Un esprit collectif est de loin supérieur à un esprit individuel pour aider les organisations à surmonter les crises. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Notre modèle de société fait une grande place à l’individu, ce qui a des côtés positifs. Aussi, il vous semblera paradoxal qu’un jeune représentant patronal fasse un plaidoyer presque anachronique en faveur du «nous». Pourtant, je persiste et je signe, car un esprit collectif est de loin supérieur à un esprit individuel pour aider les organisations à surmonter les crises.
En politique comme en affaires ou en société, il est facile de jalouser, d’avoir du ressentiment, voire parfois de détester. C’est dans la nature humaine, comme le disait tristement le philosophe britannique Thomas Hobbes avec sa fameuse formule «l’homme est un loup pour l’homme».
En revanche, cela prend la force de la raison pour user de tempérance et de bonté.
Heureusement, la violence d’aujourd’hui a relativement moins à voir avec celle du passé, du moins en Occident. De la prévalence de la violence physique, nous sommes passés à des violences morales ou autres.
Pensons seulement à l’intimidation ou au déclin de la charité dans le quotidien.
Aujourd’hui, le mal de notre société réside davantage dans les excès individualistes qui nous empêchent de penser de manière collective.
Bref, de réfléchir comme une réelle communauté et une société soudée.
Pourtant, aussi bien les penseurs que les expériences historiques nous ont transmis des enseignements dont nous ne devrions pas faire abstraction en raison de notre propre vanité.
Lorsque chacun tire la couverture de son bord, il est évident que nous ne pouvons pas concrètement et durablement s’attaquer à l’ensemble des défis sociaux, politiques, économiques et environnementaux de notre temps.
Il faut dépasser nos intérêts partisans
En tant que société, comment faire face à la crise climatique?
En tant qu’économie, comment faire face à la pénurie de main-d’œuvre?
En tant que démocratie, comment dépasser les enjeux institutionnels?
Je ne vois qu’une seule réponse : le «nous».
Le «nous» consiste à comprendre que nous n’avons pas toujours la bonne réponse seul dans notre coin.
Le «nous» consiste à comprendre que la défense féroce et aveugle d’intérêts purement partisans est un cancer.
Le «nous» consiste à avoir l’humilité de reconnaître que de meilleures solutions existent.
Les contre-exemples sont malheureusement trop nombreux.
Lorsqu’une ou plusieurs entreprises polluantes s’opposent à des mesures visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, «nous» ne pouvons pas réellement combattre la crise climatique.
Lorsqu’une association syndicale ou un ordre professionnel s’oppose à des changements dans la fonction publique ou dans le système de santé qui menacent des postes à court ou moyen terme, «nous» perdons en efficacité financière et administrative.
Lorsqu’un ou plusieurs partis politiques font de l’obstruction parlementaire par pur clientélisme, «nous» subissons le détournement de la démocratie.
Ces mises en situation illustrent parfaitement le dévoiement des fondations et de l’essence même de ces organisations.
Par partisanerie.
Par égoïsme.
Revenir à l’esprit du Contrat social
Notre modèle démocratique est en grande partie l’héritier de la vision rousseauiste du Contrat social, le grand classique du philosophe suisse Jean-Jacques Rousseau.
Rousseau faisait justement la distinction entre la volonté générale, qui correspond à des choix concertés et collectifs des citoyens, et la volonté de tous, qui correspond à l’empilement d’intérêts purement individualistes et égoïstes.
Actuellement, il semble que nous versions davantage dans la volonté de tous.
Espérons que nous réussirons ensemble à déplacer le curseur vers la volonté générale.
La tempérance a bien meilleur goût.
Pour la société et les entreprises.