ARCHITECTURE. Si l’architecture circulaire fait timidement sa place au Québec, le concept est déjà bien implanté de l’autre côté de l’Atlantique.
La conception circulaire est effectivement fortement promue en Europe. La Commission européenne a par exemple publié en 2020 un guide pour aider les différents acteurs du secteur du bâtiment à tendre vers cet idéal. En France, la nouvelle présidente de l’Ordre des architectes, Christine Leconte, n’hésite pas à prôner « une architecture qui fait mieux avec moins ».
Signe des temps, les lauréats du prix Pritzker 2021, surnommé le Nobel de l’architecture, sont d’ailleurs les architectes français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, qui conçoivent depuis plus de 30 ans des logements abordables dans des espaces déjà existants.
L’exemple belge
En Belgique, le concept d’architecture circulaire existe depuis plus de 10 ans, et sa pratique est « très soutenue par les autorités publiques, particulièrement dans le nord du pays et dans la région de la capitale [Bruxelles] », selon l’architecte et chercheuse Liesbet Temmerman, qui est également l’administratrice déléguée du Centre d’étude, de recherche et d’action en architecture (CERAA).
« On n’a pas encore d’obligation à construire circulaire, mais ça bouge énormément pour aider les professionnels à intégrer cette façon de penser dans la conception de leurs projets », fait-elle remarquer. Dans la capitale, par exemple, des formations sont données aux architectes par Bruxelles Environnement. « Celles-ci sont tenues par des précurseurs en la matière et elles sont extrêmement bon marché », précise Liesbet Temmerman.
Bruxelles a aussi implanté en 2016 un programme régional en économie circulaire, qui comprend un volet construction. « Il y a là-dedans un soutien financier pour les projets retenus dans le cadre des chantiers circulaires, mentionne l’architecte et chercheuse. Cet appel à projets permet de compenser le temps des entrepreneurs qui ont décidé de faire autrement. »
Les professionnels peuvent également visiter gratuitement des chantiers où des éléments circulaires sont mis en œuvre. Ils peuvent ainsi observer comment le réemploi des matériaux ou des bâtiments s’intègre dans les nouveaux développements. Selon Liesbet Temmerman, 85 % des permis d’urbanisme délivrés à Bruxelles portent d’ailleurs sur des rénovations. « La raison est très simple : on a très peu de terrains non construits », explique-t-elle.
Les autorités des trois régions de la Belgique utilisent en outre un logiciel, Totem, destiné à évaluer les répercussions environnementales d’un projet. Le CERAA espère pousser l’outil plus loin en évaluant désormais aussi la circularité. « La base de données lancée cet automne observe la réversibilité et la robustesse des matériaux, la difficulté du réemploi, le potentiel de recyclage… Le but est de sensibiliser les gens à la question, rappelle son administratrice. On veut éventuellement intégrer l’évaluation quantifiée de la circularité à l’échelle européenne. »
Deux projets inspirants
Ce ne sont pas les projets d’architecture circulaire qui manquent en Europe, mais deux réalisés dans les dernières années se démarquent particulièrement.
- Resource Rows : faire du neuf avec du vieux
Lorsqu’on demande à Bruno Demers, directeur général d’Architecture sans frontières Québec, de nommer des projets d’architecture circulaire inspirants, son regard se tourne notamment vers le Danemark. « L’entreprise danoise Lendager Group réutilise non seulement la brique, mais des pans entiers de murs de brique pour créer des mosaïques », souligne-t-il.
Le projet résidentiel Resource Rows, à la périphérie de Copenhague, illustre bien cette récupération originale. La façade du complexe de 92 logements se compose de panneaux de trois mètres carrés provenant de trois bâtiments abandonnés. Le résultat semble presque tricoté en raison de leur texture et de leur agencement.
En plus des briques pour la façade, les matériaux recyclés comprennent l’aluminium et le bois pour les planchers, les terrasses, les balcons et les cadres de fenêtres. Les serres sur le toit sont fabriquées à partir de verre et de cadres de fenêtres récupérés. Même le pont en acier qui relie les deux terrasses en est à sa deuxième vie.
- Tour à plomb : rénover sans aucune nouvelle brique
Soixante mètres cubes de briques, 20 mètres carrés de voûtes en briques aussi, 60 mètres carrés de planchers, 9 poutres massives en bois et 10 mètres cubes de pierres bleues : c’est l’inventaire impressionnant de matériaux récupérés « in situ » et réutilisés dans la transformation de la Tour à plomb de Bruxelles. L’ancienne fonderie datant du 19e siècle, témoin de l’époque industrielle, abrite désormais un centre culturel et sportif.
Pour garder une trace du passé, l’extérieur du bâtiment a été conservé presque entièrement par le Bureau d’engineering et d’architecture industrielle (BEAI) et l’entrepreneur Jacques Delens. S’il a fallu prendre du temps pour les démonter et les nettoyer, les briques du site ont été suffisantes pour réaliser l’ensemble des nouvelles maçonneries. Les bancs et le bar extérieur ont pour leur part été façonnés dans les poutres trouvées sur place.
