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Les transactions industrielles dominent l’année 2023

Claudine Hébert|Édition de la mi‑Décembre 2023

GRANDS DE L'IMMOBILIER. Elles occupent les huit premières position du classement annuel.

GRANDS DE L’IMMOBILIER. Cette année, les transactions dans le secteur industriel dominent le classement des dix plus grandes transactions immobilières commerciales Les Affaires-JLR, en occupant les huit premières positions. Et l’année n’est pas encore terminée.

Des sources nous ont confirmé que trois immeubles appartenant au fabricant d’embarcations nautiques Pelican International, situés à Laval et à Varennes, pourraient trouver preneur au coût de 135 millions de dollars (M$) d’ici Noël. Pelican demeurerait locataire de deux d’entre eux.

Un vaste terrain à vocation industrielle situé sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal, serait également sur le point d’être vendu d’ici le 31 décembre pour une somme de 85 M$.

En d’autres mots, si l’une de ces deux ententes survient avant la Saint-Sylvestre, les dix transactions majeures en immobilier commercial de l’année 2023 au Québec ne mettront en vedette que des actifs à vocation industrielle. Une première dans l’immobilier commercial en territoire québécois.

Katherine Torres, économiste et analyste du marché immobilier à JLR solutions foncières, constate justement que l’activité immobilière industrielle a été très dynamique sur tous les plans au cours de la dernière année. « Le volume de transactions d’immeubles et de terrains industriels effectué partout en province n’a jamais été aussi élevé qu’en 2023 », observe-t-elle. Actuellement, ces actifs représentent près de 40 % de l’ensemble des transactions immobilières commerciales survenues au Québec depuis le mois de janvier. « Ce marché atteignait à peine 30 % il y a dix ans », souligne l’analyste.

Bye bye Summit

En attendant, pour une deuxième année consécutive, la transaction qui mène le bal de notre classement se calcule non seulement en milliards de dollars, mais atteint un montant jamais vu au pays. Le fonds souverain singapourien GIC et le fonds de placement immobilier Dream Industrial ont fait, en février dernier, l’acquisition du portefeuille du FPI Summit Industrial Income pour la somme de 5,9 milliards de dollars, dans un partenariat 90 %-10 %.

De cette transaction, qui totalise plus de 150 propriétés au pays, 21 immeubles avaient pignon sur rue au Québec, représentant une valeur de 731 M$. À lui seul, l’emblématique bâtiment du 2300, rue Émile-Bélanger, à Montréal (l’ancien siège social d’Aldo qu’occupe aujourd’hui le service de sécurité GardaWorld), a été évalué à 192 M$, soit l’équivalent de 258 $ le pied carré. Summit l’avait acheté pour la somme de 183,5 M$ deux ans plus tôt.

 

Le coup de circuit

L’un des meilleurs profits de l’année en immobilier commercial revient néanmoins à Quartier MC2, dont fait partie l’investisseur Luc Poirier. Le fabricant de batteries Northvolt a versé une somme de 240 M$ (deuxième transaction au tableau Les Affaires-JLR) pour acquérir le terrain de 18,5 millions de pieds carrés de l’entreprise qui chevauche les municipalités de Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. Les investisseurs avaient acquis cette superficie pour 20 M$ en 2015 dans le but d’en faire un projet résidentiel. Ils ont reçu l’équivalent de 13 $ le pied carré.

« Certes, l’appétit pour les actifs immobiliers industriels ne s’essouffle pas, mais les négociations prennent davantage de temps… et se complexifient », remarque Scott Speirs, vice-président exécutif au conseil de l’agence CBRE. Cette firme immobilière mondiale a supervisé la moitié des grandes transactions qui figurent au classement Les Affaires-JLR 2023, notamment les deux premières. « La hausse des intérêts a rendu les acheteurs plus nerveux. Les inspections, la quête de financement, les discussions… tout prend actuellement de deux à trois fois plus temps qu’il y a deux ans pour le même type de transaction », affirme cet expert immobilier. Ce qui ouvre la porte, estime-t-il, à des acheteurs plus opportunistes.

 

Et de quatre pour Groupe Mach!

Le Groupe Mach qui occupe, à titre d’acheteur, quatre des dix positions au classement en est un bel exemple. Outre l’acquisition de Place Marien, qui servait de centre de distribution pour le Groupe BMTC (113 M$), l’entreprise a investi 84 M$ dans un portefeuille de quatre immeubles de bureaux de classe A situés à Saint-Laurent, 80 M$ dans le centre commercial Beauport, à Québec, et 80 M$ dans l’acquisition de l’hôtel Intercontinental, à Montréal. Réalisées sous la barre des 100 M$, ces trois transactions complètent le tableau 2023. Pour le moment.

À ces emplettes s’ajoutent notamment des investissements majeurs de 277 M$ pour l’acquisition du One60 Elgin, à Ottawa, et de 160 M$ pour le complexe Atria, à Toronto. Deux immeubles de bureaux qui totalisent plus de deux millions de pieds carrés de superficie, souligne le PDG de Groupe Mach, Vincent Chiara. L’acquisition de l’immeuble au cœur de la capitale canadienne constitue le montant le plus cher payé pour une tour de bureaux au pays en 2023.

« Plusieurs diront que nous sommes courageux, même un peu agressifs dans le marché actuel. Qu’importe. Nous estimons que la valeur de nos nouvelles acquisitions est nettement inférieure au prix que nous avons payé. D’au moins 40 % », soutient le promoteur immobilier. Il estime qu’au-delà des bâtiments, ce sont d’abord et avant tout des terrains bien situés que son entreprise a acquis en 2023. L’avenir saura lui dire.