Gilles Desjardins, fondateur et président de Brigil (Photo: courtoisie)
Un texte de Gilles Desjardins, fondateur et président de Brigil depuis 1985
COURRIER DES LECTEURS. Pouvoir travailler, se divertir, prendre un café ou un repas et faire ses courses à deux pas de notre domicile semble trop beau pour être vrai? Ne pas avoir à utiliser votre voiture quotidiennement relève de la pensée magique? Croiser vos voisins sur une rue animée vous emballe? Tout cela est possible grâce à un concept simple, mais encore mal compris – la densification urbaine.
Ce concept est d’actualité depuis maintenant quelques mois au Québec. Bien réalisé, il peut être une réponse efficace aux défis de l’aménagement urbain. Communément appelé «Les quartiers 15 minutes», ce type de développement urbain mérite amplement de retenir notre attention et qu’on l’explique. C’est l’avenir de nos grandes villes qui se dessine entre ces mots.
Les économistes, les planificateurs urbains et les environnementalistes sont unanimes: ce concept devrait servir de modèle dans la conception de nouveaux quartiers ou dans la reconfiguration de secteurs existants. Permettre à des gens de se sentir parties prenantes d’une communauté, de pouvoir se côtoyer, d’y travailler et de s’y loger est une façon moderne de cohabiter dans une ville.
Une saine densification permettra à plus de projets domiciliaires de voir le jour. D’ailleurs, les principes de densification dépassent largement la simple construction d’édifices en hauteur. Densifier une ville se décline en plusieurs volets:
- Permettre à des gens de vivre en milieu urbain tout en réduisant leur empreinte environnementale;
- Favoriser la mixité d’usages;
- Créer des espaces économiques vibrants où les commerces et les services peuvent prospérer;
- Protéger les espaces verts urbains;
- Offrir un milieu de vie à échelle humaine contribuant à un fort sens de la communauté;
- Maximiser l’utilisation des services publics municipaux et provinciaux.
Prenons à témoin un type d’habitation que nous proposons, qui compte 82 unités sur 4 étages. Il est possible d’y loger 82 personnes (minimum) sur un terrain de 25 800 pieds carrés. Loger ces mêmes 82 personnes dans des maisons de ville requiert 4 fois plus de terrains qu’un bâtiment de 4 étages, soit 103 000 pieds carrés. Et pour construire des maisons unifamiliales, il faudrait un terrain 6 fois plus grand, soit de 145 000 pieds carrés. La densification permet à l’évidence de réduire l’empreinte environnementale.
Imaginez maintenant si, par malheur, les maisons unifamiliales nécessaires pour loger ces mêmes 82 personnes étaient construites en périphérie de la ville de Gatineau, contribuant au phénomène peu souhaitable de l’étalement urbain qui frappe déjà durement la région de l’Outaouais. Le recours obligatoire à la voiture, la pression sociale pour l’obtention de nouveaux services publics tels une école primaire, un CPE ou un CLSC ainsi que la déforestation inévitable ne sont que quelques effets néfastes découlant du phénomène d’étalement.
Rappelons-nous qu’à chaque fois qu’une maison unifamiliale se construit en banlieue, c’est environ 1 acre de terrain qui est sacrifié. Mille maisons nécessitent donc près de 43 000 000 pieds carrés d’espace, ce qui représente l’équivalent de 490 terrains de football. Combien de terres allons-nous sacrifier? Combien d’arbres allons-nous abattre? Combien de routes allons-nous devoir construire avant de réaliser que ce type de développement est néfaste pour notre environnement?
De plus, rares sont les jours où la pénurie de logements à Gatineau ne fait pas les manchettes. L’APCHQ estime qu’il manque environ 100 000 logements au Québec: avec son faible taux d’inoccupation, Gatineau pourrait donner pignon sur rue à plusieurs milliers de ces logements additionnels.
Tout ceci sans compter la question de l’accessibilité au logement. Plus le temps passe et plus l’accessibilité est réduite par la hausse des coûts de construction, la hausse des taux d’intérêt, la pénurie de main-d’œuvre et de matériaux de construction, les délais administratifs, etc. Résultat: moins de logements et des logements plus chers.
Nous subissons actuellement les répercussions de nos choix et de nos hésitations du passé. Devant cette situation que plusieurs qualifient de «crise du logement», nous devons nous unir pour adopter une approche innovatrice et durable, porteuse d’avenir et respectueuse de notre environnement.
Passons à l’action et jetons les bases d’un partenariat citoyen entre l’administration municipale et les constructeurs qui sont prêts à investir dans ce futur qui cogne à nos portes.