Si l’architecture circulaire fait timidement sa place au Québec, le concept est déjà bien implanté de l’autre côté de l’Atlantique.
La conception circulaire est effectivement fortement promue en Europe. La Commission européenne a par exemple publié en 2020 un guide pour aider les différents acteurs du secteur du bâtiment à tendre vers cet idéal. En France, la nouvelle présidente de l’Ordre des architectes, Christine Leconte, n’hésite pas à prôner « une architecture qui fait mieux avec moins ».
Signe des temps, les lauréats du prix Pritzker 2021, surnommé le Nobel de l’architecture, sont d’ailleurs les architectes français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, qui conçoivent depuis plus de 30 ans des logements abordables dans des espaces déjà existants.
L’exemple belge
En Belgique, le concept d’architecture circulaire existe depuis plus de 10 ans, et sa pratique est « très soutenue par les autorités publiques, particulièrement dans le nord du pays et dans la région de la capitale [Bruxelles] », selon l’architecte et chercheuse Liesbet Temmerman, qui est également l’administratrice déléguée du Centre d’étude, de recherche et d’action en architecture (CERAA).
« On n’a pas encore d’obligation à construire circulaire, mais ça bouge énormément pour aider les professionnels à intégrer cette façon de penser dans la conception de leurs projets », fait-elle remarquer. Dans la capitale, par exemple, des formations sont données aux architectes par Bruxelles Environnement. « Celles-ci sont tenues par des précurseurs en la matière et elles sont extrêmement bon marché », précise Liesbet Temmerman.
Bruxelles a aussi implanté en 2016 un programme régional en économie circulaire, qui comprend un volet construction. « Il y a là-dedans un soutien financier pour les projets retenus dans le cadre des chantiers circulaires, mentionne l’architecte et chercheuse. Cet appel à projets permet de compenser le temps des entrepreneurs qui ont décidé de faire autrement. »
Les professionnels peuvent également visiter gratuitement des chantiers où des éléments circulaires sont mis en œuvre. Ils peuvent ainsi observer comment le réemploi des matériaux ou des bâtiments s’intègre dans les nouveaux développements. Selon Liesbet Temmerman, 85 % des permis d’urbanisme délivrés à Bruxelles portent d’ailleurs sur des rénovations. « La raison est très simple : on a très peu de terrains non construits », explique-t-elle.
Les autorités des trois régions de la Belgique utilisent en outre un logiciel, Totem, destiné à évaluer les répercussions environnementales d’un projet. Le CERAA espère pousser l’outil plus loin en évaluant désormais aussi la circularité. « La base de données lancée cet automne observe la réversibilité et la robustesse des matériaux, la difficulté du réemploi, le potentiel de recyclage… Le but est de sensibiliser les gens à la question, rappelle son administratrice. On veut éventuellement intégrer l’évaluation quantifiée de la circularité à l’échelle européenne. »
Deux projets inspirants
Ce ne sont pas les projets d’architecture circulaire qui manquent en Europe, mais deux réalisés dans les dernières années se démarquent particulièrement.
Resource Rows : faire du neuf avec du vieux
Lorsqu’on demande à Bruno Demers, directeur général d’Architecture sans frontières Québec, de nommer des projets d’architecture circulaire inspirants, son regard se tourne notamment vers le Danemark. « L’entreprise danoise Lendager Group réutilise non seulement la brique, mais des pans entiers de murs de brique pour créer des mosaïques », souligne-t-il.
Le projet résidentiel Resource Rows, à la périphérie de Copenhague, illustre bien cette récupération originale. La façade du complexe de 92 logements se compose de panneaux de trois mètres carrés provenant de trois bâtiments abandonnés. Le résultat semble presque tricoté en raison de leur texture et de leur agencement.
En plus des briques pour la façade, les matériaux recyclés comprennent l’aluminium et le bois pour les planchers, les terrasses, les balcons et les cadres de fenêtres. Les serres sur le toit sont fabriquées à partir de verre et de cadres de fenêtres récupérés. Même le pont en acier qui relie les deux terrasses en est à sa deuxième vie.
Tour à plomb : rénover sans aucune nouvelle brique
Soixante mètres cubes de briques, 20 mètres carrés de voûtes en briques aussi, 60 mètres carrés de planchers, 9 poutres massives en bois et 10 mètres cubes de pierres bleues : c’est l’inventaire impressionnant de matériaux récupérés « in situ » et réutilisés dans la transformation de la Tour à plomb de Bruxelles. L’ancienne fonderie datant du 19e siècle, témoin de l’époque industrielle, abrite désormais un centre culturel et sportif.
Pour garder une trace du passé, l’extérieur du bâtiment a été conservé presque entièrement par le Bureau d’engineering et d’architecture industrielle (BEAI) et l’entrepreneur Jacques Delens. S’il a fallu prendre du temps pour les démonter et les nettoyer, les briques du site ont été suffisantes pour réaliser l’ensemble des nouvelles maçonneries. Les bancs et le bar extérieur ont pour leur part été façonnés dans les poutres trouvées sur place.
