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Jean-Paul Gagné

Droit au but

Jean-Paul Gagné

Analyse de la rédaction

Lettre ouverte au ministre des Finances du Québec

Jean-Paul Gagné|Édition de février 2020

Lettre ouverte au ministre des Finances du Québec

Monsieur Girard, permettez à l'humble citoyen que je suis d'ajouter certaines idées à votre réflexion. (Photo: Jérôme Lavallée)

CHRONIQUE. Monsieur le ministre,

Je suis conscient que vous avez déjà reçu 56 000 demandes et suggestions liées à la préparation de votre prochain budget.

Permettez toutefois aussi à l’humble citoyen que je suis d’ajouter certaines idées à votre réflexion.

Les impôts

Grâce aux surplus que vous a laissés le gouvernement Couillard et la bonne tenue de l’économie, vous avez déjà remis beaucoup d’argent dans le portefeuille des Québécois. Sans renoncer à alimenter le Fonds des générations, il faut maintenant utiliser la marge de manoeuvre à d’autres fins.

L’environnement

En plus d’élargir la consigne sur les contenants, vous devez vous attaquer à la réduction des gaz à effet de serre (GES). Puisque le transport est responsable de 43 % des GES que nous produisons, il faut agir sur plusieurs fronts : l’électrification des transports, la réduction de l’utilisation des énergies fossiles et la récupération du gaz naturel renouvelable.

Les infrastructures

Votre gouvernement a porté de 100 milliards de dollars à 115 G $ en dix ans le Plan québécois des infrastructures. C’est un minimum. Outre les investissements requis pour le transport collectif (lignes de métro, REM, tramways, voies réservées aux autobus) et certains grands chantiers à venir (pont-tunnel Hippolyte- Lafontaine, autoroute métropolitaine, troisième lien à Québec), les nouvelles écoles et les universités, il faut répondre aussi au manque d’espace dans les cégeps, un secteur négligé, et parer à l’immense déficit d’entretien des routes, des immeubles du secteur public et des infrastructures hydriques.

Les zones d’innovation

Alors que votre collègue Pierre Fitzgibbon planche sur les futures zones d’innovation promises par votre parti, vous devez débloquer des crédits à cette fin. Pour avoir un effet marquant et durable, les sommes requises doivent être importantes. Il faut privilégier des zones qui auront une masse critique significative de chercheurs et de sociétés disposant d’une bonne capacité d’investissement et d’innovation dans des secteurs stratégiques, au lieu de disperser de petites entités sans potentiel réel.

La productivité

Le déficit chronique dont souffre le Québec à cet égard est inacceptable. Vous avez accru l’amortissement fiscal des investissements en machinerie et en équipements, mais les PME investissent toujours très peu dans leur transformation numérique. Pourquoi ne pas introduire un incitatif fiscal pour les dépenses de salaires et de services-conseils engagées pour changer les procédés de production industrielle ?

La formation de la main-d’oeuvre

Vous devez savoir que la fameuse dépense obligatoire de 1 % de la masse salariale pour la formation professionnelle est une farce. Faites le ménage dans les dépenses admissibles comme les congrès et les colloques. Vous pourriez aussi créer un régime d’épargne pour la formation continue, comme le propose la Fédération des chambres de commerce.

L’emploi

Votre collègue Jean Boulet s’est montré très créatif dans la mise en place de mesures incitatives pour accroître l’offre de travail auprès des personnes âgées, handicapées, immigrantes, etc., mais il faut faire plus. En accroissant le taux d’emploi des Québécois âgés de 60 ans et plus au niveau de celui des Ontariens, on ajouterait 90 000 personnes sur le marché du travail.

L’immigration

Comme votre gouvernement est réticent à accroître le nombre d’immigrants, vous pourriez au moins ajouter des ressources pour leur enseigner le français et parfaire leur formation professionnelle.

Le logement

Alors que les taux d’inoccupation sont très bas (1,5 % à Montréal et à Gatineau, 1,1 % à Drummondville), que des citadins quittent pour la banlieue et que les régions souffrent d’une grave pénurie de logements pour les immigrants (pas étonnant que seulement 7 % s’y installent), il faut stimuler l’offre de logements abordables.

L’entrepreneuriat

Le taux de création de nouvelles entreprises au Québec est l’un des plus faibles du Canada. Il faut un meilleur soutien financier pour les nouveaux entrepreneurs, surtout dans les nouvelles technologies, et mieux soutenir les centres de transfert et les incubateurs.

La santé

Vous avez accru de 6,2 % le budget des services de santé, ce qui est très bien, mais il faut faire plus et mieux pour les soins à domicile et l’aide aux proches aidants, deux programmes qui coûtent moins cher que le maintien en CHSLD.

Les fondations des cégeps

Alors que les fondations des universités bénéficient de l’aide de l’État pour solliciter des dons, celles des cégeps n’en reçoivent aucune. Une petite mesure très peu coûteuse qui pourrait rapporter gros.

Bon succès dans les arbitrages que vous aurez à faire pour l’intérêt général.