Sources : U.S. Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
SIGNAUX FORTS. L’actualité économique demeure dominée par la pandémie de COVID-19. La deuxième vague aura finalement été très difficile à maîtriser et plusieurs pays ont enregistré, au tournant de l’année, un nombre de cas journaliers et même de décès encore plus importants qu’au printemps dernier. Une certaine accalmie commence à être perceptible à plusieurs endroits dans le monde, dont au Québec, mais il est trop tôt pour crier victoire, particulièrement étant donné l’apparition de nouveaux variants inquiétants. Comme nous l’espérions, l’activité économique est toutefois beaucoup moins affectée que lors de la première vague.
Une estimation préliminaire de Statistique Canada montre ainsi que l’économie canadienne a poursuivi sa reprise au cours des derniers mois de 2020 et terminé l’année avec une croissance annualisée robuste de près de 8 % au quatrième trimestre. Les secteurs touchés directement par le confinement, dont la restauration et les loisirs, connaissent d’importantes difficultés, mais les autres secteurs semblent s’être adaptés rapidement et continuent de faire preuve d’une grande vigueur. Cette résilience des principales économies, tout comme le rebond spectaculaire de l’activité après l’effondrement du printemps dernier, n’aurait pas été possible sans les actions sans précédent mises en place par les gouvernements et les banques centrales. Un retrait trop rapide des mesures de soutien pour les ménages, les entreprises et les marchés financiers pourrait avoir des conséquences économiques graves.
Ce risque paraît très faible à court terme. Partout sur la planète, les gouvernements et les banques centrales gardent une approche très interventionniste. La Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine (Fed) se sont même engagées à maintenir leurs taux directeurs au plancher tant que la reprise économique ne sera pas terminée. Les politiciens américains se sont entendus, à la fin de 2020, sur un nouveau programme de soutien, et le nouveau gouvernement Biden semble déterminé à mettre bientôt en place un programme de relance économique beaucoup plus ambitieux. Au Canada, le gouvernement fédéral s’est aussi déjà engagé à présenter un important programme de relance dans son prochain budget.
Il y a donc une intention claire des autorités à maintenir des politiques monétaire et budgétaire très expansionnistes pour plusieurs années. Cela pourrait se traduire par une longue période de croissance robuste une fois la crise sanitaire terminée. Un tel scénario suppose toutefois que l’inflation demeurera maîtrisée à moyen terme. Une poussée trop forte de l’inflation forcerait les banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires, et l’augmentation des taux obligataires qui en résulterait mettrait des pressions importantes sur les finances publiques. Les perspectives de croissance économique à moyen terme deviendraient alors beaucoup plus modestes.
Étant donné l’énorme influence de la Fed sur les marchés financiers internationaux, il faudra particulièrement surveiller l’évolution de l’inflation aux États-Unis. Après une longue période d’inflation faible et alors que des millions d’Américains demeurent sans emploi à la suite de la crise sanitaire, la Fed accueillerait favorablement une augmentation graduelle de l’inflation au cours des prochains mois. Elle ne pourrait toutefois pas ignorer de véritables signes d’une surchauffe de l’économie ou d’un «désancrage»des attentes d’inflation. Une telle surchauffe n’est pas impossible une fois que la pandémie sera derrière nous, particulièrement si les ménages décidaient de dépenser rapidement les importantes sommes épargnées pendant la crise.
La forte croissance déjà observée des prix des maisons et des prix de plusieurs matières premières pourrait ainsi présager une hausse plus généralisée des prix si les politiques monétaire et budgétaire vont trop loin dans leurs efforts pour stimuler l’activité économique.