L'un des principaux obstacles à la croissance des PME est le manque de conscience de soi, c'est-à-dire des forces et des faiblesses de l'entreprise. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Depuis plus de 7 ans maintenant, j’aide les entrepreneurs et leurs équipes à évoluer leur cadre de gestion dans le but de les propulser vers leur prochaine phase de croissance. À ma grande surprise, j’ai constaté qu’un des principaux obstacles au développement et à la croissance des PME est l’incapacité de celles-ci à se regarder dans le miroir.
Bien se connaître fait partie des défis que tout leader ou entreprise doit relever pour se dépasser. Dans une étude sur le rendement de 486 sociétés cotées en bourse, Korn/Ferry International a constaté que les entreprises ayant de solides performances financières ont tendance à avoir des employés ayant des niveaux de conscience de soi plus élevés que les entreprises peu performantes.
Dans son livre « Emotional Intelligence« , Daniel Goleman fait référence à la conscience de soi comme la première étape pour qu’un leader puisse développer son intelligence émotionnelle. Elle permet au leader de bâtir sur ses forces, de les mettre en valeur et de limiter l’impact de ses faiblesses en s’entourant de gens meilleurs que soi. C’est un facteur déterminant dans la capacité de bâtir une équipe forte, engagée et proactive qui permet au leader de travailler sur son entreprise plutôt que dans son entreprise. Ce recul permet la bonne prise de décisions et ouvre la porte à identifier les vraies priorités.
On remarque le même défi en entreprise. L’intelligence organisationnelle d’une entreprise passe par sa capacité de reconnaître ses forces et faiblesses, à identifier et exploiter les opportunités et éviter les risques d’affaires. L’encouragement de la tenue de débats rigoureux basés sur les faits et d’une culture de mesure performante permet à l’organisation d’améliorer ses capacités et d’optimiser l’allocation de ses ressources en fonctions d’objectifs priorisés.
Or, dans les faits, selon une étude réalisée par Tasha Eurich, PhD, et publiée dans le Harvard Business School (HBR), même si la plupart des gens croient qu’ils sont conscients de soi, seulement 10% à 15% des personnes étudiées correspondent réellement aux critères. Elle constate aussi que plus un leader a du pouvoir, plus il est susceptible de surestimer ses compétences et ses capacités. De plus, selon notre expérience, ce contexte amplifie et perpétue la présence de croyances limitatives, ce qui a un impact direct sur la capacité d’exécuter et de grandir des entreprises.
Ne pas rester seul au sommet
Si les bénéfices de la conscience de soi sont si grands, alors pourquoi observons-nous un faible niveau de conscience chez les entrepreneurs et les équipes de direction?
Les deux premiers facteurs qui expliquent ce phénomène sont l’isolement et la peur. Plus un leader est proche du sommet, plus il est seul, et plus un leader est isolé de ses équipes, plus celles-ci craignent d’exprimer les faits et la vérité par crainte de représailles.
Pour surmonter ce défi, Jack Welch, ancien PDG de General Electric, fait même appel aux leaders d’être les «Chief People Officers» de leur entreprise. En pratique, il encourage ceux-ci à parler avec leurs gens et se rendre accessibles à ceux-ci. «Il faut solliciter fréquemment et accueillir ouvertement la critique (de la part des patrons, des pairs, des employés, du conseil d’administration, etc.), et porter attention aux commentaires de critiques aimants — c’est-à-dire des gens qui ont votre intérêt supérieur en tête et qui sont prêts à vous dire la vérité».
Si vous pensez que votre entreprise a le potentiel de gagner en intelligence organisationnelle, essayez ce petit exercice conçu pour injecter de la conscience dans le soi de votre entreprise :
1. Demandez à chacun d’écrire :
- La mission de l’entreprise
- Le top 5 des enjeux dans l’entreprise
- La mission de leur département
- Le top 5 des enjeux dans leur département
- Les 3 à 5 objectifs pour leur département au cours de la prochaine année
2. Présentez à tour de rôle et échangez de façon constructive.
3. Consolidez ceux-ci en un top 5 des enjeux d’entreprise pour obtenir consensus.
4. Réalignez les objectifs de chacun pour désamorcer ces enjeux.
5. Mesurez à tous les mois la réalisation des objectifs et constatez la disparition des enjeux.
6. Célébrez vos succès et répétez l’exercice chaque année.
Et n’oubliez pas de me donner des nouvelles sur vos efforts d’élever votre niveau de conscience.