses ensemble. J’espère voir des gens ambitieux et courageux à la tête de nos institutions, pas juste innovants et motivés. Parce que les actions doivent être concrètes, et c’est en s’impliquant qu’on va y arriver!