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CHRONIQUE. Le premier ministre François Legault le dit à qui veut l’entendre : pour enrichir le Québec, il faut créer des emplois payants — pas moins de 56 000$ par an, mais autant que possible 70 000$, 80 000$ et plus par an.
La création de richesse est certes plus complexe, mais sa formule relève de la communication efficace comme il sait la faire.
Des emplois à 80 000$ requièrent une productivité conséquente. Or, pour augmenter le nombre d’emplois payants, il ne suffit pas de créer de nouveaux emplois à 80 000$. Il faut aussi revaloriser des emplois existants en «emplois payants».
L’un et l’autre cas reposent sur des investissements en capital physique, technologique et humain qui haussent la productivité de la main-d’œuvre. Avantage non négligeable, ces investissements productifs sont essentiels à la résorption de la pénurie de main-d’œuvre actuelle.
En mars dernier, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal a publié une étude fort intéressante sur la performance des PME québécoises. Les auteurs (Jonathan Deslauriers, Robert Gagné et Jonathan Paré) ont trouvé un lien clair entre la formation générale des dirigeants de PME et la performance de leur entreprise : les entreprises dirigées par des diplômés universitaires croissent plus vite, sont plus innovantes et exportent davantage que celles dirigées par des diplômés du collégial ou du secondaire. Lorsqu’elles sont comparées aux PME dirigées par un titulaire de diplôme d’études secondaires, les PME dirigées par un diplômé universitaire seraient :
- 87% plus nombreuses à avoir adopté une technologie de pointe au cours des trois dernières années (30 % lorsqu’il s’agit d’un dirigeant ayant un diplôme d’études collégiales, techniques ou professionnelles) ;
- 44% plus nombreuses à avoir généré au moins une innovation au cours des trois dernières années (16 % lorsqu’il s’agit d’un dirigeant ayant un diplôme d’études collégiales, techniques ou professionnelles) ;
- Deux fois plus nombreuses à détenir une propriété intellectuelle (60 % lorsqu’il s’agit d’un dirigeant ayant un diplôme d’études collégiales, techniques ou professionnelles).
Toutes proportions gardées, l’Ontario compterait 40% plus de PME dirigées par des diplômés universitaires que le Québec. Cela, disent les auteurs, pourrait expliquer une partie de l’écart de productivité du Québec — et donc le persistant écart de richesse qui obsède à juste titre le premier ministre.
Les universités sont donc au cœur d’une solution pérenne à notre retard de productivité — et à la pénurie de main-d’œuvre. Sachant cela, le gouvernement du Québec, que ce soit par son ministère de l’Enseignement supérieur ou par celui de l’Économie et de l’Innovation, devrait intégrer le réseau universitaire québécois dans toute stratégie de croissance de la productivité.
Cela implique, bien sûr, de consacrer plus de ressources à la formation universitaire. Mais pas seulement. Il faut aussi appuyer davantage les incubateurs d’entreprises qu’abritent toutes les universités québécoises. Il faut enfin un meilleur arrimage entre les ministères économiques de l’État québécois et les universités du Québec.