-30-Si l’architecture circulaire fait timidement sa place au Québec, le concept est déjà bien implanté de l’autre côté de l’Atlantique.
La conception circulaire est effectivement fortement promue en Europe. La Commission européenne a par exemple publié en 2020 un guide pour aider les différents acteurs du secteur du bâtiment à tendre vers cet idéal. En France, la nouvelle présidente de l’Ordre des architectes, Christine Leconte, n’hésite pas à prôner « une architecture qui fait mieux avec moins ».
Signe des temps, les lauréats du prix Pritzker 2021, surnommé le Nobel de l’architecture, sont d’ailleurs les architectes français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, qui conçoivent depuis plus de 30 ans des logements abordables dans des espaces déjà existants.
L’exemple belge
En Belgique, le concept d’architecture circulaire existe depuis plus de 10 ans, et sa pratique est « très soutenue par les autorités publiques, particulièrement dans le nord du pays et dans la région de la capitale [Bruxelles] », selon l’architecte et chercheuse Liesbet Temmerman, qui est également l’administratrice déléguée du Centre d’étude, de recherche et d’action en architecture (CERAA).
« On n’a pas encore d’obligation à construire circulaire, mais ça bouge énormément pour aider les professionnels à intégrer cette façon de penser dans la conception de leurs projets », fait-elle remarquer. Dans la capitale, par exemple, des formations sont données aux architectes par Bruxelles Environnement. « Celles-ci sont tenues par des précurseurs en la matière et elles sont extrêmement bon marché », précise Liesbet Temmerman.
Bruxelles a aussi implanté en 2016 un programme régional en économie circulaire, qui comprend un volet construction. « Il y a là-dedans un soutien financier pour les projets retenus dans le cadre des chantiers circulaires, mentionne l’architecte et chercheuse. Cet appel à projets permet de compenser le temps des entrepreneurs qui ont décidé de faire autrement. »
Les professionnels peuvent également visiter gratuitement des chantiers où des éléments circulaires sont mis en œuvre. Ils peuvent ainsi observer comment le réemploi des matériaux ou des bâtiments s’intègre dans les nouveaux développements. Selon Liesbet Temmerman, 85 % des permis d’urbanisme délivrés à Bruxelles portent d’ailleurs sur des rénovations. « La raison est très simple : on a très peu de terrains non construits », explique-t-elle.
Les autorités des trois régions de la Belgique utilisent en outre un logiciel, Totem, destiné à évaluer les répercussions environnementales d’un projet. Le CERAA espère pousser l’outil plus loin en évaluant désormais aussi la circularité. « La base de données lancée cet automne observe la réversibilité et la robustesse des matériaux, la difficulté du réemploi, le potentiel de recyclage… Le but est de sensibiliser les gens à la question, rappelle son administratrice. On veut éventuellement intégrer l’évaluation quantifiée de la circularité à l’échelle européenne. »
Deux projets inspirants
Ce ne sont pas les projets d’architecture circulaire qui manquent en Europe, mais deux réalisés dans les dernières années se démarquent particulièrement.
Resource Rows : faire du neuf avec du vieux
Lorsqu’on demande à Bruno Demers, directeur général d’Architecture sans frontières Québec, de nommer des projets d’architecture circulaire inspirants, son regard se tourne notamment vers le Danemark. « L’entreprise danoise Lendager Group réutilise non seulement la brique, mais des pans entiers de murs de brique pour créer des mosaïques », souligne-t-il.
Le projet résidentiel Resource Rows, à la périphérie de Copenhague, illustre bien cette récupération originale. La façade du complexe de 92 logements se compose de panneaux de trois mètres carrés provenant de trois bâtiments abandonnés. Le résultat semble presque tricoté en raison de leur texture et de leur agencement.
En plus des briques pour la façade, les matériaux recyclés comprennent l’aluminium et le bois pour les planchers, les terrasses, les balcons et les cadres de fenêtres. Les serres sur le toit sont fabriquées à partir de verre et de cadres de fenêtres récupérés. Même le pont en acier qui relie les deux terrasses en est à sa deuxième vie.
Tour à plomb : rénover sans aucune nouvelle brique
Soixante mètres cubes de briques, 20 mètres carrés de voûtes en briques aussi, 60 mètres carrés de planchers, 9 poutres massives en bois et 10 mètres cubes de pierres bleues : c’est l’inventaire impressionnant de matériaux récupérés « in situ » et réutilisés dans la transformation de la Tour à plomb de Bruxelles. L’ancienne fonderie datant du 19e siècle, témoin de l’époque industrielle, abrite désormais un centre culturel et sportif.
Pour garder une trace du passé, l’extérieur du bâtiment a été conservé presque entièrement par le Bureau d’engineering et d’architecture industrielle (BEAI) et l’entrepreneur Jacques Delens. S’il a fallu prendre du temps pour les démonter et les nettoyer, les briques du site ont été suffisantes pour réaliser l’ensemble des nouvelles maçonneries. Les bancs et le bar extérieur ont pour leur part été façonnés dans les poutres trouvées sur place.
-30-